Violences faites aux femmes : « Le deuxième combat » de Cédric Doumbè 

engagement Après avoir infligé un K.-O. spectaculaire à son compatriote Jordan Zebo samedi soir au Zénith de Paris, le combattant de MMA a pris position contre les violences faites aux femmes, trois ans après avoir été ambassadeur de cette lutte

Octave Odola
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Le champion de MMA Cédric Doumbè lors de son combat pour l'organisation américaine PFL, samedi 30 septembre au Zénith de Paris.
Le champion de MMA Cédric Doumbè lors de son combat pour l'organisation américaine PFL, samedi 30 septembre au Zénith de Paris. — PFL
  • Figure montante du MMA français après une brillante carrière en kickboxing, Cédric Doumbè a terrassé samedi de manière expéditive son compatriote Jordan Zebo.
  • Aussi connu pour ses coups d’éclat sur le ring que pour ses punchlines en dehors, le combattant a décidé de s’engager il y a trois ans dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
  • Cette actualité l’a rattrapé samedi, quand il a lancé accusé son ennemi Fernand Lopez de violences conjugales : « Celui qui a pris ce K.-O., c’est celui qui a frappé son ex-femme. »

Cédric Doumbè a-t-il été plus impressionnant samedi dans la cage ou micro en main ? Avec le fantasque combattant de MMA, c’est toujours difficile à dire. Mais contrairement à d’habitude, « The Best » (Le Meilleur) a rangé les blagues au vestiaire, le temps d’une réaction après son combat expéditif contre Jordan Zebo, expédié en 9 secondes. « Vous savez très bien qui a pris ce K.-O., ce n’est pas Jordan, c’est celui qui frappait son ex-femme. Ce sont les violences faites aux femmes que je mets K.-O. »

Sans le nommer, Doumbè a visé Fernand Lopez, entraîneur de Ciryl Gane et personnalité médiatique du MMA français, avec qui il entretient une rivalité. « Je suis un fervent défenseur des femmes. Je tenais vraiment à ce que les gens sachent quel est mon deuxième combat. Et finalement mon premier combat », a posé l’ancien kickboxeur.

« Son rôle, c’est aussi d’être un porte-voix »

« Son rôle, c’est de dénoncer, mais pas de commenter et de faire le travail de la justice et des journalistes, a commenté pour 20 Minutes David Foucher, son manager. Il l’a fait avec émotion, ça l’a touché directement parce que c’est un membre de notre staff qui a été visé [la nutritionniste de Cédric Doumbè]. Son rôle, c’est aussi d’être un porte-voix. »

En 2020, l’athlète avait donné de la voix dans un clip de sensibilisation pour la Maison des Femmes, un lieu de prise en charge des femmes victimes de violence. « Un boxeur, qui incarne ce côté viril, la testostérone, le combat dans l’octogone, qui s’engage pour la lutte, ça avait une belle signification », résume son manager.

« Qu’est-ce qu’être un homme, un vrai », exposait le combattant dans ce clip d’une minute, avant de dérouler sur cette thématique. Avoir une personnalité comme Cédric Doumbè permet de sensibiliser un public jeune qui n’aurait pas forcément entendu les associations féministes sur le sujet, considère Violaine de Filippis, porte-parole d’Osez le féminisme, qui estime qu'il faut aussi s'interroger sur la violence que colporte le MMA. 

« C’était intéressant d’avoir son opinion sur cette cause-là, car c’est un peu à contre-emploi, et ça a permis d’attirer l’attention du public qui ne s’y attendait pas », a confié Ghada Hatem, gynécologue et fondatrice de la Maison des femmes en 2016, qui précise qu’il est « important que des hommes s’engagent sur cette cause ».

« Sa notoriété, un atout » pour la cause

Depuis, le spot a été diffusé « dans des écoles, des prisons » et le sportif a eu l’occasion de prendre la parole à quelques reprises. Ce n’est jamais suffisant, reconnaît son manager, mais les contraintes horaires liées au sport de haut niveau sont drastiques. « Un boxeur doit perdre 15 kilos en deux mois avant un combat, s’entraîner deux fois par jour, enchaîner les rendez-vous médicaux. C’est un peu une vie de moine shaolin », décrit David Foucher.

Face à ces impératifs, la popularité grandissante de ce touche à tout, également comédien, pourrait aussi le pousser à s’engager plus à l’avenir. « Il est évident que sa notoriété est un atout », appuie Ghada Hatem, qui a repris contact avec Doumbè et réfléchit à une autre action à mener.

Samedi, au Zénith de Paris, les accusations de Cédric Doumbè ont poussé Fernand Lopez à réagir. Dans les colonnes du Parisien, le patron de l’influent centre d’entraînement de la MMA Factory a reconnu avoir été condamné à quatre mois avec sursis pour violences conjugales.

« J’ai levé la main sur mon ex-conjointe, une gifle, ça a été une catastrophe », a admis le coach en qualifiant son geste « d’inexcusable » et en dépeignant un couple auteur de violences réciproques. Une affirmation démentie sur Instagram par la victime. « La victime, c’est moi, plus ma fille qui a tout vu. Et je refuse qu’on me fasse passer pour une femme violente et que la situation aurait dérapée. C’est faux », a-t-elle écrit. Quelques heures avant, Cédric Doumbè, qui avait fréquenté il y a quelques années la salle de Fernand Lopez, avait publié sur ses réseaux un extrait du jugement. Histoire que ses 800.000 followers sur Instagram soient informés de tous les dessous de l’affaire.