Dans les Hauts-de-France, la psychose des punaises de lit affole les usagers du TER

bébêtes Sous la pression des habitants, influencés par de fausses rumeurs, le président des Hauts-de-France demande à la SNCF de prendre des mesures pour éviter que les punaises de lit se répandent dans les trains régionaux

Mikaël Libert
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Des punaises de lit (illustration).
Des punaises de lit (illustration). — Jean-Michel Bérenger / 20 Minutes
  • Malgré les dénégations de la SNCF, la rumeur sur la présence de punaises de lit à bord de trains prend de l’ampleur. 
  • La psychose a gagné les usagers des TER dans les Hauts-de-France. Pour calmer le jeu, Xavier Bertrand a demandé à la SNCF de prendre des mesures préventives.

Elles se sont invitées partout, les punaises de lit. A l’hôpital, au cinéma, à la bibliothèque et, paraît-il, dans les trains. Elles sont aussi très présentes sur les réseaux sociaux, dans des trends, des commentaires et même des vidéos alarmantes d’internautes. Elles sont aussi au menu de débats, notamment après la sortie de Pascal Praud, sur CNEWS, lequel s’interrogeait sur le lien entre immigration, manque d’hygiène et apparition de ces parasites. Un imbroglio d’approximations qui n’a pas manqué d’alimenter la psychose. Dans les Hauts-de-France, cela s’est traduit par une déferlante de messages envoyés au conseil régional par des usagers des TER, inquiets de rapporter des punaises à la maison.

Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France, s’est fendu, jeudi dernier, d’un courrier à l’intention du directeur régional de la SNCF. « Ces derniers jours, nous voyons se multiplier, sur les réseaux sociaux, des images d’infestation de punaises de lit à bord des trains exploités par la SNCF, et plus généralement de prolifération de nuisibles repérés directement par les usagers », s’alarme-t-il. L’élu cite l’exemple du TGV Marseille-Paris du 24 septembre, dans lequel « la présence de punaises de lit a été constatée par les voyageurs ainsi que par le contrôleur du train lui-même », assure-t-il. Une infestation démentie, vendredi, par la SNCF, le transporteur affirmant de son côté qu' « aucun cas avéré de punaises de lit n’a été confirmé ces derniers jours à bord de TGV ».

« Mieux vaut prévenir que guérir »

Qu’importe, le principal pour Xavier Bertrand étant que les parasites n’envahissent pas les trains de sa région. « En effet, il n’y a jamais eu de preuve de présence de punaises de lit dans les TER », reconnaît Franck Dhersin, chargé des transports à la région. Mais, selon lui, les usagers ne font guère la différence entre TGV et TER lorsqu’il s’agit du donneur d’ordre : « On a reçu beaucoup de messages et de courriers pour nous demander ce que nous comptions faire à ce sujet, poursuit-il. On a senti que face à cette pression, il fallait rassurer. » Parce que la problématique migratoire est importante dans les Hauts-de-France, parce que Pascal Praud a mélangé immigration, manque d’hygiène et punaises de lit. 

Pourtant, à 20 Minutes, l’entomologiste Léna Polin a récemment assuré qu’il n’y avait aucun lien entre manque d’hygiène, insalubrité et punaises de lit. L'experte a aussi martelé que si les déplacements avaient favorisé le retour des punaises de lit en France, c’était indistinctement entre flux migratoires et tourisme.

Le mot d’ordre est donc « mieux vaut prévenir que guérir ». Fraîchement élu sénateur du Nord, Franck Dhersin se rappelle avoir eu à affronter le fléau des punaises de lit lorsqu’il était à la communauté urbaine de Dunkerque : « on avait eu une infestation dans une auberge de jeunesse. Après un premier traitement inefficace, il a fallu tout brûler, les matelas, les draps, les rideaux. » Sauf que là, pas question de brûler des rames de TER à 35 millions d’euros l’unité. La région a donc demandé à Jérôme Bodel, directeur de la SNCF Hauts-de-France, de prendre les devants. Mais comment ? « C’est à la SNCF qu’il faut poser la question », plaisante Franck Dhersin.

Alors 20 Minutes a contacté l’intéressé, Jérôme Bodel, lequel nous a renvoyé vers son service de presse. Service de presse qui nous a répondu, confirmant une nouvelle fois qu’aucun signalement de punaise de lit n’avait pu être vérifié. En revanche, le transporteur a assuré mettre en « œuvre un traitement à la fois préventif et curatif », contre les nuisibles de manière générale. Pose de « pièges », de « gels anti-nuisibles dans des zones non accessibles aux clients », « vaporisation d’insecticide », etc. La SNCF a aussi appelé ses clients à la vigilance, « ces insectes pouvant être amenés […] par des voyageurs ».