Dordogne : C’est reparti pour un tour, la déviation de Beynac soumise à une nouvelle consultation

feuilleton périgourdin A partir de ce jeudi, la préfecture de la Dordogne propose aux habitants de donner leur avis sur le projet de contournement routier de Beynac un peu remanié. Le chantier avait été stoppé par la justice en décembre 2018

Elsa Provenzano
Le chantier de la déviation du village de Beynac divise en Dordogne, le 26 janvier 2019.
Le chantier de la déviation du village de Beynac divise en Dordogne, le 26 janvier 2019. — Elsa Provenzano
  • Pour contourner le beau village de Beynac, en Dordogne, un chantier de déviation routière a été entamé en 2018 puis stoppé par le Conseil d’Etat en 2019, après une saisie par des opposants au projet.
  • Depuis, le département a été sommé de remettre en état le site mais ne s’est pas complètement exécuté. Il a préféré soumettre un nouveau projet, dans lequel le tracé est inchangé mais qui propose des aménagements sur les mobilités douces, sur une zone élargie.
  • La consultation du public par la préfecture de la Dordogne démarre ce jeudi et suivront une enquête publique et une enquête environnementale, avant qu’on sache si le chantier suspendu pourra finalement reprendre.

Vous pensiez que cette histoire était terminée ? Eh bien non. A partir de ce jeudi, une consultation publique est lancée auprès de la population sur le projet de déviation routière de Beynac, qui doit épargner du trafic de poids lourds au village connu pour son château. Dix mois après le début du chantier, les travaux avaient été interrompus en décembre 2018 par le Conseil d’Etat, après que les opposants au contournement, des Châteaux et des associations environnementales, ont saisi la justice.

Depuis, le département de la Dordogne, qui porte le projet, a été sommé par la justice de remettre en état le site. Comme il ne s’est pas exécuté, il a écopé de près de 500.000 euros d’amendes versées aux plaignants. Il a été forcé de commencer à détruire une portion de route de 1.250 km entre Castelnau et les Milandes, en service depuis trois ans dans le cadre des travaux engagés pour la déviation. Ils devraient être terminés fin novembre et, d’ici là, une ancienne route va être remise en service.

Pistes cyclables et sanctuaire pour chauves-souris

Très déterminé à réaliser ce contournement et faisant valoir le réemploi d’éléments déjà construits comme les piles du pont, le département a échafaudé un nouveau projet. Le tracé initial n’a pas changé mais des aménagements sur les mobilités douces ont été ajoutés, à l’échelle du triangle d’or de la vallée de la Dordogne.

« On rouvre une gare fermée depuis 53 ans, celle de Castelnau-Fayrac, pour en faire un pôle multimodal, tient à souligner Germinal Peiro, le président (PS) du département. Et des navettes électriques permettront aux visiteurs de se rendre dans les quatre châteaux situés dans un rayon de trois kilomètres (Beynac, les Milandes, Marqueyssac et Fayrac). » Des pistes cyclables vont venir compléter les voies vertes existantes portant à 240 km les tracés empruntables par les vélos entre Souillac et Libourne. Il dégaine aussi un sanctuaire pour les chauves-souris et la plantation de 27.000 arbres : les écolos n’ont qu’à bien se tenir. Le coût total du projet est de 40 millions d’euros, dont 21 ont déjà été utilisés pour les débuts du chantier, selon le département.

« Rien n’a changé dans ce projet »

Le dossier repart donc pour un tour : consultation avant enquête publique, puis enquête environnementale avant éventuellement une autorisation de poursuivre les travaux. « J’ai très bon espoir que ce projet aboutisse », avance l’opiniâtre Germinal Peiro. Il estime que si un feu vert est accordé au projet, d’ici un an environ, il pourrait être terminé en dix-huit mois.

Mais les opposants au projet pourraient aussi refaire parler d’eux, considérant que ce nouveau projet n’est qu’un cheval de troie pour concrétiser un contournement qui a été jugé illégal par le conseil d’Etat. « Rien n’a changé dans ce projet », fait valoir Théophile Pardo, président de l’association Défendre l’intérêt général en Dordogne. Opposé depuis le départ à un contournement puisqu’il y a « très peu de circulation » actuellement et qu’une déviation serait au contraire « un aspirateur à poids lourds ».  « C’est une manipulation de plus et le centre du projet est illégal, conclut-il. Il faut accepter les choses jugées ».