Dîner avec Charles III à Versailles : Combien a coûté le repas avec le roi ?
Fake off Un montant de 6,2 millions d’euros circule sur les réseaux sociaux, sans être sourcé. « 20 Minutes » a contacté les prestataires de la réception afin d’en connaître les coulisses
- Le dîner d’Etat offert par la République à Charles III et Camilla à Versailles a-t-il réellement coûté 6,2 millions d’euros, comme on le lit sur les réseaux sociaux ?
- 20 Minutes s’est rapproché des différents prestataires afin de connaître les conditions de leur intervention ce soir-là.
- L’Elysée a démenti ce montant de six millions auprès de Libération.
160 convives, un repas avec des mets de prestige dans un cadre historique… Combien le dîner offert par la république à Charles III et Camilla au château de Versailles mercredi 20 septembre a-t-il coûté ? Le montant fait spéculer sur les réseaux sociaux : dans des posts Facebook, sur X (ancien Twitter) ou encore sur TikTok, des internautes avancent un montant de 6,2 millions d’euros, sans toutefois donner la source de leurs calculs. Un montant qui soulève des commentaires indignés : « Ce n’est vraiment pas la fin de l’abondance pour tout le monde », ironise un compte sur TikTok, dans une vidéo vue 240.000 fois en deux jours.
Les images de la réception dans la Galerie des glaces ont également fait bondir une partie de l’opposition. Louis Boyard, député LFI, a écrit mardi au ministre délégué en charge des comptes publics, pour lui demander le coût du dîner.
Le chef étoilé Yannick Alléno « a offert ses services »
Combien cette soirée a-t-elle coûté aux contribuables ? Contacté, l’Elysée n’a pas donné suite aux sollicitations de 20 Minutes. Nous nous sommes donc rapprochés des prestataires, afin de connaître dans quelles conditions ils sont intervenus. Trois chefs de renom, Anne-Sophie Pic, Yannick Alléno et Pierre Hermé, ont été chargés respectivement de l’entrée, du plat et du dessert. Le service presse de Yannick Alléno nous indique que le chef aux trois étoiles « a offert ses services pour le dîner et n’a pas facturé cette prestation ». En a-t-il été autant pour les deux autres chefs ? L’équipe de Pierre Hermé nous indique « ne pas souhaiter s’exprimer sur les coulisses de ce dîner, du fait de la confidentialité inhérente à ce dernier ». L’équipe d’Anne-Sophie Pic n’a pas retourné nos sollicitations.
Au menu, les convives ont dégusté du tourteau et du homard bleu, suivis d’une volaille de Bresse marinée au champagne et accompagnée d’un gratin de cèpes. Le repas s’est achevé sur une version revisitée de l’Ispahan, un dessert à base de fraises, litchis et framboises. Le plateau de fromages était quant à lui composé d’un pélardon des Cévennes, d’un comté de grande garde et d’un Stilton, un fromage anglais au lait cru. Le coût de ce plateau s'élevait à 5 euros par personne selon nos informations.
Pas de compensation financière versée à Versailles pour la fermeture
Dans leurs verres, les invités se sont vus proposer une sélection de trois vins, d’après Le Figaro : un château Mouton Rothschild 2004 en double magnum, un Bâtard Montrachet grand cru 2018 et un champagne de la maison Pol Roger cuvée Winston Churchill 2013 en magnum. Exceptionnellement, les bouteilles de Mouton Rothschild ont été offertes, nous explique la maison de vins du Bordelais : « C’est un don privé de la famille Rothschild en hommage aux liens amicaux créés avec la famille royale depuis plusieurs années. » C’est d’ailleurs une aquarelle du prince Charles qui orne la bouteille de la cuvée qui a été servie à Versailles. En revanche, « aucun invité n’est reparti avec une bouteille de Mouton Rothschild ». Quant aux bouteilles de champagne Pol Roger, elles ont bien été facturées à l’Elysée. « L’Elysée y met un point d’honneur », précise la maison de champagne. Une bouteille est actuellement vendue en ligne entre 260 et 310 euros. Le domaine Olivier Leflaive, qui récolte le Bâtard Montrachet, n’a pas donné suite à nos demandes. Les bouteilles de ce grand cru sont vendues environ 550 euros en ligne.
Quels sont les autres frais qui ont été engagés ce soir-là ? L’Elysée n’a pas communiqué sur le nom du ou des fleuristes qui ont contribué au fleurissement de la galerie des Glaces. La vaisselle, elle, vient des collections de l’Etat. S’il en a reçu un, le cachet de Daniel Lozakovich, un violoniste suédois qui a joué pour les invités, n’a pas non plus été dévoilé.
Aucune compensation ne doit être versée à l’Etablissement public qui gère le château de Versailles. « Il n’y a pas de frais de location ni de privatisation, comme c’est le cas pour tous les établissements publics », développe le service presse de l’Etablissement public auprès de 20 Minutes. « Il n’y a pas [non plus] de compensation financière liée à la fermeture. La billetterie était bloquée et ceux qui avaient pris un billet longtemps à l’avance ont eu une proposition de décaler leur visite. »
Auprès de Libération, l’Elysée a démenti le montant de 6 millions d’euros, le qualifiant « d’aberrant » et avançant un coût « bien en dessous de ce qui est propagé ». Les services du président ont indiqué que le montant « finira par être connu car toutes les dépenses sont enregistrées par la Cour des comptes ».
L’Elysée avait défendu le choix de Versailles pour ce dîner, rappelant qu’Elizabeth II s’y était rendue à plusieurs reprises. L’idée était également de faire rayonner la France avec un endroit reconnu dans le monde entier.
En Allemagne, le banquet d’Etat qui avait été donné lors de la visite de Charles et Camilla, fin mars, avait coûté 43.000 euros, selon les informations du Spiegel. Le montant avait été révélé début mai, après une demande d’informations d’un groupe politique. Environ 130 personnes, principalement des personnalités politiques, avaient été conviées à ce dîner.