Pourquoi les pylônes électriques tendent à disparaître en ville
URBANISME Aux quatre coins de la France, ces pylônes sont devenus encombrants pour des métropoles en quête de terrain à urbaniser. L’enfouissement des lignes électriques se développe
- A Nantes, Angers, ou encore Saint-Denis, les pylônes électriques tombent les uns après les autres.
- De coûteux chantiers, pilotés par RTE, qui visent à libérer du terrain en optant pour l’enfouissement des lignes à haute ou très haute tension.
Armés de scies sabres, ils découpent la tête de la structure en acier, avant qu’une grue ne prenne le relai. Perchés à 20 mètres de haut, les « lignards » font leur dernière victime, jeudi à Nantes. En quelques années, ces techniciens ont en effet envoyé pas moins de 52 pylônes électriques chez le ferrailleur, dans une large zone de l’est de l’agglomération. Avec comme objectif l’enfouissement de cinq lignes à haute et très haute tension (63.000 et 225.000 volts), soit 14 km de câbles qui sont passés en souterrain.
L’opération, pilotée par RTE, n’est pas unique en France, loin de là. Car depuis ces dernières années, les pylônes électriques semblent être devenus encombrants pour certaines agglos. En Ile-de-France par exemple, six d’entre eux viennent de disparaître du paysage, avec l’enfouissement de 15 km de lignes. Un chantier colossal mais indispensable à la construction de la place du futur village des Athlètes, qui s’étalera sur plusieurs communes de Seine-Saint-Denis, en vue des Jeux Olympiques 2024. « A terme, il permettra de libérer 80 hectares de foncier à Saint-Denis, L’île-Saint-Denis et Villeneuve La Garennne pour de nombreux projets d’aménagement », explique RTE.
Libérer du foncier
A Nantes aussi, l’enjeu est bien la recherche de terrain à urbaniser. Pour 15 millions d’euros (dont 3 financés par RTE), c’est la métropole qui a demandé de faire place nette en vue de l’aménagement du futur quartier Doulon-Gohards, où 2.700 logements doivent pousser d’ici à 2035. Un peu plus loin, c’est la zone commerciale de Paridis qui a été libérée de ses poteaux, avant sa grande métamorphose. Mais l’opération serait aussi payante sur du plus court terme, puisqu’elle « contribue à améliorer le cadre de vie des habitants et a permis de développer des aménagements à leur service », se félicite Tristan Riom, vice-président en charge du climat et de l’énergie, citant la maison de quartier ou l’expansion en cours de l’école de la Beaujoire.
A Angers, les ouvriers sont à pied d’œuvre quartier Saint-Serge, où l’enlèvement de 12 pylônes participera à transformer cette zone d’activité très minérale en « une vitrine active et attrayante pour le cœur d’agglomération angevine », avec un potentiel de 700 m2 à végétaliser. Une opération à chaque fois délicate et coûteuse qui permet aussi de s’affranchir de la réglementation spécifique des lignes aériennes à haute tension, mais surtout d’anticiper les besoins croissants de la population.
« Ce n’est pas la fin de l’aérien »
« Il est nécessaire de repenser tout notre réseau pour accompagner la consommation électrique qui va significativement augmenter ces prochaines années, estime Carole Pitou-Agudo, déléguée de RTE dans l’Ouest. En plus, on gagne en qualité d’alimentation car les lignes enfouies ne sont plus soumises à la foudre ou aux arbres. »
Pour autant, ces structures, qui jouent en fait un rôle de support, seront toujours visibles dans le ciel français. « Si on tend vers une raréfaction en ville, ce n’est pas la fin des lignes aériennes ailleurs, poursuit Carole Pitou-Agudo. On chouchoute les existantes et on en construira d’autres ailleurs, notamment dans les grosses zones industrielles qui cherchent actuellement à décarboner leurs process. »