Visite de Charles III : Baisemain, ponctualité et (petites) déceptions, le récit de la première journée du roi à Paris

reportage De l’Elysée à Versailles, « 20 Minutes » a suivi le couple royal, Charles III et Camilla, pour leur première journée de visite en France. Voici tout ce que vous avez manqué si vous avez décroché de l’actualité aujourd’hui

Mathilde Cousin
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Baise-main, descente des champs et patrouille de France : la première journée du roi Charles III en images — 20 Minutes
  • Le roi Charles III et la reine Camilla ont entamé ce mercredi une visite d’Etat de trois jours en France.
  • Du palais de l’Elysée à Versailles, 20 Minutes a suivi le couple royal et vous raconte cette journée, où la République française a déroulé le tapis rouge à la monarchie.

« J’aimerais savoir ce qu’il se passe », s’écrie une jeune femme, tout en filmant l’Arc de Triomphe pour ses amis avec son smartphone. « Il y a au moins un million de personnes ! », s’exclame-t-elle. Une estimation pour le moins généreuse, ce mercredi midi, alors que le roi Charles III et la reine Camilla sont attendus moins de trois heures après sur les Champs-Elysées.

La foule des grands jours n’est pas au rendez-vous. Pourtant, la République a mis les petits plats dans les grands pour recevoir le monarque britannique et son épouse à l’occasion de cette visite d’Etat, voulue par le gouvernement britannique pour renforcer les liens avec la France après le Brexit. Un déplacement une première fois reporté au printemps pour cause d’actualité sociale française brûlante. C’est finalement sous un soleil d’automne que Charles et Camilla ont atterri à Orly à 14 heures, accueillis par la Première ministre, Elisabeth Borne.

Le temps d’échanger les banalités d’usage, le couple royal se dirige ensuite vers le centre de Paris, où ils ont participé à une cérémonie à l’Arc de Triomphe.

Des fleurs et des déceptions

Ils y étaient attendus de pied ferme par Morgane et Stéphane, deux Français qui avaient préparé pour l’occasion la panoplie du fan de la famille royale : tee-shirt frappé de l’emblème du roi et Union Jack pour elle, gigantesque une de Paris Match avec Charles, of course, pour lui. Ils sont au premier rang ce mercredi midi, au plus près de l’Arc de Triomphe, quand la police les informe de la fermeture de la zone. Pour assister à la cérémonie, le public est prié de se rendre une centaine de mètres plus bas, avec une vue moindre et surtout derrière une double barrière de sécurité, douchant les espoirs d’un bain de foule de Charles et Camilla. Et ceux de Morgane et Stéphane par la même occasion. « Je comprends qu’il y ait de la sécurité, mais il y a aussi besoin de proximité », argumente Stéphane.

Un peu plus bas, Fanny tient quelques brins de fleur. Ils sont pour Camilla. Travaillant dans le quartier, la jeune femme voulait être présente pour l’événement. « Je me suis dit que c’était l’occasion de profiter de les voir. »

Un baisemain à Camilla

Pierre, lui, devait être aux premières loges. Cet ancien de la garde républicaine, que nous avons rencontré avant le début de la cérémonie, avait revêtu une tenue d’apparat. Il était là pour porter un des drapeaux de la Royal British Legion, une association de bienfaisance qui vient en aide aux anciens combattants. « J’ai eu le privilège d’assister à une cérémonie avec la reine Elizabeth il y a dix ans à Windsor », se souvient-il fièrement. « C’est le genre de choses que l’on fait une fois dans sa vie. »

Nous devons laisser Pierre, qui doit se préparer pour le début de la cérémonie, et nous diriger ensuite vers l’Elysée, où le roi et la reine étaient attendus à 15h50. Pas le temps pour nous d’assister à la cérémonie à l’Arc de Triomphe : l’organisation de l’Elysée a demandé aux journalistes d’être présents rue du Faubourg Saint-Honoré à 14h30. Dans la file pour accéder au palais présidentiel, des journalistes s’interrogent sur la tenue que portera Brigitte Macron ce mercredi : quelle couleur aura-t-elle choisie ? Qui signera sa tenue ? C’est finalement vêtue d’un ensemble bleu marine que l’épouse du président de la république sort de la voiture qui l’emmène avec Camilla dans la cour d’honneur de l’Elysée, après la cérémonie à l’Arc de Triomphe. Le président de la république et Charles, ponctuels, sont arrivés quelques instants auparavant, dans une berline de la république portant le drapeau tricolore et le royal standard, le drapeau qui représente le souverain et le Royaume-Uni.

Les deux couples remontent lentement le tapis rouge, prenant la pose pour les photographes mais n’accordant pas un mot à la presse. Vingt minutes plus tard, ils émergent tous les quatre du palais. Est-ce déjà la fin de l’entretien bilatéral entre Charles III et Emmanuel Macron ? Non, simplement l’heure pour Camilla de se retirer. Le président de la République lui fait un baisemain, avant de disparaître pour son tête-à-tête avec Charles. Réaction d’un photographe anglais : « He kissed the Queen ! » (Il a embrassé la reine). Le président lui a effleuré la main, se montrant moins tactile avec Camilla que certains de ses prédécesseurs avec la reine Elizabeth II.


Un dispositif de sécurité omniprésent

Que se sont dit Charles et Emmanuel Macron ? Leurs discussions devaient porter sur la biodiversité et le climat, sur l’état des lieux des relations bilatérales entre les deux pays, ou encore sur les grandes questions internationales. A l’issue, le président de la République traverse à pied la cour d’honneur de l’Elysée, accompagné de Charles. Ils n’ont pas un mot pour la presse, mais se lancent dans un bain de foule entre le palais présidentiel et l’ambassade du Royaume-Uni, distants de 200 mètres. A peine les deux chefs d’Etat partis, les services de l’Elysée commencent à retirer le tapis rouge. Charles III doit revenir ce jeudi au palais présidentiel pour un entretien informel avec Emmanuel Macron à 19 heures.

L’étape parisienne suivante pour Charles et Camilla est presque un retour à la maison. Ils sont accueillis à l’ambassade du Royaume-Uni pour planter un arbre offert par Emmanuel Macron. Ce mercredi, les deux chefs d’Etat ont échangé d’autres cadeaux, des livres. Le président de la République a offert une édition originale des Racines du ciel, de Romain Gary, au chef de l’Etat britannique, tandis que celui-ci a offert à son homologue français les Lettres sur les Anglais de Voltaire.

La séquence à l’ambassade n’étant pas ouverte à la presse française, il est temps de prendre la direction de Versailles, où la république sort sa plus belle vaisselle pour recevoir Charles et Camilla ainsi qu’environ 160 invités. Malgré la controverse qu’avait causée l’annonce de ce dîner au printemps, aucun manifestant n’est présent devant le château de Louis XIV. Dès 18 heures, alors que le roi et la reine ne sont attendus que deux heures plus tard, une cinquantaine de curieux font déjà le pied de grue devant le château. La foule grandit au fur et à mesure que l’on se rapproche de 20 heures, pour atteindre quelques centaines de personnes.

De nombreux badauds restent sur leur faim : comme sur les Champs-Elysées, le dispositif de sécurité est omniprésent. Des membres de forces de l’ordre fouillent les sacs et des barrières empêchent d’accéder au parvis du château. Des berlines aux vitres teintées se succèdent, mais bien malin qui peut dire quel passager s’y trouve : Arsène Wenger, Mick Jagger ? Ou même Emmanuel Macron ? Les voitures filent tout droit dans la cour d’honneur du château. Des panneaux ont été érigés sur la grille, empêchant de voir ce qu’il s’y déroule. Enfin, à 20 heures, ceux que tous attendaient arrivent, là encore d’une ponctualité sans faille. Dans une Bentley violette, le roi Charles, souriant, salue la foule. Camilla est à ses côtés. Les vitres de la voiture ne sont pas teintées, offrant enfin aux Versaillais le moment qu’ils attendaient. Après le passage du couple royal, une jeune femme s’enquiert auprès d’un gendarme : « Il est où Macron ? Il arrive quand ? » « Il est déjà à l’intérieur », lui répond l’homme. Personne ne l’a vu passer.