Interdiction de l’abaya à l’école : Une lycéenne exclue de son cours à Lyon en raison du kimono qu’elle portait
Laïcité Sa famille a déposé plainte pour « discrimination en raison d’une appartenance religieuse », tandis que le rectorat de Lyon dément l’exclusion
- Mardi, une lycéenne de 15 ans a été exclue de son cours pour avoir refusé d’ôter le kimono qu’elle avait revêtu par-dessus son tee-shirt.
- Le lendemain soir, sa famille a déposé plainte pour discrimination.
- Le rectorat de Lyon, qui dément l’exclusion, répond que le chef d’établissement n’a fait qu’appliquer les directives transmises par le ministre de l’Education nationale.
« C’est tout simplement un délit de faciès. » Quelques heures après avoir déposé plainte auprès du procureur de Lyon pour « discrimination en raison d’une appartenance religieuse », Nabil Boudi ne décolère pas. Mardi, jour de la rentrée scolaire et de son entrée en classe de seconde, sa cliente, une lycéenne de 15 ans, a été exclue d’un cours en raison de sa tenue vestimentaire. A savoir un kimono qu’elle avait revêtu en guise de veste par-dessus un tee-shirt noir et un jean.
« La veille, cette jeune fille s’était présentée lors de la prérentrée et il n’y a eu aucune difficulté sur sa tenue. Le lendemain, elle est allée son cours. Il n’y a pas eu de difficulté du corps enseignant », assure-t-il. Tout aurait basculé lorsque « le CPE » a fait irruption dans la classe pour « faire un rappel général des règles de fonctionnement ».
« Une humiliation »
« Il l’a pointée du regard et lui a demandé de se rapprocher. Il va l’attraper devant tous les autres élèves de sa classe et lui demander de retirer son kimono. Elle a répondu en expliquant qu’il ne s’agissait pas du tout d’un vêtement religieux », relate Nabil Boudi, déplorant par ailleurs que le conseiller pédagogique n’ait « pas attendu la fin du cours ou la pause » pour lui parler en aparté. « Ensuite, il lui a demandé de quitter la classe et de se rendre dans le bureau du proviseur manu militari », poursuit-il. Ce qu’elle a vécu comme « une humiliation » devant des camarades qu’elle ne connaissait pas, étant nouvelle dans l’établissement.
Face au proviseur, la lycéenne aurait ensuite refusé d’ôter son vêtement et a été invitée à regagner son domicile, assure encore l’avocat. Ce que conteste le rectorat de Lyon. « Cette élève n’a pas été exclue du lycée. Elle est revenue en cours dès l’après-midi », indique-t-il à 20 Minutes.
« C’est faux », rétorque pourtant Nabil Boudi, précisant que la jeune fille a repris les cours le lendemain, « à la demande de ses parents qui ont fait le nécessaire pour être reçus » par l’équipe encadrante. « On a expliqué à ma cliente qu’elle avait été vue aux abords du lycée avec un voile ou un bandeau dans les cheveux. Et par conséquent, ils en ont déduit qu’elle était de confession musulmane, avance l’avocat. Ce kimono était un prétexte. Si elle s’appelait Jessica, Sophie ou Lucie, on ne lui aurait jamais reproché de porter un kimono. C’est tout simplement de la discrimination. »
Une « marge d’appréciation sur les tenues portées par les élèves »
« Le chef d’établissement a suivi les instructions contenues dans la note de service du ministre transmise le 31 août », se défend le rectorat, réfutant ces accusations mais prenant « acte du choix de la famille de déposer une plainte ».
« Cette note de service concerne le port de tenues "de type abaya ou qami " et non pas strictement les abayas ou qamis, ce qui ouvre droit au chef d’établissement à une marge d’appréciation sur les tenues portées par les élèves », ajoute-t-il. Et de conclure : « La phase de dialogue avec les élèves demandée par cette même note de service a bien été respectée puisque l’élève a été reçue par l’équipe de direction le jour même en fin de matinée. Au cours de cet échange il lui a été rappelé la règle. »