Finistère : Un journal poursuit en justice un site d’extrême droite pour injures et diffamation

insultes La rédaction du « Poher » a déjà été la cible de menaces et d’intimidations depuis la publication d’articles au sujet d’un centre pour migrants

C. A. avec AFP
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Implanté à Carhaix dans le Finistère, l'hebdomadaire « Le Poher » a été fondé en 1996. Il est la cible de menaces depuis la publication d'articles au sujet d'un centre d'accueil pour migrants.
Implanté à Carhaix dans le Finistère, l'hebdomadaire « Le Poher » a été fondé en 1996. Il est la cible de menaces depuis la publication d'articles au sujet d'un centre d'accueil pour migrants. — Le Poher

Il essuie les pires insultes. Qualifié de « misérable torchon d’extrême gauche » ou encore de « feuille de chou immonde », l’hebdomadaire Le Poher a décidé de réagir. Mercredi, son avocat a demandé la condamnation du site Internet Résistance républicaine pour « injures et diffamation ». Déjà visé à de multiples reprises par des insultes, des menaces de mort et des fausses alertes à la bombe, le journal de Carhaix (Finistère) est dans la cible de l’extrême droite depuis la publication d’articles au sujet du centre d’accueil pour migrants de Callac (Côtes-d’Armor). Ce projet a par ailleurs été abandonné sous la pression de l’extrême droite.

L’hebdomadaire breton s’oppose notamment à la publication d’un article, toujours en ligne, intitulé « La femme est l’avenir de l’homme ? Non, c’est l’Africain ! », rédigé par Bernard Germain, candidat du parti Reconquête. L’auteur est également poursuivi par le journal. Dans cet article publié sur le site de l’association anti-islam, les lecteurs du journal sont traités de « débiles », et l’une de ses journalistes est accusée d’être « vendue aux immigrationnistes et mondialistes » et « collabo ». « On nous oppose la liberté d’expression. Or la jurisprudence nous dit que la liberté d’expression est une liberté bornée par la loi de 1881, elle n’est pas une liberté absolue à l’américaine », a estimé l’avocat du Poher, Iannis Alvarez.

L’avocat a demandé au tribunal de condamner Résistance républicaine pour injure et diffamation, d’ordonner le retrait de l’article et la publication du jugement sur le site d’extrême droite, ainsi que dans la presse régionale. Frédéric Pichon, avocat de Résistance républicaine et ancien leader de l’organisation étudiante d’extrême droite GUD, s’est dit « ahuri et consterné de voir qu’un journal d’opinion vienne jouer la vierge effarouchée parce qu’on l’a égratigné ». Le jugement a été mis en délibéré au 25 octobre.