Coupe du monde de rugby : A un an des JO, pression maximale en matière de sécurité

Sécurité Entre 5.100 et 7.500 policiers et gendarmes seront mobilisés à chaque match pour assurer la sécurité tout au long de cette Coupe du monde

Caroline Politi
Un centre de commandement a été inauguré au ministère de l'Intérieur pour faciliter la coordination et les remontées en matière de sécurité.
Un centre de commandement a été inauguré au ministère de l'Intérieur pour faciliter la coordination et les remontées en matière de sécurité. — Ludovic Marin
  • Entre 5.100 et 7.500 policiers et gendarmes seront mobilisés pour assurer la sécurité des matchs de la Coupe du monde de rugby.
  • Deux millions de spectateurs, parmi lesquels 600.000 étrangers sont attendus.
  • Si les événements sont assez différents, la Coupe du monde permet de tester certains dispositifs avant les JO, l’été prochain.

« Les Bleus ne seront pas uniquement sur le terrain pendant cette Coupe du monde ! » C’est par ces mots que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a conclu, sourire aux lèvres, la conférence de presse organisée ce mercredi avec la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, sur la sécurisation de l’événement. Pour le match d’ouverture, ce vendredi au Stade de France, quelque 7.500 policiers et gendarmes sont mobilisés aux abords de l’enceinte sportive mais également dans les transports en commun, les fans zones ou les lieux touristiques. Objectif : éviter le fiasco de la finale de la Ligue des Champions… mais également roder certains dispositifs avant les Jeux Olympiques.

Bien sûr, les deux événements sont difficilement comparables. Deux millions de fans de rugby parmi lesquels 600.000 étrangers sont attendus… contre près de 10 millions de spectateurs l’été prochain. De même, si l’immense majorité des épreuves des Jeux Olympiques se tiendront à Paris, condensées sur deux semaines, le mondial doit durer près de deux mois et se déroule aux quatre coins de l’Hexagone. « La Coupe du monde est une répétition avant les JO pour certains points, confie une source proche du dossier. En matière de coordination, par exemple, ou de sécurisation des équipes. Elles sont toutes protégées par le Raid ou le GIGN et disposent d’un agent de liaison. Ce sera la même chose l’été prochain. »

« Aucune menace n’a été détectée mais ce n’est pas une science exacte »

Dans certaines villes, comme Lille qui accueillera cet été les épreuves de handball, la Coupe du monde est un bon ballon d’essai. En Ile-de-France, les dispositifs sont très différents d’un événement à l’autre mais le mondial bénéficie des développements apportés pour sécuriser les JO. 550 caméras supplémentaires ont été installées dans la région. Les drones de la police survolent déjà régulièrement le ciel francilien depuis ce printemps. En Seine-Saint-Denis, depuis maintenant un an, 3.700 opérations « d’effacements de la délinquance » ont été menées, notamment contre des points de deal ou des stands de vente à la sauvette.

Car les risques identifiés sont les mêmes, à différentes échelles. A commencer par le terrorisme. « Aucune menace n’a été détectée mais ce n’est pas une science exacte », a indiqué Gérald Darmanin, précisant que les services de renseignement avaient été particulièrement mobilisés ces dernières semaines. De même, les autorités s’inquiètent de menaces en matière de cybersécurité, technologique – notamment une attaque de drones – ou des effets de la délinquance (agressions de supporteurs, vol, racket…). Sur les matchs classiques, 5.100 policiers et gendarmes seront mobilisés… soit autant qu’un gros week-end de Ligue 1. Les stades seront inspectés avant chaque rencontre. Dans les airs, un dispositif de sûreté aérienne a été mis en place et est assuré par l’armée.

6.300 agents de sécurité privée

A l’intérieur des enceintes sportives, le dispositif relève de l’organisateur. Auditionné en février par le Sénat, le directeur général de la Coupe du monde, Julien Colette, a indiqué que 6.300 agents de sécurité privée seraient présents, ce qui correspond également à un week-end de Ligue 1, cette fois avec un public réputé moins difficile à gérer. A titre de comparatif : quelque 22.000 agents de sécurité sont nécessaires pour les JO, une demande massive qui le rend le recrutement extrêmement compliqué. « Pour la Coupe du monde, l’organisateur ne nous a fait part d’aucune difficulté de recrutement », a indiqué le locataire de la place Beauvau.

Les autorités assurent également avoir tiré les leçons de la finale de la Ligue des Champions. Le 28 mai 2022, une accumulation d’erreurs dans le dispositif avait conduit à une situation chaotique. Pour éviter d’être à nouveau la risée du monde sportif, tous les billets de la compétition sont dématérialisés et nominatifs, les cheminements aux abords du stade repensé, les effectifs ont été quintuplés autour du Stade de France. Dans les transports, outre le dispositif policier, des itinéraires alternatifs ont été anticipés. « Nous avons su tirer les leçons des moments difficiles que nous avons vécu », a insisté Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports. Réponse à partir de vendredi.