Interdiction de l’abaya : Des policiers devant un lycée d'Avignon pour contrôler les tenues ? La police dément

FAke OFF Une publication prétendant montrer des policiers devant un lycée pour « s’assurer de l’interdiction des abayas » a beaucoup circulé sur le Web. La présence des policiers n’était en réalité pas en lien avec l’interdiction vestimentaire

Achille Dupas
La publication a été visionnée plusieurs millions de fois sur X (ex-Twitter) et a suscité de nombreuses réactions de personnalités politiques.
La publication a été visionnée plusieurs millions de fois sur X (ex-Twitter) et a suscité de nombreuses réactions de personnalités politiques. — Capture d'écran
  • Une publication prétendant montrer des policiers devant un lycée d’Avignon « pour s’assurer de l’interdiction des abayas » a largement circulé sur le réseau social X (anciennement Twitter).
  • La préfecture du Vaucluse ainsi que la Police nationale démentent cette affirmation, expliquant que « la présence des forces de l’ordre lors de la rentrée scolaire est habituelle et n’est en rien associée au contrôle des interdictions vestimentaires ».
  • Cette photo prise le jour de la rentrée scolaire s’inscrit dans le contexte d’interdiction du port de ce vêtement traditionnel annoncée fin août par le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal.

La publication postée lundi 4 septembre, jour de rentrée scolaire, sur le réseau social X (ex-Twitter), a été vue des millions de fois et suscité des dizaines de milliers de réactions. La photo montre des policiers présents à l’entrée de la cité scolaire Frédéric Mistral, à Avignon, alors que des élèves pénètrent dans l’établissement. Elle est accompagnée d’une légende, expliquant que la police est présente en ce jour de rentrée scolaire pour « s’assurer de l’interdiction des abayas ».

La publication a provoqué de nombreuses réactions d’indignation de personnalités politiques, alors que l’interdiction du port de ce vêtement traditionnel à l’école, affirmée par le ministre de l’éducation nationale Gabriel Attal fin août, est au cœur des débats.

FAKE OFF

« La présence des forces de l’ordre lors de la rentrée scolaire est habituelle et n’est en rien associée au contrôle des interdictions vestimentaires », a communiqué la préfecture de Vaucluse qui s’est exprimée dans un communiqué pour démentir l’affirmation de la publication sur X, face à l’ampleur de la polémique sur les réseaux sociaux.

La préfecture détaille en communiquant que les forces de l’ordre ont été déployées « comme chaque année, le jour de la rentrée scolaire », et « au sein de chaque établissement scolaire ».

« Au-delà d’une première prise de contact avec le chef d’établissement, la présence des forces de l’ordre permet de sécuriser l’établissement et ses abords le premier jour de la rentrée, ce qui est notamment prévu dans le cadre du plan Vigipirate », poursuit la préfecture.

Un démenti qui s’accorde avec celui de la Police nationale. Contactée par 20 Minutes, la Direction générale de la Police nationale indique que « lors de chaque rentrée scolaire, depuis au moins les attentats avec Mohammed Merah, la police nationale met en place des dispositifs de sécurisation fixes et mobiles, sur le plus grand nombre possible d’établissements scolaires », en ajoutant : « nous sommes dans la dimension traditionnelle de la sécurisation des établissements scolaires. »

Examen devant le Conseil d’Etat

Sur les 298 élèves qui se sont présentées en abaya lundi pour la rentrée scolaire, « 67 n’ont pas accepté de la retirer », a indiqué le ministre de l’éducation nationale sur BFMTV-RMC lundi 4 septembre. « Une très grande majorité se sont conformées à l’interdiction mais 67 n’ont pas accepté de la retirer et sont rentrées chez elles ». Pour ces élèves, Gabriel Attal indiquait également que « dans les prochains jours, elles reviendront puisqu’elles doivent être scolarisées, et puis on verra si elles se sont conformées à la règle ou pas ».

L’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires était par ailleurs examinée ce mardi 5 septembre par le Conseil d’Etat, à la suite du recours par l’association Action Droits des Musulmans. L’association fait valoir que cette interdiction « porte atteinte aux droits de l’enfant, car elle vient viser principalement les enfants présumés musulmans, créant ainsi un risque de profilage ethnique à l’école ».

La Défenseure des droits Claire Hédon a également été saisie par les avocats de l’association, lui demandant « d’intervenir dans la procédure » devant le Conseil d’Etat. La décision doit être rendue dans les 48h suivant l’instruction.