A Toulouse, les conductrices de VTC montrent la voie dans un « milieu encore bien misogyne »

hors des clichés Toulouse est la ville, avec Nice, ayant le plus de conductrices VTC en France. Un milieu qui reste néanmoins fortement masculin

Lucie Tollon
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Les femmes pourraient devenir aussi nombreuses au volant d'un VTC que les hommes.
Les femmes pourraient devenir aussi nombreuses au volant d'un VTC que les hommes. — Vlad Deep
  • En 2018, les conductrices ne représentaient que 6 % des chauffeurs VTC. Si le nombre de femmes au volant de ces voitures de transport avec chauffeur ne cesse d’augmenter, elles restent encore minoritaires.
  • Préjugés, dangers, misogynie… Les raisons sont nombreuses. Une plateforme de VTC s’est alors lancée à la conquête des femmes grâce à une campagne « Women at the Wheel »
  • Toulouse peut se targuer d’être la ville ayant le plus de femmes chauffeuses de VTC avec Nice. 20 Minutes a rencontré Sofiane qui exerce depuis trois ans.

« Femme au volant, accident au tournant ? Vraiment ? Je peux vous dire que je n’ai jamais eu de problèmes contrairement à beaucoup de mes collègues », tranche Sofiane, une conductrice VTC de la région toulousaine et elle n’est pas un cas à part devant son volant. Toulouse est, en effet la ville aux côtés de Nice ayant la proportion de femmes chauffeurs VTC la plus importante, selon une étude de Bolt. La part des femmes chauffeurs y est plus de deux fois supérieure à la moyenne nationale et presque trois fois supérieure à Paris, tout de même.

« On observe que le métier de chauffeur VTC attire de plus en plus de femmes. En deux ans, le nombre de femmes chauffeurs VTC en France a été multiplié par six », explique Guillaume Burland de l’entreprise Bolt. En 2018, selon EureCab, comparateur de prix des chauffeurs privés et taxis les femmes représentaient 6 % des chauffeurs VTC. Un chiffre qui a alors fortement grimpé post-Covid. Cependant, elles restent encore largement sous-représentées dans cette profession, notamment à cause de certaines barrières et préjugés. « Quand j’ai démarré, c’est clairement pour l’argent. J’avais une voiture, j’avais perdu mon emploi et j’ai une petite de 6 ans à ma charge », développe Sofiane qui a dû s’imposer dans ce milieu très masculin, il y a trois ans de cela. « Quand certains veulent t’aider à comprendre toutes les ficelles, les bons plans, tu ne sais jamais si ce n’est pas intérêt derrière ou pas pure gentillesse », insiste cette grande femme aux cheveux longs cachés par l’appui tête de sa berline allemande. « Un joli cadeau de mes parents pour fêter la naissance de ma fille », sourit la chauffeuse Uber, une autre plateforme de VTC.

Des gestes qui peuvent sauver

Cette conductrice de 32 ans, était une des premières à se lancer à Toulouse… « Très honnêtement, si je n’avais pas eu le couteau sous la gorge, je n’aurais pas pris ce métier-là. En tant que femme, même si je peux être plus imposante que la norme, je sais que je peux me mettre en danger, avoue-t-elle. Il ne m’est jamais arrivé rien de grave, heureusement mais maintenant que je vois de plus en plus de femmes au volant d’un VTC, j’essaie de leur donner les bons réflexes à avoir. »

Et c’est petits gestes font de son activité, une nouvelle passion : « Il ne faut prendre aucun homme après 20 heures. Privilégier les familles, les femmes et les bandes d’amis en journée. Surtout, se positionner sur les gares ou aéroport. On évite les hommes insistants, bourrés ou tout simplement dangereux. » Grâce à cela, Sofiane passe ses journées à rendre service, rencontrer des gens, et parler de tout et de rien sans trop d’effort avant d’aller chercher sa petite, « l’amour de ma vie », à l’école. « Je ne pense pas faire ça toute ma vie, mais j’arrive à boucler mes mois, à voir ma fille et à découvrir plein de choses grâce à mes clients », s’enthousiasme la chauffeuse qui n’a pas froid aux yeux. « Le milieu est encore bien misogyne mais c’est prouvé, si plus de femmes conduisaient, il y aurait moins d’accidents », rit-elle arrivée à destination.

Une campagne pour motiver les femmes

Pour permettre davantage de sécurité, donc, Bolt a récemment lancé une campagne intitulée « Women at the Wheel » (Les femmes au volant) qui vise à réduire l’inégalité de la représentation des femmes dans le secteur des transports. Cette campagne met en avant le métier de chauffeur VTC comme une option supplémentaire pour gagner sa vie de manière flexible et indépendante. « Les femmes sont sous-représentées dans de nombreux domaines de la société, mais l’inégalité est particulièrement visible dans le secteur des transports », déclare Julien Mouyeket, directeur général de Bolt en France. « Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles les femmes n’envisagent pas de travailler en tant que chauffeur, et cette campagne vise à sensibiliser à certains préjugés à l’égard des conductrices grâce à des applications comme Bolt. Cela est particulièrement important maintenant que le coût de la vie augmente pour tout le monde. »