Grippe aviaire : Faut-il réduire le nombre d’élevages pour sortir de la spirale infernale ?
pavé dans la mare Selon des chercheurs toulousains, réduire le nombre de fermes à canards dans les communes du Sud-ouest où il y en a le plus permettrait de diviser par trois la diffusion de l’Influenza aviaire
- Voilà trois ans que les épisodes de grippe aviaire se succèdent dans l’Hexagone, entraînant l’abattage préventif de millions de volailles.
- Des chercheurs toulousains démontrent qu’une diminution de la densité des élevages dans les communes du Sud-Ouest qui en abritent le plus pourrait être un moyen efficace de réduire la propagation de l’épidémie.
- Mais ils précisent aussi que cette mesure ne pourrait être que complémentaire d’autres solutions, comme le vaccin ou l’abattage dans les foyers contaminés.
L’abattage de millions de palmipèdes chaque année, l’espoir d’un vaccin efficace et bien accueilli par la filière… Les solutions évoquées pour endiguer les épisodes de grippe aviaire qui ont sévi en France de 2015 à 2017, puis quasiment en continu depuis fin 2020, ne sont pas pléthore. Mais des chercheurs toulousains viennent d’ouvrir une nouvelle voie pour tenter de limiter l’impact de l’influenza aviaire et d’éviter de se demander tous les ans s’il y aura bien du foie gras ou du magret à Noël.
Dans une publication parue lundi dans la revue Veterinary Research, une équipe scientifique mixte de l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) et de l’INRAE* dévoile les résultats obtenus grâce à un modèle mathématique basé sur la propagation géographique de la vague de H5N8 de l’hiver 2016-2017.
Pas de solution miracle
Ces chercheurs, spécialisés dans les « interactions entre hôtes et agents pathogènes » (IHAP) ont testé six scénarios en faisant diminuer progressivement le nombre d’élevages de palmipèdes dans des zones déterminées. « Les résultats des simulations montrent que réduire les densités d’élevages de canards dans les 20 % des communes les plus denses en fermes de palmipèdes diminuerait par trois le nombre d’infections secondaires générées par un élevage infecté », indique l’équipe de l’IHAP dans un communiqué. Réduire le nombre d’élevage dans une zone donnée permettrait donc « fortement de réduire le risque pour l’ensemble de la filière de production de volailles ».
Elever moins pour perdre moins ne serait toutefois pas la solution miracle. « La mise en œuvre de mesures complémentaires telles que l’abattage préventif des élevages à risque ou la vaccination des volailles semblent néanmoins nécessaires », insistent les auteurs de l’étude. Ce nouvel éclairage pourrait bien créer des remous dans l’interprofession.
* Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement