Un rapport documente les violences sexuelles « systémiques » au sein de la communauté de Saint-Jean

religion « La famille Saint-Jean a été contaminée dès son origine par une sorte de ''virus'', (…) malfaisant (…), dont l’effet le plus grave est la propagation d’abus sexuels accompagnés de justifications », résume un rapport publié ce lundi

20 Minutes avec AFP
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Un rapport publié ce 26 juin 2023 souligne le « phénomène d’emprise » et une « culture de l’abus » au sein de la communauté religieuse des Frères de Saint-Jean.
Un rapport publié ce 26 juin 2023 souligne le « phénomène d’emprise » et une « culture de l’abus » au sein de la communauté religieuse des Frères de Saint-Jean. — Rafael MARTINS/AFP

Une « dimension systémique » des agressions et un rôle central exercé par le père Marie-Dominique Philippe, figure du catholicisme. Un rapport de 800 pages a été publié ce lundi soir sur les agressions sexuelles au sein de la communauté religieuse des Frères de Saint-Jean. Après trois ans de travaux, la commission relate, à partir d’archives et de témoignages, « le rôle central direct et indirect » de son fondateur, le père Marie-Dominique Philippe. Marie-Dominique Philippe (mort en 2006) et son frère Thomas Philippe (mort en 1993) avaient développé des théories mystico-sexuelles délirantes.

« Ce rôle fut direct (…) en raison de ses propres abus et parce qu’il a approuvé des situations d’abus ou fermé les yeux », détaillent les auteurs (historiens, théologiens, etc.) du rapport. « Il a eu un rôle indirect par la formation intellectuelle et spirituelle qu’il donnait, parce qu’elle a favorisé chez un certain nombre de frères et sœurs des relations équivoques, des abus spirituels et sexuels », poursuivent-ils. Selon eux, « cette place centrale du père Marie-Dominique Philippe (…) est à l’origine de la dimension systémique des abus qui ont eu lieu dans la famille Saint-Jean ».

Soixante-douze « frères ont commis des abus sexuels »

La famille Saint-Jean compte trois instituts religieux : les Frères de Saint-Jean (422 membres aujourd’hui, fondé en 1975), les Sœurs contemplatives de Saint-Jean (53 membres, fondé en 1982) et les Sœurs apostoliques de Saint-Jean (175 membres, fondé en 1984). A la suite de la révélation de cas de violences sexuelles - dont certains ont été jugés - au sein des « petits-gris » (du nom de l’habit porté par les Frères), la famille Saint-Jean a demandé à une commission pluridisciplinaire de travailler sur l’origine de ces « abus », selon le terme utilisé par la congrégation.



Depuis 1975, année de création de la communauté, « 72 frères ont commis des abus sexuels et 167 victimes de frères ont été dénombrées », indique le rapport. « La majorité des faits ont été commis par des frères prêtres dans le cadre d’un accompagnement spirituel de femmes majeures », ajoutent les auteurs du rapport qui précisent que le terme « abus » recouvre « des faits de nature diverse, allant des paroles de sollicitation à des viols ».

« La famille Saint-Jean a été contaminée dès son origine par une sorte de ''virus'', (…) malfaisant (…), dont l’effet le plus grave est la propagation d’abus sexuels accompagnés de justifications », résume le rapport.