Police : Quelles sont les règles sur les tatouages au sein de l’institution ?
Encré Deux policiers lillois ont été photographiés portant des tatouages populaires dans les milieux suprémacistes blancs
D’année en année, l’encre gagne de la place sur la peau dans la maison bleue. Une circulaire du 12 janvier 2018, signée par le directeur général de la police nationale, l’admet : « bien plus qu’une mode, le port du tatouage est devenu un phénomène culturel et de société ». Et est donc devenu inévitable au sein même de la police, après des années d’interdiction. Mais tous les tatouages sont-ils compatibles avec l’uniforme ?
Mardi, lors de la manifestation contre la réforme des retraites, la photographe Louise Bihan a photographié deux policiers, dont les manches courtes révélaient des tatouages de « valknut », aussi appelé « nœud des occis », une figure composée de trois triangles entrelacés. Derrière ce symbole d’inspiration viking, il y a une reprise politique par toute la mouvance suprémaciste blanche, qui n’a pas manqué d’interpeller la photographe.
Un symbole fasciste ou viking ?
Ayant pris connaissance des faits, la conseillère régionale Sarah Kerrich a contacté l’IGPN, comme le prévoit la circulaire du 12 janvier 2018 sur les tatouages qui seraient « susceptibles de constituer un manquement à une obligation déontologique ». Que dit la police du tatouage sur les motifs autorisés ? « Les tatouages, qu’ils soient permanents ou provisoires, ne sauraient être admis dès lors qu’ils constituent un signe manifeste d’appartenance à une organisation politique, syndicale, confessionnelle ou associative ou s’ils portent atteinte aux valeurs fondamentales de la Nation », indique la circulaire.
En théorie, pas de faucille et de marteau ni de croix catholique donc. Le valknut, qui « fait partie du logo de l’UNIP (Unité des Nationalistes, Identitaires et Patriotes) mouvement néonazi créé en 2016 » et « laisse à croire l’existence d’une "race" blanche occidentale », entre dans cette catégorie pour Sarah Kerrich. « L’enquête déterminera s’il s’agit d’un sigle fasciste ou viking », indique Laurent Lehembre, responsable syndical du Nord pour le syndicat Alliance, à 20 Minutes. « Chez nous, quand quelqu’un affiche des idées fascistes, il est mis à l’écart », assure-t-il.
Assumer à la visite médicale
Par ailleurs, les tatouages visibles mais qui ne sont pas « un signe manifeste d’appartenance » ne doivent toutefois pas « dénaturer ou compromettre la relation du policier avec les usagers », insiste la circulaire, qui recommande que le tatouage soit alors « masqué ». Autrement dit, il n’existe pas clairement de liste de tatouage interdit au sein de la police, ni de partie du corps sur laquelle ils sont particulièrement tabous, mais la consigne générale tend à les rendre invisibles. Mais ils peuvent être éliminatoires d’entrée s’ils contreviennent à la circulaire citée plus haut.
Sur la Foire aux Questions du site devenirpolicier.fr, un gardien de la paix indique d’ailleurs à un candidat qui hésite à camoufler un tatouage sur sa main de ne pas le « dissimuler à l’oral ou à la visite médicale », puisque le médecin posera la question. Il conseille même, en cas de question du jury, « d’expliquer sa signification » et « d’assumer », tout en rappelant les interdits. « C’est assez rare » que la hiérarchie demande ensuite à masquer le tatouage, selon lui. Mais malgré la tolérance récente, ils restent « étroitement surveillés », insiste Laurent Lehembre.