Fonds Marianne : Marlène Schiappa est bien intervenue pour écarter SOS Racisme
intervention Lorsque l’affaire sur le fonds Marianne a éclaté fin mars, Marlène Schiappa s’était vivement défendue de tout manquement
Elle s’est défendue de tous manquements, mais a été rattrapée par les faits. Selon l’ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa, la ministre est bien intervenue pour écarter une association du Fonds Marianne de lutte contre le séparatisme, interrogé mercredi par une commission parlementaire. Lancé le 20 avril 2021 par l’ancienne ministre déléguée à la Citoyenneté, ce fonds, initialement doté de 2,5 millions d’euros, visait à financer des associations portant des discours de promotion des valeurs de la République pour lutter contre le séparatisme.
Sébastien Jallet était auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur ce fonds controversé, au lendemain de la démission de Christian Gravel, le patron du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), structure administrative gérant ce fonds au sein du ministère de l’Intérieur.
SOS Racisme dans le pif de Schiappa
Le comité de sélection des projets, qui s’est tenu le 22 mai 2021 et auquel n’a pas participé Marlène Schiappa, « a pour l’essentiel validé les propositions faites par l’administration », donc par le CIPDR, a assuré Sébastien Jallet. Celui-ci a toutefois concédé qu’un dossier avait par la suite reçu un « arbitrage défavorable de la ministre », sans citer le nom de l’association.
Selon Mediapart, il s’agit de SOS Racisme. Interrogé par l’AFP mercredi, son président Dominique Sopo a indiqué que cela ne faisait pas de doute. « On avait appris au printemps 2021, oralement par un contact qu’on allait nous accorder 100.000 euros. Puis après, plus de son, plus de lumière. On n’a pas eu de subvention », a-t-il affirmé.
Selon lui, « l’audition de Sébastien Jallet recoupe ce qu’on nous avait dit à l’époque » pour expliquer le refus : un « contentieux » personnel entre lui et la ministre après qu’il a signé une tribune collective publiée dans un quotidien et initiée par la Ligue des droits de l’Homme critiquant la loi dite « contre le séparatisme ». Sébastien Jallet, lors de son audition, a en effet expliqué cette « décision de non-sélection sur cette association » par une « mise en cause » de la ministre par « voie de presse ».
Traitement privilégié
Lorsque l’affaire sur le fonds Marianne a éclaté dans plusieurs médias fin mars début avril, Marlène Schiappa s’était vivement défendue de tout manquement. Cet interventionnisme est en contradiction avec l’une des conclusions du rapport de l’Inspection générale de l’administration (IGA) publié mardi. Celui-ci note que selon les « témoignages », « la ministre déléguée s’est effacée du processus, une fois passé le lancement officiel » le 20 avril.
Devant le Sénat, Sébastien Jallet a par ailleurs démenti tout favoritisme envers la principale association bénéficiaire, l’USEPPM (Union fédérative des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire). « Le projet de l’USEPPM n’est pas un projet que le cabinet et moi-même sommes allés chercher », a-t-il assuré.
Mohamed Sifaoui, l’un des deux responsables de l’USEPPM, avait pourtant assuré en avril qu’il avait été encouragé à postuler « par les membres du cabinet de Mme Schiappa et par elle-même ». L’IGA, mardi, a dénoncé le « traitement privilégié » accordé par Christian Gravel à cette association. La commission sénatoriale auditionnera Mohamed Sifaoui mardi et Mmes Schiappa et Backès le 14 juin.