Corse : Le programme d’investissements a permis en vingt ans un « rattrapage », selon la Cour des comptes

SATISFECIT La Première ministre pointe toutefois en annexe du rapport que ce projet à 2 milliards d’euros a laissé certains secteurs de côté

20 Minutes avec AFP
Le cordon lagunaire de la Marana, à Biguglia, près de Bastia, en Haute Corse.
Le cordon lagunaire de la Marana, à Biguglia, près de Bastia, en Haute Corse. — J. Saint-Marc

Le programme exceptionnel d’investissements en faveur de la Corse (PEI) a permis une « forme de rattrapage » dans le développement d’infrastructures sur l’île, même si certaines lacunes, notamment sur la gestion des déchets, perdurent, estime la Cour des comptes dans une évaluation publiée jeudi.

La Cour des comptes a également salué « une réussite » en matière de « co-construction entre l’Etat et la Collectivité de Corse » qui ont partagé la gouvernance de ce projet ayant permis l’engagement de 2 milliards d’euros d’investissements, dont 70 % financés par l’Etat, entre 2002 et 2022. « Le PEI est, et fut, une réponse apportée par l’Etat à un retard de développement de la Corse » et a constitué une « avancée de taille » dont « il ne faut pas perdre les acquis », a souligné jeudi Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes lors d’une conférence de presse.

Transports et assainissement en premier lieu

Un satisfecit tempéré par la Première ministre Élisabeth Borne dans sa réponse à la Cour des comptes, publiée en annexe du rapport, pointant des projets et des secteurs laissés de côté. « Le Gouvernement demeure très réservé quant à l’efficience de la gouvernance partagée entre l’Etat et la Collectivité de Corse qui s’est pratiquée tout au long du PEI », a-t-elle ainsi écrit. Selon la Cour, la majorité des près de 700 opérations ont été dédiées à l’amélioration des infrastructures liées aux transports et à l’assainissement de l’eau, qui « nécessitaient un rattrapage ».

Le PEI a également « accompagné la croissance économique et démographique » de la Corse, alors que la population de l’île a augmenté de près d’un tiers ces vingt dernières années, en soutenant notamment le secteur du BTP, estime-t-elle. Néanmoins, certains enjeux comme la gestion des déchets ont été laissés de côté (seuls 2 % du coût des opérations), en raison d’une absence d’accord entre les acteurs locaux ou faute d’avoir occupé une place centrale dans les politiques publiques, relève le rapport.

Le programme s’est concentré sur « ce qui était urgent plutôt que ce qui était indispensable à long terme », a résumé Pierre Moscovici, appelant à prendre en compte les recommandations du rapport pour les investissements futurs. Ce programme, « exceptionnel » du fait de sa validation par le Parlement, du montant élevé des investissements et de sa longue durée, selon le rapport, avait été instauré par la loi du 22 janvier 2002 relative à la Corse, après le constat de retards en matière de développement du territoire.