Montpellier : La ville, l’Etat et la fondation Abbé-Pierre main dans la main pour résorber les bidonvilles
PAUVRETÉ Une convention vise à éviter, dans la capitale héraultaise, de nouvelles expulsions sans lendemain, qui avaient consterné les associations, en 2021
- La métropole de Montpellier a acté ce jeudi la signature d’une convention, qui engage la collectivité, les services de l’Etat et la Fondation Abbé-Pierre à réfléchir, ensemble, à une résorption durable des bidonvilles sur le territoire métropolitain.
- Ça n’a pas toujours été le cas : en 2021, les associations avaient dénoncé l’évacuation manu militari par les forces de l’ordre de deux campements de fortune, ceux du Zénith et du Mas Rouge, sans qu’elles n’aient été consultées.
- Dans la métropole de Montpellier, aujourd’hui, environ 550 personnes vivent dans une dizaine de bidonvilles, notamment au Millénaire ou au Zénith.
Se parler, pour éviter les expulsions sans lendemain. Ce jeudi, le conseil métropolitain de Montpellier (Hérault) a acté la signature d’une convention, qui engage la collectivité, les services de l’Etat et la Fondation Abbé-Pierre à réfléchir, ensemble, à une résorption durable des bidonvilles. Une démarche complexe, qui préoccupe bon nombre de métropoles, en France. Mais ce partenariat, à Montpellier, ce n’est pas une paperasse administrative de plus. Pour les associations, c’est la garantie que plus aucune expulsion ne sera menée dans la métropole sans qu’il y ait eu, en amont, un travail de fond.
Car ça n’a pas toujours été le cas. Au mois de septembre 2021, les associations avaient dénoncé l’évacuation manu militari par les forces de l’ordre de deux campements de fortune, ceux du Zénith et du Mas Rouge, en huit jours, sans qu’elles n’aient été consultées. Des expulsions « inutiles », car les occupants sont jetés à la rue, et construisent d’autres bidonvilles, déplorait auprès de 20 Minutes le responsable local d’une association. Et surtout, « traumatisantes », notamment pour les plus jeunes.
Eviter que « l’on se retrouve avec un nouveau bidonville, quelques mètres plus loin »
Cette convention nouvelle vise « à ne pas se retrouver dans les situations que l’on a connues par le passé d’expulsions d’un bidonville, et "Vite, vite, il faut trouver des solutions" », explique Clara Gimenez (PCF), la vice-présidente de la métropole en charge de la cohésion sociale. Cette réflexion en amont, initiée par les associations, a pour objectif d’éviter que « l’on se retrouve avec un nouveau bidonville, quelques mètres plus loin, en trouvant des solutions durables pour ces personnes », poursuit l’élue.
« L’objectif, c’est de travailler tous ensemble, avec, aussi, les habitants des bidonvilles, pour une vraie résorption des bidonvilles, et pas de simples expulsions », confie à 20 Minutes Sylvie Chamvoux, la direction régionale de la fondation Abbé-Pierre. Identifier les logements vacants, proposer aux occupants des habitats transitoires, puis durables, pour qu’il n’y ait plus un seul bidonville dans la métropole dans les prochaines années, c’est la feuille de route de ce vaste projet. « On va se donner le temps, note Sylvie Chamvoux. Car à Montpellier, il y a peu de logements disponibles, c’est très compliqué. Cela passera donc, d’abord, par l’amélioration des conditions de vie dans certains bidonvilles, parce qu’ils ne pourront pas tous être résorbés dans les trois années qui arrivent. »
Dans la métropole de Montpellier, aujourd’hui, environ 550 personnes vivent dans une dizaine de bidonvilles, notamment au Millénaire, au Zénith, près du domaine Bonnier de la Mosson, au Mas de Saporta, près d’Ikea ou à Maurin. Le bidonville de Celleneuve, l’un des plus grands de la ville, occupé par plus de 200 personnes, a été résorbé, ces derniers mois. Une cinquantaine de personnes ont pu accéder à un logement, et 164 ont été accueillies dans un « village de transition », à la Rauze, en attendant de trouver un toit plus durable. Ce sont ces résultats, encourageants, qui ont conduit les associations, les collectivités et les services de l’Etat à se (re)mettre autour d’une même table.