Airbnb à Marseille : Dégradations, agressions… « aujourd’hui, les proprios ont peur »

TENDU A Marseille, les contestations autour des meublés de tourisme, soupçonnés d’accroître la pression sur un marché immobilier déjà tendu et de dénaturer des quartiers se font plus prégnantes

Alexandre Vella
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Tag sur les murs de logements airbnb du quartier du Panier à Marseille.
Tag sur les murs de logements airbnb du quartier du Panier à Marseille. — PHILIPPE MAGONI/SIPA
  • Il y aurait un peu plus de 11.000 logements Airbnb à Marseille, dont 5.000 réservés uniquement à cette activité.
  • Ces dernières semaines, des propriétaires rapportent des agressions de voyageurs, des dégradations de logements et des tags hostiles.
  • L’inquiétude point chez les propriétaires et acteurs de cette économie.

« Mort aux valises à roulette », suggère une affiche dans le quartier de la Plaine. « Airbnb assez dehors ! », « Bobo dehors », poursuivent des tags sur des murs du Panier, un quartier historique et touristique. A Marseille, les contestations autour des meublés de tourisme, soupçonnés d’accroître la pression sur un marché immobilier déjà tendu et de dénaturer des quartiers se font plus prégnantes. Fin mars, un logement Airbnb du quartier de la Plaine a été vandalisé, rapportait La Provence.

« Aujourd’hui les propriétaires ont peur », affirme le gérant d’une conciergerie du quartier du Panier qui préfère garder l’anonymat. « Il y a des dégradations, des tags, des agressions de voyageurs », soutient-il, illustrant ce dernier fait par l’histoire d’un touriste, arrivé il y a deux mois à 23 heures dans le hall de l’immeuble de son logement pour le week-end et pris à partie par une poignée d’individus. « Un collègue faisait également état d’un appartement où tous les siphons et interrupteurs avaient été démontés et volés, immobilisant le logement pour quelque temps », enchaîne-t-il.

Un épiphénomène ?

S’il ne nie pas qu’il puisse exister des logements « machines à fric », il préfère relativiser. Selon la mairie, il y aurait 11.000 logements Airbnb à Marseille, dont 5.000 seraient affectés uniquement à cette activité. « Cela représente 1 % du parc de logements de Marseille. Est-ce vraiment cela qui pose problème lorsqu’il existe des centaines d’immeubles en arrêté de péril ? », interroge celui qui considère qu’Airbnb « cristallise les tensions ».

Du côté du club des hôtes Airbnb de Marseille, l’inquiétude se fait moins vive. « Il y a eu un logement vandalisé, un acte isolé apparemment. Je n’ai pas entendu d’histoire similaire », indique Yannick Nobile, représentant du collectif qui regroupe environ 1.000 membres. Lui se soucie davantage du contexte « Airbnb bashing », alors que des événements d’envergures se profilent pour la ville de Marseille. « Il va y avoir la coupe du monde de Rugby, les JO… Et des retombées économiques importantes qui feront du pouvoir d’achat pour les Marseillais ».

Reste que ce climat autour des meublés de tourisme à l’approche de ces événements suscite des réactions. Selon des propos rapportés, une réunion informelle aurait eu lieu en mairie il y a une poignée de semaines entre des acteurs du monde Airbnb de Marseille et les équipes de l’adjoint en charge de la sécurité à la ville. Avec 2,4 millions d’euros de taxes de séjours collectés par la plateforme, la ville de Marseille, qui planche par ailleurs sur une évolution de sa réglementation, est la seconde agglomération française la mieux rémunérée par Airbnb, après Paris (21 millions d’euros).