Rennes : « C’est imbattable comme prix »… Avec l'inflation, la cueillette à la ferme séduit de plus en plus
POUVOIR D’ACHAT Face à la hausse des prix, de plus en plus de familles viennent cueillir elles-mêmes leurs fruits et légumes, comme à la ferme de la Réauté, aux portes de Rennes
- Avec la hausse des prix des fruits et des légumes dans le commerce, les lieux de cueillette attirent de plus en plus de familles, comme à la ferme de la Réauté, près de Rennes.
- Les clients viennent aussi pour le plaisir de cueillir eux-mêmes, avec la garantie de produits frais et locaux.
« C’est parti, on s’accroche et on y va ! » Son petit-fils bien installé dans la brouette, Muriel est fin prête pour partir à l’assaut de la vingtaine d’hectares ouverts à la cueillette à la ferme de la Réauté, à Thorigné-Fouillard, à l’est de Rennes (Ille-et-Vilaine). A l’entrée, un grand panneau indique les légumes et les fruits qui sont actuellement disponibles, ainsi que les prix à la pièce ou au kilo. A cette période de l’année, les cueilleurs ont le choix entre des carottes, des pommes de terre nouvelles, des fèves, des courgettes ou des concombres.
Mais les stars du printemps, ce sont bien sûr les fraises, vendues 5,05 euros le kilo. Son panier rempli de fruits rouges à la chair tendre et sucrée, Annie, venue en voisine, s’en tire à la caisse pour un peu plus de 13 euros. « C’est imbattable, comme prix, donc j’en ai profité pour faire le plein pour faire des confitures, indique la retraitée. En plus, elles sont délicieuses, pas comme les saloperies que l’on trouve parfois dans le commerce », ajoute son mari.
« J’éduque mon fils sur la saisonnalité des produits »
Comme ce couple, de nombreuses familles ont profité de ce mercredi ensoleillé de mai pour venir cueillir elles-mêmes leurs fruits et légumes à la ferme, rachetée en 2010 par Jean-Claude Ferron. « On oublie qu’on est tout près de Rennes, assure le maraîcher. Les gens en profitent donc pour passer un bon moment en famille à la campagne. » Occupée à ramasser des carottes, Amélie vient régulièrement avec son fils Axel. « On n’a pas forcément un grand jardin donc on vient ici pour cueillir, témoigne la mère de famille. J’en profite pour éduquer mon fils sur la saisonnalité des produits. »
Un moment privilégié, donc, mais aussi une bonne affaire pour le portefeuille. Car, à la ferme de la Réauté, comme dans tous les autres lieux de cueillette, les prix sont nettement moins chers qu’au marché ou dans les grandes surfaces. « Ce n’est pas forcément pour cela que l’on vient en premier mais c’est toujours un petit plus », souligne Amélie. Avant même que l’inflation ne s’invite dans notre quotidien, la ferme de Jean-Claude Ferron avait déjà été prise d’assaut pendant la pandémie de Covid-19. « On a eu une fréquentation exceptionnelle, c’était même compliqué à gérer au début, se souvient le maraîcher. Cela s’est un peu estompé depuis mais il y a toujours plus de monde qu’avant, notamment en raison de la hausse des prix. »
« Un vrai plaisir de cueillir soi-même »
Devant faire tourner une boutique de 13 salariés, Jean-Claude Ferron a lui aussi vu ses charges s’envoler avec la flambée des prix de l’énergie et des matières premières. Il n’a donc pas eu d’autre choix que d’augmenter le prix de ses légumes et de ses fruits. « Mais on a fait l’effort de limiter cette hausse à seulement 10 % », assure-t-il. Pas de quoi faire fuir les fidèles, comme Maëva. « Cela reste toujours économique, surtout quand on a des enfants, témoigne cette habitante de Saint-Grégoire. Et puis c’est un vrai plaisir de cueillir soi-même ses fruits et légumes. On sait d’où viennent les produits et on a la certitude qu’ils sont frais. »
La bouille barbouillée de fraises, Théo, 5 ans, n’a d’ailleurs pas fait qu’en cueillir. « On en mange quelques-unes en ramassant, cela fait partie du petit plaisir de la cueillette », sourit sa grand-mère. Mais attention, tout de même, où l’on met les pieds. « On doit parfois faire des rappels à l’ordre, car on a des gens qui piétinent les cultures. Mais dans l’ensemble, cela se passe plutôt bien », indique Jean-Claude Ferron. Ouverte mi-mai, la saison de la cueillette se terminera fin octobre à la ferme de la Réauté.