Gironde : Pourquoi la quête d’un logement adapté au handicap risque-t-elle de devenir compliquée ?

Accessibilité Voilà près de trente ans que le GIHP œuvre pour l’accès à des logements adaptés aux personnes en situation de handicap en Gironde. Mais l’organisme pourrait bien ne plus assurer ce service, faute de financement

Nelio Da Silva
Le GIHP pourrait bien ne plus assurer les services qu'il propose, faute de financement.
Le GIHP pourrait bien ne plus assurer les services qu'il propose, faute de financement. — A. GELEBART / 20 MINUTES
  • Depuis près de trente ans, le GIHP œuvre pour l’accès à des logements adaptés des personnes en situation de handicap.
  • En Gironde, 400 à 450 demandes de logement adaptés sont déposées chaque année.
  • Mais les jours de l’antenne Aquitaine de l’organisme sont comptés, en raison d’une diminution des financements.

« C’est déjà l’enfer de trouver un appartement en ville, alors quand on est en situation de handicap ce n’est même pas la peine. » Martin Petit, tétraplégique depuis un accident survenu en 2017 raconte le parcours du combattant qu’a été sa recherche d’un appartement adapté. « Avant, j’étais dans un logement du Crous et l’ascenseur est tombé en panne, je suis resté bloqué chez moi pendant trois semaines », se souvient-il avant de plaisanter sur un « confinement avant que ce soit la mode ». Et de se souvenir de ce qui avait débloqué sa situation : « On m’avait conseillé de me rapprocher du GIHP et je dois dire qu’ils avaient été très efficaces et agréables avec moi. »

« C’est vertueux pour tout le monde »

Le Groupement pour l’Insertion des personnes Handicapées physiques œuvre pour permettre aux personnes en situation de handicap de gagner en autonomie et d’avoir une vie sociale épanouie. « Selon les situations, ouvrir une porte ou aller aux toilettes est impossible, relève Hervé Parra, son directeur général en Aquitaine. Alors, nous sommes là pour trouver des logements les plus adaptés en fonction des situations. »

Pour ce faire, le groupement gère une plateforme qui recense les logements adaptés en Gironde et met en relation les demandeurs avec les bailleurs. « C’est vertueux pour tout le monde, on rend à la fois service aux gens et aux bailleurs, se félicite Hervé Parra. On œuvre aussi dans le maintien dans le logement en rendant accessibles ceux qui ne conviennent plus, pour une personne âgée par exemple. Et nous conseillons aussi les bailleurs qui souhaitent construire des logements adaptés. » Et si Martin Petit a trouvé son bonheur grâce à l’organisme, il craint que d’autres ne puissent plus en profiter.

Entre 400 et 450 demandes supplémentaires par an

« Le problème, c’est que cela devient de plus en plus compliqué à trouver des sources de financements », déplore Hervé Parra qui redoute de ne plus pouvoir assurer la pérennité du GIHP. Principale source de financement, la Conférence des financeurs pour la prévention de la perte d’autonomie accorde de moins en moins de fonds au GIHP. « Il y a deux ans, nous avions demandé près de 230.000 €, l’an dernier, on nous avait accordé 120.000 € et cette année on nous a annoncé moins de 100.000 €. » La faute à l’augmentation du nombre de projets pris en charge par la conférence, sous l’égide du département.

Chaque année, le GIHP reçoit 400 à 450 nouvelles demandes en Gironde.  « Si demain on est amené à fermer, ce serait dramatique, personne n’aidera les gens à trouver des logements adaptés », prévient Hervé Parra.




Pour l’heure, le directeur a rencontré différents financeurs potentiels, mais affirme ne pas encore avoir eu de retour positif et compte sur les dons faits sur le site Internet du GIHP. « Il faut que le territoire girondin garde son avance en la matière », peste le dirigeant. A Bordeaux, même si le vélo à la cote, rétropédaler ne doit pas être à l’ordre du jour.