Policiers tués à Villeneuve-d’Ascq : Contrôles, retard et image... Une cérémonie émouvante et très très encadrée

Hommage En présence du président de la République, un hommage national a été rendu aux trois policiers du commissariat de Roubaix, tués dimanche par un chauffard. Une cérémonie sobre, émouvante, digne et particulièrement millimétrée

Mikaël Libert
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Le président de la République, Emmanuel Macron, lors de la cérémonie d'hommage national aux trois policiers de Roubaix tués à Villeneuve-d'Ascq par un chauffard.
Le président de la République, Emmanuel Macron, lors de la cérémonie d'hommage national aux trois policiers de Roubaix tués à Villeneuve-d'Ascq par un chauffard. — M.Libert / 20 Minutes
  • Jeudi, à Roubaix, le président de la République a rendu un hommage national aux trois policiers morts en service, dimanche, à Villeneuve d'Ascq.
  • Tous trois ont été élevés au grade de capitaine et ont reçu, à titre posthume, la médaille du courage et les insignes de la légion d’honneur. Dans son discours, le chef de l’Etat a « dénoncé les comportements irresponsables qui tuent ».
  • Et si les déplacements présidentiels ont toujours été particulièrement encadrés, on sent que, depuis la fronde contre la réforme des retraites, le niveau est monté d’un cran.

Tués en service alors qu’ils convoyaient une victime pour des examens médicaux, les trois gardiens de la paix du commissariat de Roubaix ont eu droit, ce jeudi, à un hommage national à la hauteur de leur sacrifice. La hâte avec laquelle l’Elysée a organisé le déplacement d’Emmanuel Macron ne s’est pas ressentie dans le déroulé de la cérémonie, et la solennité du moment a fait le reste. En revanche, il planait dans l’air un sentiment impalpable, une tension qui allait au-delà du recueillement qu’impose un tel drame.

Si les déplacements présidentiels ont toujours été particulièrement encadrés, on sent que, depuis la première manifestation contre la réforme des retraites, le niveau est monté d’un cran. La cérémonie se déroulait dans l’enceinte hermétique de l’école nationale de police de Roubaix, mais c’est le quartier entier qui a été bouclé dès le début de matinée, l’arrivée d’Emmanuel Macron n’étant prévue qu’à 11 heures. Anonymes souhaitant assister à l’hommage et journalistes devaient arriver avant 10 heures, le temps de passer les contrôles de sécurité et le déminage. Cela fait, les uns ont été parqués sur le parking de l’école, devant un écran géant, tandis que les autres ont patienté dans une salle de presse avec interdiction de s’en écarter.

Des familles particulièrement protégées

Le déroulé de la cérémonie était donc millimétré, seule l’heure de début ayant été bouleversée par le retard du président. Au briefing, les journalistes sont prévenus : une fois un spot choisi, place d’armes ou zone de retransmission sur grand écran, il ne serait plus possible de bouger. Logiquement, l’Elysée a insisté sur la « demande expresse des familles » de victimes de ne pas être filmées, photographiées, interrogées, approchées, « ni même décrites par les rédacteurs ». Tout aussi logiquement, le moment d’intimité partagé entre les familles endeuillées et Emmanuel Macron s’est déroulé à huis clos.


Sur la place d’armes, immense, quelque 500 policiers, gendarmes et pompiers, avaient pris leurs marques. Sous deux tonnelles, hors du champ de vision des journalistes, avaient été rassemblés les proches des trois victimes. Portées par leurs camarades du commissariat de Roubaix, les dépouilles des trois policiers ont été disposées face à l’estrade présidentielle, dans des cercueils recouverts de drapeaux tricolores. 

Dès que le président est arrivé, la cérémonie a pu commencer. C’était aussi le signe qu’il était désormais interdit de filmer, même avec un téléphone portable. Et l'Elysée d'expliquer que le dispositif de captation vidéo avait été spécialement étudié pour que les familles n’apparaissent à aucun moment à l’écran. Les images, officielles, seraient disponibles à l’issue de l’hommage.

« On assiste à une banalisation de la violence »

Néanmoins, de loin, la presse a pu apercevoir le président. Passer les troupes en revue d’abord avant de livrer un discours emprunt d’émotion et de fermeté. « Devant la douleur de leurs familles, devant la peine de leurs collègues, devant le deuil des Français, il faudrait que le silence suffise », a commencé le président, avant de « dénoncer les comportements irresponsables qui tuent ». Emmanuel Macron n’a pas redit le mot tant commenté, « décivilisation ». Mais à l’issue de l’hommage, une déléguée du syndicat Unité SGP Police est allée dans le sens du chef de l’Etat : « On assiste à une banalisation de la violence, gratuite, et ça touche tout le monde, police, pompiers, professions médicales. » « Ce chauffard est un criminel », a-t-elle ajouté.

Et voici que, désormais, la France compte de nouvelles pupilles de la Nation et trois nouveaux héros à titre posthume. « Comme trop de nos agents publics emportés ainsi dans l’exercice de leurs missions ces dernières années », a déploré Emmanuel Macron. Elevés au grade de capitaine de police, parés de leurs médailles du courage et des insignes de la légion d’honneur, les policiers s’en sont allés rejoindre leur dernière demeure, portés par la marche funèbre de Chopin et suivis par leurs proches. 



On ne saura jamais qui a poussé ce hurlement, surgi de nulle part, après que les cercueils ont quitté la place d’Armes. Les uniformes se sont dispersés, le matériel a été remballé. Il aura fallu attendre encore plus d'une heure, et le départ du président, pour que les verrous sautent et que l'on puisse quitter l’enceinte de l’école.