« On est une famille Croix-Rouge »… Marie, Didier et leur fille Marine sont tous les trois bénévoles
PORTRAIT Le couple s’est rencontré à l’association et a transmis son goût de l’engagement à sa fille
- A la veille des journées nationales de la Croix-Rouge, du 3 au 11 juin, où les bénévoles sont mobilisés pour collecter des dons, 20 Minutes a rencontré une famille formidable.
- Marie, Didier et leur fille Marine sont tous les trois secouristes à la Croix-Rouge.
- Les missions alternent du plus joyeux, la finale de la Coupe du monde 1998, au plus dramatique, l'attentat du Bataclan en 2015.
Le bénévolat comme fil rouge de leur histoire familiale. Marie, Didier et leur fille Marine sont tous les trois secouristes à la Croix-Rouge. Un engagement devenu au fil du temps une passion. « C’est rare que, pendant un repas, on ne parle pas de l’association. Quitte à agacer un peu nos deux autres filles, qui ne sont pas bénévoles », confie en souriant Marie.
Pour Didier, l’aventure a commencé il y a trente-deux ans. « J’ai suivi une formation aux premiers secours à la Croix-Rouge. Et ça a été une révélation, j’ai eu immédiatement envie de m’engager », raconte-t-il. Deux ans plus tard, Marie lui emboîte le pas, car elle a besoin d’une formation en secourisme pour animer un camp en tant que cheftaine scoute : « J’avais 19 ans, Didier 24, et ça a été le coup de foudre. On a fait une garde ensemble, on a bu un verre après, pour ne plus se quitter ensuite. Et j’ai rejoint Didier à l’unité locale de Vaucresson, car c’était une évidence de m’engager ». Trente ans plus tard, leur histoire d’amour dure toujours, et ce qu’ils vivent en tant que bénévoles participe à cimenter leur couple : « C’est une source de partage et d’échange », commente pudiquement Didier.
Didier est intervenu au Bataclan
Même si leurs vies professionnelles sont bien chargées, Didier étant responsable juridique dans une compagnie d’assurances et Marie, secrétaire médicale, chacun d’eux consacre une bonne part de son temps libre à l’association. Didier a même assumé la responsabilité de président de l’unité locale pendant neuf ans. Marie, elle, n’a jamais fait de pause associative, même lorsqu’elle était enceinte. Et elle a enchaîné les postes à l’association, en étant tour à tour directrice locale adjointe de l’unité de Vaucresson, secrétaire et vice-présidente de l’antenne…
Pour préserver l’équilibre familial, Didier se consacre à ses missions de secouriste plutôt en semaine et Marie, le week-end. Et si on les appelle en renfort et que certaines missions présentent des risques, le couple prend bien soin de ne pas y participer ensemble. Comme le soir du 13 novembre 2015. « Je suis intervenu au Bataclan, mais Marie est restée à la maison. J’ai secouru des blessés dans un restaurant près de la salle de concert, où ils avaient été rapatriés. Ce sont des images qui restent », confie Didier. Mais toutes les missions ne sont pas aussi dramatiques : « Je me souviens de la finale de la coupe du monde 1998. Nous étions au Stade de France, les supporteurs nous embrassaient. C’était hyper joyeux et ça n’a pas castagné, donc nous n’avons pas eu à gérer de cas très lourds », évoque Marie.
« Le bénévolat, c’est l’école de la vie »
Le fait d’être tous deux bénévoles leur permet aussi de comprendre les contraintes de l’autre : « On ne va pas râler quand l’autre rentre tard, car on sait que les heures de garde sont extensibles. On peut débriefer ensemble nos interventions et réviser nos connaissances de secourisme tous les deux », souligne Marie.
Leurs valeurs humanistes, leur envie d’aider les autres, Marie et Didier les ont transmis à leurs trois filles. « On est une famille Croix-Rouge, déclare Marie. Nos trois filles, on les amenait avec nous aux formations, aux collectes alimentaires dans les supermarchés. Et depuis qu’elles sont petites, elles connaissent tous les bénévoles qui travaillent avec nous », explique Marie. Pas étonnant donc qu’ils aient donné le goût de l’engagement à Marine, 20 ans. « J’ai eu le déclic le soir du 13 novembre 2015. J’avais 12 ans à l’époque, mais j’étais frustrée de ne pas pouvoir aider. Alors, dès que j’ai eu l’âge requis, 16 ans, j’ai suivi une formation aux premiers secours et je suis devenue bénévole », raconte-t-elle. Des missions qui sont complémentaires aux études d’infirmière qu’elle suit. « Cela comble mon besoin de me sentir utile. Et le bénévolat, c’est l’école de la vie », analyse-t-elle.
« On forme une équipe très soudée »
Lorsqu’elle fait des gardes, Marine se retrouve parfois avec l’un de ses parents : « On est appelé par le Samu pour visiter des personnes qui éprouvent des douleurs thoraciques, ont fait des malaises, ont une suspicion d’AVC… Avant qu’elles soient prises en charge à l’hôpital si besoin », raconte-t-elle. Petite frustration : les bénévoles ne savent généralement pas ce que deviennent les personnes qu’ils ont accompagnées : « Ça nous arrive de recevoir une lettre ensuite, mais c’est très rare », explique la jeune fille.
Parfois aussi, les secouristes arrivent trop tard. « Je me souviens d’une personne dont le cœur n’est pas reparti après un arrêt. C’est forcément marquant, mais nous avons toujours un accompagnement psy après les interventions difficiles », précise Marine. Et de retour chez elle, la jeune fille a quatre oreilles disponibles pour l’écouter : « On forme une équipe très soudée », souligne-t-elle. On avait remarqué.
Ce samedi, Adriana Karembeu, ambassadrice de l’association, accompagnée de Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française, lancera la semaine de quête (jusqu'au 11 juin), Paris, jardin Nelson-Mandela à 10h00. Puis ils se rendront à Lille, place du Théâtre à 15h30.