Bretagne : « Des conditions indignes… » Un maire refuse d’accueillir un centre d’hébergement de sans-abri parisiens

POLEMIQUE A Bruz, au sud de Rennes, l’Etat prévoit d’installer un centre d’accueil temporaire pour héberger des demandeurs d’asiles, des réfugiés ou des personnes vivant à la rue en Île-de-France

Jérôme Gicquel
Depuis quelques semaines, des familles de migrants vivent dans des tentes dans un parking près de l'Arc de Triomphe à Paris.
Depuis quelques semaines, des familles de migrants vivent dans des tentes dans un parking près de l'Arc de Triomphe à Paris. — Emmanuel Dunand / AFP
  • Pour désengorger l’Ile-de-France, l’Etat ouvre des « sas » d’accueil en région pour héberger des personnes vivant sans abri dans la capitale.
  • Une structure d’accueil de ce genre doit ouvrir à la rentrée de septembre à Bruz au sud de Rennes mais le maire de la commune n’y est pas favorable.
  • Philippe Salmon assure que le site retenu par l’Etat est dangereux et pollué et que les conditions d’accueil de ces personnes sont « indignes. »

Le projet, révélé en mars par 20 Minutes, vise à répartir des sans-abri venus de Paris en province pour désengorger la capitale. Dans une logique de solidarité nationale, dix « sas » d’accueil doivent voir le jour en région pour héberger des demandeurs d’asiles, des réfugiés ou des personnes vivant à la rue en Île-de-France. C’est déjà le cas dans sept régions et ce le sera bientôt en Bretagne. Dans les prochains jours, cinquante personnes, toutes volontaires, quitteront ainsi Paris en bus pour être « mises à l’abri » dans un hôtel désaffecté à Montgermont au nord de Rennes (Ille-et-Vilaine).

Sur place, elles seront prises en charge par une association pour une durée de trois semaines, le temps d’examiner leur situation, avant d’être dispatchées dans les quatre départements bretons. « Une solution leur sera proposée en fonction de leur situation administrative », précise Matthieu Blet, secrétaire général adjoint de la préfecture d’Ille-et-Vilaine. Selon les profils, il pourra s’agir de places dans des centres pour demandeurs d’asile ou dans des structures d’hébergement d’urgence. « Mais le projet vise à trouver des solutions de logement pérenne », assure le représentant de l’État.

Le « sas » d’accueil implanté sur un terrain pollué

Cela démarre en tout cas mal en Bretagne. L’hôtel de Montgermont n’est en effet qu’un lieu provisoire. A la rentrée de septembre, un nouveau « sas » d’accueil avec des logements modulaires doit ainsi être installé sur un terrain appartenant à la SNCF à Bruz, au sud de Rennes. Le problème est que le maire y est opposé, jugeant les conditions d’accueil « indignes. » Élu écologiste, Philippe Salmon critique notamment le choix du terrain, jouxtant la voie ferrée, « ce qui pose des problèmes de sécurité mais aussi des nuisances sonores pour ces personnes. »

Le terrain en question se révèle surtout « pollué par des hydrocarbures et des métaux lourds, ce qui risque d’entraîner des problèmes de salubrité et de potentiels empoisonnements des résidents, en particulier des enfants, puisque des familles pourraient y être accueillies », dénonce le maire dans un communiqué.

Des personnes prises en charge par une association

Matthieu Blet, présent lundi soir au conseil municipal de Bruz pour présenter le projet, se défend. « Le lieu sera clos et sécurisé et l’association intervient déjà sur des terrains appartenant à la SNCF », assure-t-il. Quant à la pollution des sols, il attend de « connaître les préconisations de l’Agence régionale de santé » pour se prononcer.



Le maire de Bruz s’alarme aussi du sort qui attend ces personnes « après le passage en sas » mais aussi des conditions d’accueil sur place. « Ces personnes bénéficieront bien d’un repas et seront prises en charge par l’association, répond le secrétaire général adjoint de la préfecture. Et cela ne pèsera pas sur les services sociaux de la collectivité. » Après les épisodes de Callac et de Saint-Brévin, ce projet d’accueil de migrants ne devrait en tout cas pas manquer de susciter des réactions dans la commune bretonne.