Doubs : Des écoliers composent une chanson en hommage à leur camarade ukrainienne, « un modèle d’intégration »
guerre Arrivée en mars 2022 de la ville de Tokmak, Anastasia a été « très bien accueillie » dans le Doubs. Dernière illustration en date, une chanson a été composée avec et pour elle de la part des élèves et de son professeur des écoles
- Des élèves d'une école du Doubs ont écrit, avec leur professeur, une chanson dédidée à leur camarade ukrainienne arrivée l'an dernier.
- « J’aime bien, et les enfants aussi, aborder des thèmes utiles et intéressants », explique l'enseignant à l'origine du projet, Antoine Boguet.
- Anastasia, 11 ans, a participé à l'écriture de la chanson et a même composé un refrain en Ukrainien, qu'elle interprète.
A l’école intercommunale de Roches-lès-Blamont (Doubs), professeurs et élèves aiment bien chanter. Déjà en avril 2020, en plein confinement, tout ce petit monde avait composé la Chanson du corona afin de dédramatiser la situation et de remercier « tous ceux qui viennent nous soigner ». Trois ans plus tard, un autre air colle à l’actualité. Il est cette fois consacré à l’intégration d’une petite fille ukrainienne de 11 ans, Anastasia, arrivée dans le coin en mars 2022 depuis sa ville en guerre de Tokmak.
Le même directeur est à la baguette, Antoine Boguet. « J’aime bien, et les enfants aussi, aborder des thèmes utiles et intéressants », explique-t-il, en remontant à la naissance du projet en décembre dernier. « C’était en discutant avec elle. Quand Anastasia m’a dit qu’elle avait envie de rester ici mais en même temps de partir aussi. Ça m’a touché, j’ai eu envie d’écrire. »
« J’aime bien cette chanson »
Pas seul, toujours avec l’aide des élèves des classes de CE1 et CE2 qui se prennent toujours au jeu. Tous ont aidé à composer le texte, la petite Ukrainienne se chargeant d’ajouter un refrain dans sa langue. « C’était super de participer », sourit l’intéressée, passionnée de chants et de danse. « J’aime bien cette chanson ».
Avec des paroles qui traitent justement de l’ambivalence de ses sentiments. « Je suis bien en France en sécurité/Mais mon pays me manque, c’est compliqué/Ici, tout le monde m’a bien accueillie. Aujourd’hui, avec vous, j’ai deux pays », y est-il notamment écrit, le tout dans des mots tout sauf niais.
Pour la musique, l’enseignant a de nouveau fait appel à… son père, « Mégot ». « On a cherché un air de l’Est de l’Europe », détaille Antoine Boguet. Le choix s’est finalement porté sur Those were the days, de Mary Hopkin, qui l’avait adaptée d’une romance russe tzigane en 1968. Plus tard, Dalida l’a aussi reprise pour Le Temps des fleurs.
« Nous avons composé la chanson en janvier, apprise et on l’a chantée encore dimanche dernier pour la commémoration de la déportation d’un village voisin. Les gens étaient émus, c’est la première fois que je voyais certains pleurer en écoutant Anastasia chanter », reprend le professeur des écoles qui a pris l’habitude partager ses textes sur son blog, « chansonsdécole ». « Je fais ça pour que les collègues puissent avoir des textes à chanter. Mais là, j’aimerais bien aussi que des Ukrainiens entendent ça car je pense que beaucoup ont le même ressenti. »
Celui d’Anastasia n’a pas changé. « Je suis bien ici mais des copines et de la famille restée là-bas me manquent », dit-elle dans un français presque impeccable. « Elle est un modèle d’intégration, apprécie son professeur. Et puis pour nous qui vivons dans des villages où le vote Rassemblement National est fort, c’est bien de montrer aussi que les gamins accueillent les autres les bras ouverts, avec solidarité. » Et en chanson.