Darmanin à l’origine d’une crise diplomatique en jugeant Meloni « incapable » de régler le « problème » migratoire
FRONTIERES Attaqué par le RN sur la gestion de la crise dans les Alpes-Maritimes, le ministre a expliqué que le « gouvernement [italien] d’extrême droite choisi par les amis de Madame Le Pen » était en faute. Des propos que Rome juge « inacceptables »
- Précisant que Giorgia Meloni était à la tête d’un « gouvernement d’extrême droite choisi par les amis de Madame Le Pen », Gérald Darmanin a jugé la Première ministre italienne « incapable de régler les problèmes migratoires » de son pays.
- Le ministre de l’Intérieur répondait à des propos du président du Rassemblement national (RN), critiquant notamment le renfort « dérisoire » de forces de l’ordre annoncé fin avril pour gérer un afflux de migrants dans les Alpes-Maritimes.
- Les déclarations de Gérald Darmanin laissent planer la possibilité d’une nouvelle crise diplomatique entre les deux pays, le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani les ayant jugés « inacceptables ».
La Première ministre italienne Giorgia Meloni, à la tête d’un « gouvernement d’extrême droite choisi par les amis de Madame Le Pen », « est incapable de régler les problèmes migratoires » de l’Italie, qui connaît des arrivées records par la Méditerranée, a affirmé ce jeudi sur RMC le ministre français de l’Intérieur. Les propos de Gérald Darmanin, qui répondait à des critiques du président du Rassemblement national Jordan Bardella sur la gestion de la situation à la frontière franco-italienne, ont fait éclater une nouvelle crise diplomatique entre les deux pays. Les jugeant « inacceptables », le ministre italien des affaires étrangères Antonio Tajani a annulé une visite en France prévue ce jeudi soir.
Sa rencontre à Paris avec son homologue française était programmée de longue date. Catherine Colonna devait y évoquer « la totalité des aspects de la relation bilatérale, y compris les aspects migratoires », selon la porte-parole du quai d’Orsay. Mais elle n’aura finalement pas lieu. « Je n’irai pas à Paris. Les offenses du ministre Gérald Darmanin envers le gouvernement et l’Italie sont inacceptables. Ce n’est pas dans cet esprit qu’il faut affronter les défis européens communs », a déclaré Antonio Tajani sur Twitter.
Un peu plus tôt, le quai d’Orsay avait lui-même mis les choses au point après les propos du ministre de l’Intérieur, rappelant que la relation bilatérale est « fondée sur le respect mutuel, entre nos deux pays et entre leurs dirigeants ». « Le gouvernement français souhaite travailler avec l’Italie pour faire face au défi commun que représente la hausse rapide des flux migratoires », appuie le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Et « cette question doit être traitée par l’ensemble des Etats membres, en gardant à l’esprit que nous ne pourrons réussir et être efficaces que dans la concertation et un dialogue apaisé », ajoute-t-il.
Darmanin accusé par Bardella « d’indifférence »
En visite mercredi à Menton, où un gymnase a été récemment réquisitionné pour accueillir des migrants mineurs, Jordan Bardella avait critiqué le renfort « dérisoire » de forces de l’ordre annoncé fin avril par Élisabeth Borne pour gérer cet afflux dans les Alpes-Maritimes. La Première ministre a promis la mobilisation de 150 policiers et gendarmes « supplémentaires » ainsi que la création d’une « border force ». Trop peu, selon le chef du RN. « Face à ce phénomène, Emmanuel Macron et Gérald Darmanin font preuve d’impuissance et surtout d’indifférence », jugeait-il sur BFM Nice Côte d’Azur.
« Ce qui se passe à Menton, ce qui se passe à la frontière entre la France et l’Italie, c’est le symbole de l’échec total du gouvernement à arrêter l’immigration clandestine et à protéger nos frontières », ajoutait-il sur Twitter.
« Oui, il y a un afflux de personnes migrantes et notamment de mineurs » dans le sud de la France, a reconnu le ministre de l’Intérieur sur RMC, tout en en rejetant la faute sur le voisin transalpin. « La vérité, c’est qu’il y a en Tunisie […] une situation politique qui fait que beaucoup d’enfants, notamment, remontent par l’Italie et que l’Italie est incapable […] de gérer cette pression migratoire », a-t-il insisté, assurant que c’est pourtant sur ces problématiques que Giorgia Meloni avait « été élue ».
Une précédente crise en novembre
Une nouvelle crise diplomatique pourrait donc éclater sur ce sujet brûlant. En novembre déjà, les deux pays avaient connu une forte poussée de fièvre lorsque le gouvernement de Giorgia Meloni, à peine arrivé au pouvoir, avait refusé de laisser accoster le navire humanitaire de l’ONG SOS Méditerranée, qui avait fini par être accueilli pour la première fois par la France, à Toulon. L’épisode avait suscité la colère de Paris, qui avait convoqué une réunion européenne pour que ce scénario inédit ne se reproduise pas.
Depuis, les traversées clandestines par bateaux s’accentuent, avec l’essor d’un nouveau couloir maritime entre la Tunisie et l’Italie, en première ligne aux portes de l’Europe. Selon le ministère italien de l’Intérieur, plus de 36.000 personnes sont arrivées par la Méditerranée en Italie cette année, contre environ 9.000 durant la même période en 2022.