Sainte-Soline : Polémique autour des produits de marquage utilisés pour procéder à des arrestations

Bassines En marge de la manifestation du 25 mars dernier à Sainte-Soline, certaines arrestations ont été opérées sur la base d’un marquage chimique

20 Minutes avec AFP
Le 25 mars dernier, certaines arrestations ont été effectuées sur la base de marquage de manifestants.
Le 25 mars dernier, certaines arrestations ont été effectuées sur la base de marquage de manifestants. — UGO AMEZ / SIPA
  • Le 25 mars dernier à Sainte-Soline, certaines arrestations ont été réalisées sur la base d’un marquage chimique de certains manifestants.
  • Le parquet de Niort avait annoncé, le 27 mars, deux interpellations « à la suite de la découverte de produit de marquage codant ».
  • Parmi eux, un journaliste avait été placé en garde à vue pendant 28 heures sur la base de ces produits marquants.

Un pas de plus vers le fichage des manifestants ? Des arrestations opérées sur la base d’un marquage chimique suscitent la polémique après les affrontements survenus fin mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). L’avocate d’un journaliste interpellé dénonce une pratique qui « pose évidemment des questions sur les libertés individuelles ».

Les forces de l’ordre ont eu recours à ces produits de marquage codés (PMC), substances décrites comme inodores, incolores et non toxiques, pour repérer les personnes présentes lors de cette manifestation contre les mégabassines qui a dégénéré le 25 mars dernier. « Ce dispositif a été employé de manière limitée à Sainte-Soline dans le secteur où les gendarmes étaient la cible des violences les plus graves. Il a donné lieu à l’ouverture d’enquêtes judiciaires réalisées sous la direction et le contrôle d’un magistrat », a fait valoir la gendarmerie.

« Des questions sur les libertés individuelles »

Ce dispositif « pose évidemment des questions sur les libertés individuelles et l’identification des opposants politiques à un projet », a déclaré mardi à l’AFP Me Chloé Chalot, avocate d’un journaliste placé en garde à vue pendant 28 heures sur la base de ces produits marquants.

Me Chalot s’est dite « inquiète » d’un outil permettant aux forces de l’ordre « d’identifier ultérieurement les participants à un mouvement de liberté d’expression ». « Que fait-on de ces données, y a-t-il un fichier ? Se met-on à étiqueter les personnes ? », s’est-elle interrogée, assurant que son client n’avait « pas pris part aux affrontements ». Contrôlé par les gendarmes le 26 mars, le journaliste en question a raconté sur France Culture avoir été passé au détecteur lumineux. La présence d’une « petite trace invisible » sur sa main lui a valu d’être placé en garde à vue. Le recours aux PMC à Sainte-Soline avait également été relevé par la Ligue des droits de l’Homme (LDH), qui évoquait l’utilisation « d’au moins un fusil à type produit marquant ».

Deux interpellations et une enquête en cours

Le parquet de Niort, qui avait annoncé le 27 mars deux interpellations « à la suite de la découverte de produit de marquage codant », a déclaré mardi à l’AFP ne pas avoir davantage de détails à fournir, faisant état d’enquêtes « encore en cours ».

La LDH a fustigé « un usage immodéré et indiscriminé de la force » lors de la manifestation du 25 mars dernier à Sainte-Soline, qui a attiré entre 6.000 et 30.000 personnes. Les organisateurs du rassemblement ont fait état de 200 blessés, dont 40 graves, côté manifestants - un homme étant toujours entre la vie et la mort.