A Montpellier, des moyens pour la scolarisation des enfants des bidonvilles
Journée internationale des Roms Depuis 2016, un médiateur scolaire de l’Education nationale œuvre pour scolariser dans l’école de la République les enfants issus ou vivant dans les bidonvilles de Montpellier et aider à leur intégration : Ils sont actuellement 300
- A l’occasion du 8 avril, journée international des Roms, 20 Minutes se penche sur la scolarisation de ces enfants qui vivent pour la plupart en situation de grande précarité.
- Dans l’académie de Montpellier, un médiateur scolaire, salarié par l’Education nationale, œuvre depuis 2016 à favoriser le droit à la scolarisation des 300 enfants vivants ou issus de la dizaine de bidonvilles que compte la ville.
- Environ 70 % d’entre eux suivent une scolarité sérieuse. Un chiffre encourageant pour un travail mené en coordination avec plusieurs associations et collectivités afin de tenter de briser les barrières avec les familles.
C’est un poste très particulier, quasiment unique en France. Depuis 2016, un médiateur scolaire est en charge exclusive des enfants issus des bidonvilles. Qu’ils vivent encore dans les onze baraquements recensés à Montpellier et sa métropole, ou qu’ils aient depuis rejoint le village de transition de la Rauze et d’autres structures d’accueil. Ils sont environ trois cents enfants issus ou vivant dans ces habitats indignes dans la préfecture de l’Hérault. De Roms pour l’essentiel, mais aussi d’autres populations issues de pays d’Europe de l’est ou de Syrie. Trois cents enfants auquel le rectorat tente de donner la chance d’accéder à l’école de la République. Et à travers elle, d’aider à leur intégration.
« Nous considérons que la médiation est la condition sine qua non pour que les enfants soient scolarisés », souligne Frédéric Miquel. Cet inspecteur académique est responsable du Casnav (Centre académique pour la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs). « Les résultats ne sont pas parfaits, loin de là, mais cette démarche soutenue par la rectrice Sophie Béjean, a permis de lutter contre une forme de fatalisme et de préjugés. Ceux qui voudraient par exemple que la culture rom ne prédisposerait pas à aller à l’école. Il n’existe pas de culture non scolaire En revanche, seule la médiation permet d’aider à combler le fossé qui peut exister avec ces populations ».
Recenser les publics, gérer les flux, adapter l’enseignement… et instaurer la confiance
Environ 70 % d’entre eux suivent une scolarité sérieuse. Pour les autres, la présence à l’école est perlée ou insuffisante. Des chiffres malgré tout encourageants. Julien Radenez occupe ce poste de médiateur depuis 2016. Après des missions auprès de Médecins du monde, cet enseignant trilingue (français, roumain et romani, la langue des Roms), avait le profil idéal. « Les associations œuvrent de façon très efficace sur le terrain et nous travaillons en étroite collaboration avec elles, comme avec les différentes collectivités. Cette dynamique interpartenariale est d’ailleurs une de ses missions, reprend Frédéric Miquel. Mais le fait qu’il s’agisse d’un médiateur de l’Education nationale lui donne une casquette institutionnelle auprès des familles et une autorité supplémentaire. »
Pour favoriser l’accès au droit à la scolarisation, Julien Radenez doit notamment recenser les publics, le flux prévisionnel et choisir la meilleure réponse scolaire pour l’affectation de ces enfants. Dont certains n’ont jamais été scolarisés et peuvent avoir besoin de suivre des cours de français en langue étrangère. Le lien avec les familles est donc essentiel. Tout comme le suivi et le soutien de la scolarisation. Elle est effectuée en partie avec des professeurs spécialisés, comme le font les 4.000 élèves allophones qui arrivent chaque année dans l’académie (dont 1.200 Ukrainiens en 2022). Mais aussi, en grande partie, avec les autres élèves de leurs classes, pour favoriser leur inclusion.
« L’école de la République, c’est l’école de tous »
« L’école de la République, c’est l’école de tous, conclut Frédéric Miquel. Etre sur le territoire français, c’est de plein droit aller à l’école. Cela passe par la confiance avec les familles et par l’obligation de lutter contre la déscolarisation qui peut être aussi grave que l’absence de nourriture et de droit. C’est un bien vital. Notre esprit se veut humaniste de ce point de vue ».