« Du monde partout, tout le temps »… Le Mont-Saint-Michel veut éparpiller ses visiteurs
Tourisme Visitée par plus de deux millions de personnes chaque année, la Merveille de Normandie déborde parfois, notamment en été
- Le Mont-Saint-Michel fait partie des monuments français les plus visités et voit passer plus de deux millions de touristes chaque année.
- L’établissement public qui gère le site depuis trois ans vient de mettre en place une nouvelle tarification des parkings, pour tenter de disperser les visiteurs et éviter qu’ils ne viennent tous en été.
- La collectivité espère aussi faire revenir ses visiteurs locaux, qui ont tendance à déserter le site depuis que le mont est redevenu une île.
Un mardi matin d’avril. Il est 11 heures passées et le parking se remplit gentiment. Les centaines de touristes qui s’extraient des voitures ont à peine mis un pied dehors qu’ils sortent déjà leur smartphone pour immortaliser l’instant, oubliant parfois d’observer le bijou autrement qu’à travers l’écran de leur portable. Dans les conversations, on entend tantôt du japonais, de l’espagnol, du chinois, de l’allemand, de l’anglais, du néerlandais. En ce mardi de printemps, les francophones sont presque minoritaires aux abords de l’un des joyaux de leur patrimoine.
En ce jour ensoleillé, ils seront des milliers à effectuer la traversée à pied, à vélo ou en navette pour rejoindre ce que la Normandie abrite de plus joli. A mesure que le Mont Saint-Michel approche, l’excitation des visiteurs se fait sentir. Ces touristes venus du monde entier s’apprêtent à arpenter l’un des monuments français les plus connus à l’international. Ils font face à l’un des lieux les plus visités en France, avec plus de deux millions de passages chaque année. Un best-seller.
Après avoir été privée d’une bonne partie de ses touristes étrangers à cause de la pandémie, la Merveille a progressivement retrouvé sa fréquentation « normale » en 2022, jusqu’à atteindre le pic de 36.000 visiteurs sur une seule journée en août dernier. Le problème, c’est que le caillou de Normandie n’est absolument pas dimensionné pour accueillir autant de visiteurs. « Il y a du monde partout, tout le temps, c’est fou », témoigne Pascal, un habitué des lieux qui travaille ici depuis trente-cinq ans. « Je n’y suis allée qu’une fois un 15 août, c’était l’horreur. On montait marche par marche en attendant que celui de devant avance », se souvient Julie.
Le prix en été a été bien relevé
Pour tenter de résoudre le problème, le nouvel établissement public du Mont Saint-Michel a souhaité agir sur le tarif des parkings obligatoires à l’entrée du site, en proposant des tarifs dégressifs lors des périodes creuses. Depuis le 1er janvier, le montant du stationnement est dicté par la période de l’année où vous venez. Il vous en coûtera 8 euros pour rester moins de trois heures en hiver, 14 euros en moyenne saison et 17 euros en plein été. Auparavant, le prix oscillait entre 10 et 15 euros. En juillet et août, le tarif pour rester plus de trois heures passe à 21 euros, soit une progression assez nette. « Nous pensons que c’est le meilleur moyen pour mieux répartir les flux et que la visite soit plus apaisée, plus agréable pour tout le monde. Notre défi, c’est de lisser la fréquentation », assure Thomas Velter, directeur de l’établissement public du Mont-Saint-Michel, créé il y a trois ans.
En plus d’avoir révisé toute sa tarification, la collectivité a mis en place une gratuité tous les soirs à partir de 18h30 (sauf en été). Un moyen de faire rester les visiteurs en soirée mais aussi de récupérer les visiteurs locaux, qui ont tendance à déserter depuis la mise en place des parkings obligatoires et l’impossibilité de se garer au pied du Mont comme avant. « Nous savons que les travaux ont éloigné les habitants les plus proches. Notre volonté, c’est de reconnecter le Mont, de lui redonner un ancrage territorial. C’est une petite révolution », assure Thomas Velter.
Mis en place au 1er janvier, ce nouveau plan de tarification a peut-être déjà produit ses premiers effets. Lors des vacances de février, la fréquentation a été très bonne sur le premier site touristique de Normandie. Les prochains congés de Pâques, mais surtout l’été à venir, serviront de référence pour mesurer l’effet à plus long terme.