« On a gardé notre âme d’enfant… » Ces adultes qui collectionnent les petites voitures

ETONNANT Au salon du jouet de collection de Nantes, la majorité des passionnés n’ont d’yeux que pour les voitures miniatures, quel qu’en soit le prix. Certains en possèdent plusieurs milliers d’exemplaires. Reportage

Frédéric Brenon
— 
Nicolas et Philippe cultivent en famille la passion des véhicules miniatures.
Nicolas et Philippe cultivent en famille la passion des véhicules miniatures. — F.Brenon/20Minutes
  • Le salon des jouets de collection a réuni une majorité de collectionneurs de petites voitures.
  • Certains collectionneurs possèdent plus de 3.000 miniatures qu’ils gardent précieusement.
  • Ces petits véhicules peinent à séduire la nouvelle génération.

« C’est une passion dévorante. Je ne compte plus les heures passées, ni les kilomètres parcourus pour dénicher le bon modèle. Mon épouse me dit de grandir un peu mais ça fait presque 30 ans que ça dure », se marre Michel. Originaire de la Vendée, ce néo-retraité a effectué ce dimanche plus d’une heure de route pour se rendre au salon des jouets de collection, aux Sorinières, en banlieue nantaise. Parmi la centaine de stands du salon, on trouve des poupées, jeux en bois, des figurines… Mais l’immense majorité des exposants et visiteurs sont venus pour une seule chose : les voitures miniatures. « On tombe dedans pour toutes sortes de raisons, que l’on aime l’automobile ou non, indique Michel. Moi, c’est un ami qui m’a transmis le virus. Je ne m’intéressais pas énormément aux bagnoles mais j’ai adoré le réalisme, les détails, la diversité des modèles. En particulier ceux des années 1980, mes préférés. »

Pour Philippe, 62 ans, originaire du Finistère, la passion des petites voitures remonte « à l’enfance », aux « journées passées à faire des courses dans le sable ». L’envie de collectionner, notamment les véhicules anciens du célèbre fabricant Dinky Toys, a pris le relais. Au point d’en posséder aujourd’hui plusieurs milliers. « Je ne saurai pas dire combien exactement, avoue-t-il. Une bonne partie est conservée chez moi, en vitrines. Mais j’en ai aussi rangé un peu partout. J’ai agrandi ma maison pour avoir davantage de place. Je sais que c’est atypique. Mais j’assume, je me considère comme un grand enfant. »

Ses miniatures, Philippe les achète entre 10 et 1.000 euros l’unité, selon leur rareté. « Une même voiture peut exister en différentes versions, différents coloris, elle n’a pas forcément les mêmes jantes, pas les mêmes vitres. Il faut s’y connaître pour faire la bonne évaluation », estime-t-il. Les doubles sont revendus, de même que les modèles moins à la mode. « Une collection n’est jamais terminée, on recherche en permanence », sourit Nicolas, son fils de 30 ans, passionné, lui, de la marque Vokswagen.

« Les parties jusqu’à 4 heures du matin »

A l’autre bout du salon, Mickaël, 35 ans, venu du Maine-et-Loire, détient environ 3.000 voitures. Son truc, c’est les Citroën, en particulier les 2CV, une « voiture populaire, qui a de la gueule », dont il possède près de 800 déclinaisons. « Elles sont gardées précieusement en vitrines. Je les montre aux amis mais, sinon, elles ne sortent jamais. J’évite les manipulations, il y a quand même des éléments fragiles, comme les rétroviseurs. »


Eric,  originaire du Maine-et-Loire, collectionneur spécialisé de voitures Scalextric
Eric, originaire du Maine-et-Loire, collectionneur spécialisé de voitures Scalextric - F.Brenon/20Minutes

De son côté, Eric, 64 ans, s’autorise à jouer avec « de temps en temps ». Probablement parce que sa spécialité, ce sont les miniatures de circuits électriques, de marque Scalextric. « J’ai eu mon premier circuit à l’âge de 10 ans. J’achetais ensuite des voitures régulièrement. Etant jeune, on enchaînait les parties jusqu’à 4 heures du matin. » Des années plus tard, sa collection totalise 1.500 exemplaires, soit plus d’une dizaine de milliers d’euros dépensés. « Je ne fume pas, je ne bois pas, mais je m’achète des voitures. C’est mon plaisir. Quand les gens voient ma collection, en général, ça les épate. Alors j’en ressors quelques unes et je les fais rouler. »

« Ça n’intéresse pas la nouvelle génération »

Même s’il a participé à une vingtaine de salons spécialisés depuis un an, Eric affirme « freiner un peu » ses envies pour des raisons « de budget et de place ». Comme d’autres, il constate et regrette le vieillissement des collectionneurs. « Le marché est en train de décliner. Les jeunes, on en voit très peu. Les jeux de voitures, pour eux, ce sont surtout les consoles. » Nicolas, le trentenaire, partage cet avis. « Les petites voitures, surtout les anciennes, ça n’intéresse pas la nouvelle génération. Tout simplement parce que ça ne leur parle pas. » « Peut-être qu’un jour tout ça finira dans des cartons et ne vaudra plus grand-chose faute de demande », s’inquiète Philippe, son père.



A 19 ans, Gaëtan fait figure de contre-exemple. Sa collection est tournée vers les voitures modernes, surtout les sportives. Ses fiertés sont d’ailleurs une 306 Cabriolet et une Alpine 110. « Je les expose chez moi ou j’en fais des diaporamas pour Instagram. Mes potes, ils ne comprennent pas trop, ils en rigolent. Pour eux, c’est quelque chose d’enfantin. » « Même en grandissant, on reste émerveillé par l’objet, sa forme, les finitions, défend son frère Mickaël. On a forcément gardé notre âme d’enfant. »