Strasbourg : Se garer en ville va coûter plus cher, le prix d’une « révolution » du stationnement

Stationnement La maire écologiste de Strasbourg a présenté le déploiement du plan stationnement, avec au menu de fortes augmentations des tarifs, l’incitation à aller se garer dans les parkings et de nouveaux quartiers où le stationnement devient payant

Gilles Varela
Le stationnement va devenir payant dans le quartier de Neudorf à Strasbourg.
Le stationnement va devenir payant dans le quartier de Neudorf à Strasbourg. — G. Varela / 20 Minutes

C’est annoncé comme une « révolution » du stationnement. Dans Strasbourg, à partir du 3 avril prochain, il va falloir mettre un peu plus la main à la poche pour se garer. Petite bombe tant le sujet est sensible. Le projet, qui sera mis en délibération lors du prochain conseil municipal le 20 mars, mais aussi celui de l’Eurométropole quelques jours plus tard, ne devrait pas apaiser les tensions dans l’hémicycle strasbourgeois. Au menu, présenté à la presse ce mercredi par la maire écologiste Jeanne Barseghian et de son adjoint en charge des espaces partagés et de la voirie Pierre Ozenne, « l’amélioration de la situation dans certains secteurs où le stationnement est devenu anarchique ».

Mais aussi la « nécessité de repenser l’utilisation et le partage de l’espace public », la « repiétonisation des trottoirs, la libération des espaces publics dans une logique de ville à vivre plus apaisée et résiliente ». En dessert, le volet très attendu du projet, la révision de la tarification du stationnement, pour les résidents comme pour les visiteurs, et l’extension des secteurs concernés.

Le centre « zone rouge » largement étendu

La mesure vise essentiellement à favoriser les rotations et inciter « les visiteurs » à utiliser les parkings en ouvrage, et tout spécialement les parkings relais aux entrées de la ville. La zone rouge, comprendre celle où le stationnement est « tendu » et donc le plus cher, qui se limitait jusqu’ici à l’hyper centre, devrait s’étendre dès le 3 avril prochain au secteur gare, la Krutenau, les zones du tribunal et de République.

En prime, il est également prévu une augmentation des tarifs dans l’ensemble des secteurs payants de la ville. Une mesure visant notamment à libérer les trottoirs, trop souvent occupés par les voitures, « en rangeant » les véhicules « immobiles » dans les nombreux parkings en ouvrages trop souvent sous-utilisés, explique la maire. En zone rouge, la première heure passera ainsi de 2,10 à 3,50 euros et de 4,20 à 8 euros pour la deuxième heure. La zone orange et la zone verte vont également augmenter, passant de 2,50 euros pour la première heure contre 1,70 euro et à 3,50 euros dès la deuxième heure.

Quand aux zones vertes, zones résidentielles souvent dépourvues de parkings publics et où le stationnement se fait essentiellement en voirie, il double. L’idée générale, martèle la ville, est d’inciter les visiteurs et les résidents à favoriser le stationnement dans les parkings, arguant aussi que les tarifs y sont plus intéressants qu’en voirie. A noter que les tarifications spécifiques des professionnels de santé et des « professionnels mobiles », comprendre les artisans, sont en revanche maintenus.

Nouveaux secteurs payant en 2024

Cela faisait longtemps que le quartier de Neudorf rencontrait des problèmes de stationnement. Voitures qui tournent pour trouver une place, chevauchement du trottoir, sur les pistes cyclables, voitures ventouses (30 %) venues souvent de quartiers voisins où le stationnement était devenu payant… Le Neudorf va donc devenir payant courant 2024. Le périmètre proposé correspond à environ 6.500 places, avec une tarification orange sur le secteur Heyritz et nord du Neudorf compte tenu de la présence de parkings en ouvrage, et verte pour la partie sud de Neudorf. Autre secteur concerné, l’Orangerie, l’îlot Sainte-Hélène, le quai Zorn et la rue Lauth. Les 1.600 places concernées passeraient en zone verte.

Autre nouveauté, pour favoriser plus encore les rotations des véhicules sur certains emplacements de stationnement, il est envisagé d’expérimenter des places dites « violettes », situées généralement à proximité des commerces, de pôle d’intermodalité, dépose minute, « où la durée de stationnement serait très limitée », explique Pierre Ozenne. Leur mise en place éventuelle « fera l’objet d’une participation citoyenne et de concertations », indique l’élu.

Un abonnement résident en voirie pourrait tripler

Autre grande nouveauté sous réserve encore du vote par le conseil municipal du 20 mars, le sujet incendiaire de la tarification du stationnement résident. A partir du 1er octobre 2023, l’abonnement mensuel du stationnement résident dans la rue, actuellement de 15 euros par foyer, va augmenter. Il va même, dans certains cas, presque tripler. Il sera en effet indexé sur les revenus des ménages, par souci « d’égalité » sociale rappelle la ville. Ce tarif résidentiel solidaire se basera donc sur le revenu fiscal de référence par part. Concrètement, la tarification restera à 15 euros pour les ménages les plus fragiles, mais passera à 30 euros pour la tranche supérieure (entre 14.059 euros et 22.983 euros) et même à 40 euros pour la tranche supérieure. Il est à noter que cet abonnement ne permettra pas aux résidents de stationner gratuitement sur les places « violettes », dont le nombre n’est pas encore défini.

D’autre part, pour encourager les résidents à quitter la voirie, un nouvel abonnement sera disponible dans sept parkings de la ville au 1er octobre prochain. Avec un abonnement de 60 euros par mois si le parking se situe en dehors de la zone résidentielle et hors de la Grand Île, et de 90 euros par mois s’il se situe dans sa zone de résidence ou sur la Grande Île. L’abonnement permettra également de stationner gratuitement et quotidiennement durant une heure maximum sur l’espace public dans sa zone de stationnement.