Fausses couches : « Il est temps d’accompagner les femmes sur le plan psychologique », estime la députée Josso

INTERVIEW La députée de Loire-Atlantique (MoDem) Sandrine Josso doit présenter sa proposition de loi devant l’Assemblée, ce mercredi

Propos recueillis par Julie Urbach
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La députée Sandrine Josso porte une proposition de loi sur l'accompagnement psychologique des couples ayant subi une fausse couche
La députée Sandrine Josso porte une proposition de loi sur l'accompagnement psychologique des couples ayant subi une fausse couche — A. Jocard / AFP
  • La proposition de loi de Sandrine Josso vise à « favoriser l’accompagnement psychologique des couples confrontés à une fausse couche ».
  • Elle prévoit notamment la possibilité pour les sages-femmes d’adresser les patientes à un psychologue ainsi qu’une meilleure formation des professionnels de santé sur le territoire.

Ce mercredi, journée des droits des femmes, une proposition de loi sur l’accompagnement psychologique des couples ayant subi une fausse couche doit être examinée à l’Assemblée nationale. La députée de Loire-Atlantique (MoDem) Sandrine Josso, vice-présidente de la délégation aux droits des femmes qui en est à l’origine, explique les grandes lignes à 20 Minutes.

Que contient ce texte, adopté à l’unanimité en Commission des affaires sociales le mois dernier ?

Cette proposition de loi doit permettre l’adressage à un psychologue par les sages-femmes des personnes qui ont vécu une fausse couche, et qui en manifesteraient le besoin. Il y a dix mois a été mis en place le dispositif MonParcoursPsy qui permet aux médecins généralistes de le faire, pour toute personne qui en auraient la nécessité. Là, vous vivez une fausse couche, c’est difficile pour vous, vous pourrez directement [à partir de 2024] demander à la sage-femme de bénéficier de ces huit séances remboursées par la sécurité sociale. Il faut savoir qu’une femme sur dix vit une fausse couche dans sa vie, et qu’il y en a de plus en plus en raison de l’âge de procréer qui augmente. Il était donc temps d’accompagner sérieusement celles qui le souhaitent sur le plan psychologique.

Votre proposition de loi vise à accompagner « la double perte que représentent la perte réelle de l’embryon ou du fœtus et la perte symbolique de la réalisation du désir d’enfant »…

En France, si une femme fait une interruption médicale de grossesse, c’est-à-dire après trois mois, il y a des dispositifs. Mais une fausse couche à quelques semaines de grossesse, il n’y a rien… Pourtant, que ce soit au bout de quelques jours ou de deux mois, on peut parfois déjà se voir avec un bébé dans les bras, donc l’impact psychologique est le même. Ce qui fait que si certaines arrivent bon an mal an à surmonter cette épreuve, d’autres ont beaucoup plus de mal et sont confrontées, ainsi que le couple, à beaucoup de détresse, tout de suite après, ou bien plus tard. Il a été prouvé qu’une femme qui aurait eu besoin d’un soutien mais qui ne l’a pas eu avait des risques de développer des angoisses, une dépression, voire de faire une tentative de suicide.



Avant l’accompagnement par un psychologue, ne faudrait-il pas mieux sensibiliser les praticiens qui prennent en charge médicalement ces femmes ?

Les agences régionales de santé (ARS) vont organiser tout un parcours « fausse couche » dans le but de mieux former les professionnels susceptibles d’aider ou d’accompagner les femmes et les couples : les radiologues, les échographes, les sages-femmes, les médecins, etc. Aujourd’hui, il y a des disparités, avec certains praticiens qui ne sont même pas formés à l’annonce d’une fausse couche, ce n’est plus possible ! Il faut leur donner des outils et des moyens pour ne plus la banaliser. L’objectif est que se développe autour des couples confrontés à cet événement une société de l’empathie plutôt que du jugement. Aujourd’hui, on entend encore des phrases peu adaptées, comme « vous en ferez d’autres », ou « le bébé n’était pas viable ». Mais quand les personnes souffrent, ce n’est pas entendable.