Bretagne : Souffrant de Parkinson, cet ancien jardinier accuse les pesticides de l’avoir rendu malade
Intoxiqué Longtemps fonctionnaire de la mairie de Redon, Gabriel Lebot veut faire reconnaître sa maladie de Parkinson comme maladie professionnelle
- Souffrant de la maladie de Parkinson, Gabriel Lebot veut faire reconnaître ses souffrances comme maladie professionnelle.
- Ancien agent de la ville de Redon (Ille-et-Vilaine) où il exerçait comme jardinier, il a longtemps manipulé des pesticides.
- La maladie de Parkison fait partie de la liste des maladies professionnelles chez les agriculteurs, qui sont plus susceptibles de la contracter quand ils ont manipulé des produits phytosanitaires.
Sa femme pousse son fauteuil jusqu’au premier rang du tribunal administratif de Rennes. A chaque fois qu’il tousse, elle pose sa main sur son épaule, comme pour le réconforter. A mesure que le temps passe, le corps de Gabriel Lebot se met à trembler. Un handicap qui ne quittera plus jamais ce jardinier à la retraite. Âgé de 76 ans, celui qui se fait appeler « Gaby » souffre de la maladie de Parkinson, lui qui a exercé pendant vingt-trois ans comme agent des espaces verts de la ville de Redon (Ille-et-Vilaine). Pendant toutes ces années, le jardinier a utilisé quantité de pesticides, à une époque où ces produits chimiques étaient largement utilisés pour désherber. Un quotidien qui a eu des conséquences sur la santé de l’agent municipal, qui a vu son état de santé se dégrader.
A la retraite depuis 2002, Gabriel Lebot a vu les premiers symptômes apparaître en 2008. Ce n’est qu’en 2017 qu’il a pris conscience que sa maladie était probablement due à l’usage répété des pesticides. Depuis, lui et sa femme se battent pour faire reconnaître sa maladie comme professionnelle. Un combat qu’ils doivent mener face à la ville de Redon, son ancien employeur.
Le soutien du ministère public
Vendredi, Gaby était présent devant le tribunal administratif de Rennes pour demander l’annulation de la décision de refus de la municipalité. « Il souhaite simplement que sa maladie soit reconnue comme professionnelle. Cela dure depuis des années, ils attendent simplement une reconnaissance. Ce serait un soulagement pour eux », explique leur avocate Me Hermine Baron.
Mise en délibéré, la décision ne sera rendue que dans une quinzaine de jours. Mais dans son combat, Gabriel Lebot sait qu’il peut déjà compter sur le soutien du ministère public, qui s’est déclaré favorable à la reconnaissance de sa maladie. « Pour qu’une maladie professionnelle soit reconnue comme telle, il faut qu’elle est un lien direct avec l’exercice de la profession. Ce lien direct, il y est selon moi », a déclaré le rapporteur public, en s’appuyant sur « les nombreuses études scientifiques » produites à ce sujet.
« Il se bat aussi pour que ces produits soient interdits »
En 2013, l’Inserm avait établi que l’incidence de la maladie de Parkinson était « 13 % plus élevée chez les agriculteurs que chez les personnes affiliées aux autres régimes d’assurance maladie ». Un décret était même venu l’appuyer pour les agriculteurs mais il n’est pas valable pour les jardiniers.
Une reconnaissance de la maladie comme professionnelle offrirait à Gabriel et à sa femme la possibilité d’être indemnisés. Mais l’essentiel est ailleurs. « Gaby se bat pour que lui et ses collègues des espaces verts, atteints de maladies liées aux pesticides soient reconnus en maladie professionnelle, comme les utilisateurs de pesticides dans le monde agricole. Il se bat aussi pour que ces produits soient interdits », assure le collectif Victime pesticide Ouest qui l’accompagne dans ce combat.
Il y a dix jours, la justice a donné raison à l’épouse d’un agriculteur du Morbihan qui estime que la mort de son mari était liée à l’utilisation de pesticides pendant sa carrière.