Bretagne : Mais qui est le serial saboteur d’eau potable de l’île de Sein ?

Info 20 Minutes Depuis plusieurs années, l’eau de mer transformée en eau potable subit d’importantes fuites qui pourraient trouver leur origine dans des actes malveillants

Camille Allain
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Sur l'île de Sein, située au large du Finistère, d'importantes fuites d'eau étaient constatées depuis quelques années. D'après un récent rapport, elles seraient d'origine humaine.
Sur l'île de Sein, située au large du Finistère, d'importantes fuites d'eau étaient constatées depuis quelques années. D'après un récent rapport, elles seraient d'origine humaine. — Damien Meyer/AFP
  • Sur l'île de Sein, un rapport d'un « chasseur de fuites » de Veolia émet l'idée qu'un ou une habitante de l'île du Finistère soit à l'origine d'importantes fuites d'eau. 
  • La révélation de ces actes de malveillance agite les 150 habitants de l'île du Finistère. 
  • Non raccordée au continent, l'île boit de l'eau de mer rendue potable par des osmoseurs. Un système qui rend l'eau quatre fois plus chère à Sein que sur le continent. 

« Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle ». Sur l’île de Sein, l’intervention d’un technicien de Veolia début février a semé le trouble. Appelée à la rescousse pour identifier un mystérieux problème de fuites sur le réseau d’eau potable, l’entreprise a étudié pendant deux jours l’ensemble des installations de ce caillou situé au large de la pointe du Raz (Finistère). Ici, les habitants boivent toute l’année de l’eau de mer, rendue potable par deux osmoseurs. Totalement dépendante de ses deux appareils de dessalinisation, l’île de Sein s’inquiète depuis deux ans de fuites très importantes sur son réseau. Un sujet qui crispe la municipalité, car le traitement de l’eau coûte ici très cher et qu’elle est d’autant plus précieuse qu’elle peut se faire rare.

Après la visite de Veolia, le rapport était très attendu par les élus, qui craignaient que le réseau de canalisations soit flingué par quarante années passées sous terre. Le verdict est pourtant tout autre. D’après le technicien, le réseau de Sein serait en parfait état de marche. Ça, c’est pour la bonne nouvelle. La mauvaise, c’est que ces fuites à répétition seraient liées à des actes malveillants. Ce qui laisse penser qu’un des 150 habitants se plaît à ouvrir grand les vannes de temps en temps. Un sabotage ? Mais de qui ? Et pourquoi ? Mystère.

« Tout le monde se demande qui ça peut être »

Depuis qu’il a reçu le rapport de Veolia, le maire de l’île de Sein est un brin déboussolé. « Je ne m’attendais pas à ça. C’est la grosse agitation sur l’île. Nous sommes à peine 150 ici en hiver. Alors tout se sait. Tout le monde se demande qui ça peut être et pourquoi on nous fait ça », explique le maire Didier Fouquet. Contactée, l’entreprise Veolia confirme que leur « chasseur de fuite » est bien passé les 1er et 2 février pour étudier le réseau. « Notre agent constate après enquête qu’il n’y a pas de fuite sur le réseau d’approvisionnement en eau pluviale de l’île de Sein, ce qui laisse à penser que le problème à l’origine est humain », précise Veolia.


Sur l'île de Sein, qui compte 150 habitants en hiver, la question des fuites d'eau potable agite la population. Surtout depuis que l'on pense qu'elles sont d'origine humaine.
Sur l'île de Sein, qui compte 150 habitants en hiver, la question des fuites d'eau potable agite la population. Surtout depuis que l'on pense qu'elles sont d'origine humaine. - Fred Tanneau/AFP

Le constat est pourtant clair. Avant l’annonce de la venue de l’entreprise sur l’île, l’agent municipal affecté à la gestion de l’eau voyait régulièrement le compteur d’eau tourner sans raison. « On parlait de fuites de 50 m³ d’eau par jour, c’est énorme si on le rapporte à la consommation de l’île », constate celui qui a été élu maire en 2020. C’est presque deux fois plus que la consommation de toute l’île en hiver. Un problème de taille car ces fuites de 50.000 litres se produisaient plusieurs fois par mois depuis environ deux ans, plombant les finances de la municipalité. Non raccordée au continent, l’île subventionne largement la production d’eau potable pour éviter qu’elle ne coûte trop cher aux habitants. Malgré ces efforts, le mètre cube d’eau potable est facturé 7,55 euros aux Sénans, quand la moyenne en métropole dépasse à peine deux euros. Mais qui pourrait alors « s’amuser » à la gaspiller ? Interrogé, un habitant de l’île n’y croit pas. « Ça m’étonnerait que ce soit volontaire. On a un trop grand respect pour l’eau ici ». Et pourtant…

Les fuites ont disparu depuis la venue de Veolia

Chaque maison étant équipée d’un compteur, les actes de malveillance se situeraient sans doute en amont. Sauf que, avant même la venue de Veolia, le problème de fuite a disparu. « Ça s’est arrêté dès qu’on a annoncé que des techniciens allaient venir. Depuis, c’est réglé, c’est quand même un grand mystère ! » constate le maire. Didier Fouquet balaie pourtant toute volonté de mener l’enquête pour trouver le ou la coupable. « Je ne vais pas faire Colombo ! Je n’accuse personne et je n’en veux à personne. J’aimerais juste comprendre. Est-ce que quelqu’un nous en veut ? ». Par le passé, il est déjà arrivé que des habitants occasionnels oublient de fermer les vannes mais le problème était rapidement identifié.



Pour limiter le risque de gaspillage, la municipalité envisage d’installer des vannes « par quartier » dans le but de réduire l’impact d’une éventuelle fuite. Un tel système mettrait aussi la pression sur le ou les auteurs de ces actes de malveillance.