Collège : L’heure de technologie supprimée en sixième, les enseignants outrés
ÉDUCATION « C’est tout simplement du mépris de la part du ministère », fustige un professeur de technologie du Val-d’Oise
C’en est fini de la technologie. A partir de la rentrée 2023, cette matière ne figurera plus au programme des élèves de sixième. La suppression de cette heure d’enseignement hebdomadaire, dès l’entrée au collège, au profit de cours de soutien en français et en mathématiques a provoqué la « colère » des professeurs concernés.
L’annonce a été faite en janvier par le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye. Le bloc de quatre heures qui regroupe aujourd’hui en sixième la physique chimie, les sciences de la vie et de la Terre et la technologie va être « reconfiguré », a indiqué le ministère. La technologie sera désormais étudiée à partir de la cinquième.
Critiques de toutes parts
« Ça a été une surprise totale, découverte par voie de presse », déplore Christophe Lucas, professeur de technologie dans le Val-d’Oise. « C’est tout simplement du mépris de la part du ministère. » Pour lui, le soutien en français et en maths ne devrait pas être financé par la suppression d’autres disciplines. « Cette fois-ci, c’est la technologie. Peut-être que l’année prochaine, ce sera la physique chimie », s’agace l’enseignant.
Dans un communiqué, la FCPE, première fédération de parents d’élèves, a dénoncé une décision « unilatérale et incompréhensible ». Le syndicat Sud éducation a pointé une réforme « en opposition totale avec les enjeux éducatifs de notre siècle, tels que lutter contre le réchauffement climatique, réindustrialiser le pays, former les élèves aux sciences expérimentales et à l’esprit critique ».
De nombreux professeurs regrettent l’absence totale de concertation, donnant l’impression qu’il s’agit d’une « matière inutile ». C’est tout le contraire, selon Alain Cadix, membre de l’Académie des technologies qui regroupe plus de 3.000 experts. « Cette matière est liée directement aux enjeux numériques et climatiques », explique celui qui propose que la technologie soit « systématiquement incluse dans les épreuves du brevet des collèges ».
La technologie bientôt « revalorisée » ?
Parallèlement à cette suppression, Pap Ndiaye a dit souhaiter renforcer cette matière en classes de 5e, 4e et 3e. « La discipline sera confortée et donc je suis très clair : ni suppression de la technologie au collège, ni relégation », a déclaré ce mercredi le ministre devant le Sénat.
Selon Pap Ndiaye, il faut « revaloriser » la matière pour « susciter des vocations pour le numérique, les sciences de l’ingénieur, la voie professionnelle, y compris dans l’équilibre entre filles et garçons ». Des déclarations peu convaincantes pour les enseignants. « Ce n’est pas en commençant par la supprimer en 6e qu’on va redorer le blason de cette discipline », note un professeur.