Pauvreté : Age, sexe, revenus… Le portrait-robot des personnes surendettées
finances Selon la Banque de France, les femmes et les personnes isolées sont les plus exposées à ce risque
- La Banque de France a étudié les 113.081 dossiers de surendettement déposés en 2022 auprès de ses commissions départementales.
- Ce qui lui permet de faire un portrait-robot des personnes dans cette situation, dont les deux tiers sont âgés de 25 à 54 ans.
- Les femmes sont plus souvent touchées (55 %), et celles qui vivent seules avec des enfants représentent près de 20 % des dossiers.
Une spirale infernale qui les conduit à ne plus pouvoir joindre les deux bouts. Chaque année, des personnes accumulent des impayés et sont incapables de rembourser des crédits. Pour tenter de trouver une solution, certaines d’entre elles s’adressent à la Banque de France. En 2022, 113.081 dossiers de surendettement ont ainsi été déposés, selon une étude de l’institution parue ce lundi.
On aurait pu croire que l’inflation galopante de ces derniers mois (5,9 % entre décembre 2021 et décembre 2022) allait faire flamber ces chiffres, mais ce n’est pas le cas : ils sont en réalité en baisse de 7 % en 2021. « Il n’y a pas d’alerte particulière pour le moment, même si nous restons vigilants », indique Hélène Arveiller, directrice adjointe des particuliers à la Banque de France. Selon elle, « la bonne santé du marché de l’emploi, le bouclier tarifaire sur l’énergie et une moindre consommation des Français en réaction à l’inflation » ont contribué à cette légère diminution du nombre de dossiers de surendettement, même s’ils restent trop nombreux.
63 % d’entre eux sont âgés de 25 à 64 ans
Si toutes les personnes surendettées n’ont pas recours aux services de la Banque de France, les données qu’elle recueille permettent de dresser un portrait-robot des victimes de ce fléau. Plusieurs raisons les conduisent à une telle galère : « Les personnes surendettées rencontrent des difficultés financières en raison de leurs faibles ressources ou parce qu’elles sont victimes d’un accident de la vie : divorce, maladie, chômage… », constate Hélène Arveiller. De fait, 61 % des ménages concernés ont un niveau de vie médian de 1.084 euros. Et plus de la moitié sont au chômage, sans profession, en maladie ou invalides.
Si on pouvait croire que ce problème concerne principalement des seniors touchant une faible retraite, ce n’est pas le cas. Les deux tiers (63 %) d’entre eux sont âgés de 25 à 64 ans. Les femmes sont plus souvent touchées (55 %), et celles qui vivent seules avec des enfants représentent près de 20 % des dossiers (alors qu’elles ne représentent que 10 % de l’ensemble des ménages en France). Les hommes ne sont toutefois pas épargnés, puisque 28 % des ménages surendettés sont des hommes vivant seuls (16 % parmi la population française).
18.024 euros, le montant médian de l’endettement
Concernant leur niveau d’endettement, il n’est pas mince, puisque le montant médian atteint 18.024 euros. Des dettes qui proviennent de leurs difficultés à honorer leurs crédits immobiliers, à rembourser leurs crédits à la consommation ou à régler leurs charges courantes (loyers, dettes fiscales, dettes d’énergie ou de téléphonie…)
Force est de constater que toutes les régions ne sont pas touchées par ce fléau avec la même intensité. Les Hauts-de-France (Eure, Pas-de-Calais, Somme, Aisne), la Haute-Normandie (Eure, Seine-Maritime), le Centre (Creuse, Indre, Cher, Allier, Nièvre, Saône-et-Loire), certaines parties du Grand Est et de la Nouvelle Aquitaine étant très affectés.
Le 3414 pour demander de l’aide
Reste que de trop nombreux Français dans une telle panade ignorent qu’ils peuvent être aidés. Ils peuvent tout d’abord appeler le numéro 3414, mis en place en octobre par la Banque de France. Depuis 1991, dans chaque département, une commission peut ensuite examiner leur dossier. S’il est accepté, la personne surendettée peut bénéficier de plusieurs mesures : la suspension des poursuites et des pénalités de retard de paiement, le plafonnement des frais d’incidents bancaires… Ou un réaménagement ou l’effacement total ou partiel de ses dettes lorsque la situation a peu de chances de s’arranger avec le temps. « En 2022, 57 % des dossiers ont bénéficié d’un effacement des dettes total ou partiel, pour un montant moyen de 20.224 euros », indique Hélène Arveiller.
Mais s’ils sortent la tête de l’eau, ce n’est malheureusement pas toujours définitif. Car 43 % des personnes ayant déposé un dossier de surendettement en 2022 ne le faisaient pas pour la première fois. Pas sûr non plus que le nombre de dossiers de surendettement ne progresse pas en 2023. Outre l’augmentation des prix à la consommation et des tarifs de l’énergie, d’autres facteurs pourraient faire grossir les chiffres. Comme le fait que les autoentrepreneurs ne bénéficient de la procédure de surendettement que depuis mai dernier…