Inflation : C’est quoi ce panier à bas prix que le gouvernement et les supermarchés veulent lancer ?

liste de courses L’enseigne Système U a décidé de se lancer en solo avec 150 produits à « prix coûtant »

X.R. avec AFP
Bientôt un panier anti-inflation dans les supermarchés (rayon jus de fruits), ici à Nice. (illustration)
Bientôt un panier anti-inflation dans les supermarchés (rayon jus de fruits), ici à Nice. (illustration) — SYSPEO/SIPA
  • Le gouvernement espère faire franchir cette semaine un cap à son projet de panier anti-inflation, en vue d'une mise en place en mars. 
  • Le dispositif ne fait pas l'unanimité chez les distributeurs et ses modalités restent floues.
  • C’est quoi ce panier ? Qu’y a-t-il dedans ? Pourquoi les grandes surfaces ne sont pas trop chaudes, tout en lançant ponctuellement des opérations similaires ? 20 Minutes fait le point pour vous.

Il y a un an, l’Assemblée rejetait une proposition de loi de Jean-Luc Mélenchon, qui défendait le blocage des prix sur l’énergie et une série de produits de première nécessité. L’Insoumis allait d’ailleurs conserver cette proposition dans son programme pour l’élection présidentielle. Mais après une année marquée par une très forte inflation, c’est désormais le gouvernement qui propose d’encadrer certains prix en grande surface.

C’est Olivia Grégoire, ministre déléguée au Commerce, qui est à l’initiative de ce projet de « panier anti-inflation », qui peine pour le moment à convaincre les acteurs. C’est quoi ce panier ? Qu’y a-t-il dedans ? Pourquoi les grandes surfaces ne sont pas trop chaudes, tout en lançant ponctuellement des opérations similaires ? 20 Minutes fait le point pour vous.

Quel dispositif le gouvernement veut-il mettre en place ?

L’objectif d’Olivia Grégoire, « faire en sorte que les Français puissent avoir sur un panier du quotidien des prix attractifs ». Pour cela, la ministre déléguée au Commerce souhaite que les distributeurs (E.Leclerc, Carrefour, Intermarché, Système U, Auchan, Lidl et Aldi) s’entendent sur une liste de produits de première nécessité et en fixent un prix équivalent d’une grande surface à l’autre. L’idée est aussi de référencer ces produits afin que les consommateurs aient une base de comparaison entre les enseignes.

« Ce que je propose aux distributeurs », a déclaré Olivia Grégoire, c’est « une action collective, ensemble, à partir du mois de mars » et « pour trois mois ». Son cabinet espère être fixé cette semaine sur les enseignes qui s’engagent à lancer leur panier anti-inflation dans le cadre qui sera déterminé par le gouvernement. Fixer comme échéance le mois de mars permet de « laisser le temps que ça se mette en place ».

Qu’y aurait-il dans ce panier à bas prix ?

Le projet s’oriente vers une liste d’une cinquantaine de produits répondant aux besoins d’une famille moyenne française avec enfants, « et qui seraient à prix bas et non pas à prix coûtant », a évoqué Olivia Grégoire sur Europe 1. « On peut imaginer une catégorie fruits et légumes frais de saison, au sein de laquelle une enseigne pourra proposer des mandarines et une autre, une autre denrée », selon son cabinet.

Il y aura a priori des produits alimentaires et non alimentaires, du frais, des produits congelés, de l’épicerie, mais également des produits de propreté ou d’hygiène. « Ensuite, savoir si, sur le frais, on parle d’une catégorie produit laitier, ou est-ce qu’on dit catégorie yaourt et fromage », cela reste à arbitrer, dit-on encore côté gouvernement. Des produits bio devraient faire partie du panier.

Pourquoi les distributeurs ne sont pas très chauds ?

Si le flou demeure, c’est d’abord parce que le gouvernement lui-même ne peut pas être directif. Il faut « laisser de la liberté, sinon on enfreint les règles en matière de concurrence », indique Dominique Schelcher, le patron de Système U. Impossible donc de contraindre tous les acteurs à mettre en place ce panier. Impossible aussi de déterminer précisément la liste des produits qui composeraient ce panier, à nouveau pour des questions de concurrence. Le gouvernement entend plutôt laisser aux enseignes « le choix de chaque produit répondant à une unité de besoin », détaille le cabinet d’Olivia Grégoire.



« La plupart des enseignes font déjà ce genre de choses de manière assez claire », estime le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) Jacques Creyssel. D’ailleurs, Système U lance ce mercredi son propre panier, « 150 produits à prix coûtant ». « On ne sort pas des discussions avec le gouvernement », précise Dominique Schelcher, qui estime qu’il y a « urgence » et que le 1er mars « est trop loin ».