Angleterre : La violence sexuelle banalisée chez les jeunes exposés à la pornographie en ligne

protection des enfants Un rapport « met en évidence le besoin urgent de protéger les enfants contre les méfaits de la pornographie en ligne »

20 Minutes avec AFP
— 
Un jeune Indien utilise Internet dans un cybercafé à Allahabad, en Inde, lundi 3 août 2015. Illustration.
Un jeune Indien utilise Internet dans un cybercafé à Allahabad, en Inde, lundi 3 août 2015. Illustration. — Rajesh Kumar Singh/AP/SIPA

Les vidéos pornographiques d’hier ont un côté « pittoresque » par rapport aux films qui circulent de nos jours sur Internet. Et les jeunes semblent à voir parfois du mal à faire la différence entre une fiction érotique et la sexualité dans la vraie vie. C’est ce que met en évidence une étude quelque peu alarmante réalisée sur de jeunes anglais et leur rapport à la pornographie, publiée mardi. Ce rapport « met en évidence le besoin urgent de protéger les enfants contre les méfaits de la pornographie en ligne », a dit Rachel De Souza, la commissaire à l’enfance, qui dirige un organisme public chargé de protéger les droits des enfants.

En effet, un enfant sur 10 a vu de la pornographie à l’âge de 9 ans, selon cette enquête réalisée en Angleterre auprès de 1.000 jeunes entre novembre et janvier. La moitié des adolescents de 13 ans ont été exposés à de la pornographie. Près de huit jeunes sur 10 ont vu de la pornographie violente impliquant des actes sexuels coercitifs, dégradants ou douloureux avant l’âge de 18 ans.

Actes sexuels physiquement violents

Selon ce rapport, « les utilisateurs fréquents de pornographie sont plus susceptibles de se livrer à des actes sexuels physiquement agressifs ». A ce sujet, 47 % des personnes interrogées estiment que les filles « s’attendent » à ce que les rapports sexuels impliquent une agression physique. Et 42 % pensent que la plupart des filles « apprécient » les actes d’agression sexuelle. Près d’un jeune sur deux âgé de 18 à 21 ans a subi un acte sexuel violent, défini comme étant agressif, coercitif ou dégradant. « Les filles sont significativement plus susceptibles que les garçons d’avoir été victimes » d’un tel acte, précise le rapport.



« Permettez-moi d’être claire », écrit Rachel De Souza dans l’introduction du rapport : « Les contenus pour adultes auxquels les parents ont pu avoir accès dans leur jeunesse pourraient être considérés comme "pittoresques" par rapport au monde actuel de la pornographie en ligne. »

Violence sexuelle

« Les représentations d’avilissement, de coercition sexuelle, d’agression et d’exploitation sont monnaie courante et visent de manière disproportionnée les adolescentes », alerte-t-elle. « Je n’oublierai jamais la fille qui m’a raconté son premier baiser avec son petit ami, âgé de 12 ans, qui l’a étranglée. Il l’avait vu dans des films pornographiques et trouvait cela normal. » « Je suis profondément préoccupée par la normalisation de la violence sexuelle dans la pornographie en ligne et par le rôle qu’elle joue dans la formation des enfants en matière de sexualité et de relations », indique la commissaire.

Près de 40 % des jeunes de 16 à 21 ans disent être accidentellement tombés sur de la pornographie sur Internet. Mais la moitié des personnes interrogées (58 % des garçons et 42 % des filles, âgés de 16 à 21 ans) disent avoir elles-mêmes recherché de la pornographie en ligne.