Universités : Comment va fonctionner la nouvelle plateforme « Mon Master »
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR Ce mercredi sera mis en ligne monmaster.gouv.fr, qui a pour but de simplifier l’affectation des étudiants et de supprimer les places vacantes
- La nouvelle plateforme monmaster.gouv.fr, qui sera mise en ligne ce mercredi, est destinée aux diplomés d'une L3.
- Les étudiants pourront émettre 15 vœux en master classique et 15 vœux supplémentaires pour une formation en alternance.
- L’admission des candidats se fera du 23 juin au 21 juillet.
En finir avec le gâchis humain. Depuis plusieurs années, des centaines d’étudiants ayant validé leurs trois années de licence ne trouvent aucune université pour les accueillir en master. Pour tenter de limiter le nombre d' « échoués », le ministère de l’Enseignement supérieur lance ce mercredi une nouvelle plateforme sur Internet, baptisée « Mon Master », qui doit faciliter l’affectation des étudiants. 20 Minutes vous donne son mode d’emploi.
Quelles seront les formations proposées ?
Tous les diplômes nationaux de master. « Mais pas ceux qui délivrent le grade master », précise le ministère de l’Enseignement supérieur. Donc exit les mastères spécialisés et les MBA. Environ 185.000 places seront proposées en master sur la plateforme, sachant qu’environ 165.000 étudiants sont titulaires d’une L3 chaque année. Ces derniers ne sont pas les seuls à candidater, car les diplômés de licences professionnelles et les étudiants étrangers le font aussi. « Les masters les plus demandés concernent le droit, la psychologie, l’économie-gestion et les sciences de la vie », précise la Rue Descartes.
Combien de vœux peut-on émettre ?
Les étudiants pourront postuler à 15 masters en formation classique et à 15 autres en alternance. « C’est une manière de multiplier leurs chances et d’éviter les phénomènes d’autocensure », commente l’entourage de Sylvie Retailleau, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Le décompte de ces candidatures se fera par mention de master au sein d’une même fac. Un étudiant pourra donc postuler à plusieurs parcours proposés au sein d’une même mention de master, cela ne comptera que pour une seule candidature. Par exemple, s’il candidate dans la mention « Droit privé » de l’université X, cela ne comptera que pour une seule candidature, même s’il postule aux parcours « Droit des opérations immobilières » et « Droit privé général ».
Quelles sont les différentes phases de la procédure ?
A partir de ce mercredi jusqu’au 22 mars, les étudiants vont pouvoir consulter les fiches des masters, qui contiendront plein d’informations intéressantes : le contenu de la formation, ses capacités d’accueil, les compétences attendues, les mentions de licence conseillées, les débouchés… A partir du 22 mars et jusqu’au 18 avril 23h59, ils devront déposer leurs candidatures en une seule fois. Les universités auront alors un peu plus de deux mois pour analyser les dossiers reçus. Le 23 juin sera un grand jour pour les étudiants, puisqu’ils découvriront les premières réponses à leurs vœux, qui s’étaleront jusqu’au 21 juillet. Ils pourront soit accepter une proposition définitivement, soit la refuser, soit l’accepter provisoirement en gardant d’autres vœux pour lesquels ils sont sur liste d’attente, au cas où des places se libéreraient.
Mais attention : on ne peut accepter définitivement qu’une seule proposition. Pour une proposition reçue avant le 24 juin inclus, l’étudiant devra se prononcer au plus tard le 26 juin, à 23h59. Et lorsque de nouvelles propositions lui seront faites après cette date-là, il aura 24 heures pour se décider.
Quels sont critères de sélection des équipes pédagogiques ?
Contrairement à Parcoursup, « Mon Master » n’effectuera pas de premier tri des candidatures. « Ce n’est pas un algorithme, mais une courroie de transmission entre les candidats et les universités », insiste le ministère. Chaque équipe pédagogique définit ses propres critères de sélection. Sont appréciés le projet du candidat, sa motivation, la cohérence de son parcours, ses notes. Certaines facs pourront convoquer les candidats pour un écrit ou un oral de sélection entre 24 avril au 16 juin.
Les étudiants ayant suivi leur licence dans la fac où il postule en master seront-ils favorisés ? « On peut imaginer qu’un regard particulier sera porté sur sa candidature », déclare la Rue Descartes, sans trop se mouiller.
Que faire si on n’a obtenu aucune réponse positive le 21 juillet ?
L’étudiant pourra saisir le rectorat pour demander un accompagnement en vue de trouver une place en master. « En 2021, 6.500 candidats avaient fait cette démarche et en 2022, ils étaient 4.200. On pense que ce nombre baissera encore », déclare l’entourage de Sylvie Retailleau.
Existe-t-il des modalités particulières pour les formations en alternance ?
Oui ! Pour les formations en alternance, les réponses seront transmises au fil de l’eau, du 24 avril au 30 septembre. Elles ne pourront être positives que si le candidat a signé un contrat d’alternance avec une entreprise ou une administration. Comme pour la voie classique, le candidat pourra soit accepter définitivement une proposition, soit la refuser, soit l’accepter provisoirement, tout en conservant d’autres qui lui ont été faites. Pour une proposition reçue avant le 24 juin inclus, il devra se prononcer au plus tard le 26 juin, à 23h59. En cas d’acceptation dans une formation après cette date et jusqu’au 20 juillet, il aura 24 heures pour se décider. Pour une proposition reçue après le 21 juillet, il aura 3 jours pour se décider.
Une aide à la mobilité est-elle prévue pour les étudiants qui déménageront ?
Oui, mais pas pour tous. Seuls les boursiers y auront droit et elle s’élèvera à 1.000 euros. « L’an dernier, 7.200 étudiants ont bénéficié de cette aide », précise l’entourage de Sylvie Retailleau.
Quels sont les bénéfices attendus de cette nouvelle plateforme ?
Selon l’entourage de Sylvie Retailleau, elle aura plusieurs vertus, dont celle « d’harmoniser le calendrier des candidatures et d’accélérer les réponses aux étudiants ». L’autre objectif est de résorber les tensions entre offre et demande à l’université. « Avant la plateforme, les étudiants ne pensaient pas toujours à se désister et bloquaient des places. On ne pouvait en connaître le nombre qu’à la fin de l’été. Désormais, on saura avant l’été les places encore disponibles et on pourra mieux les réattribuer », ajoute le ministère.
L’enjeu est d’autant plus important qu’un nombre croissant d’étudiants font désormais appel à la justice pour contester un refus d’admission en master. Last but not least, la « charge administrative » des étudiants devrait baisser. « Ils n’auront plus des enveloppes kraft timbrées à envoyer dans toutes les formations », commente le ministère. Et la diminution de la paperasse va peut-être les inciter à postuler à davantage de masters.
Quels sont les points d’alerte des syndicats ?
Les organisations étudiantes appelaient de leurs vœux un système permettant d’améliorer la visibilité de l’affectation en master. Mais selon Imane Ouelhadj, présidente de l’Unef, il reste des points d’inquiétude : « On ne sait pas comment les dossiers vont être triés par les universités. Et nous craignons que l’an prochain, la plateforme soit paramétrée pour trier les candidatures comme sur Parcoursup. » Pour elle, « Mon Master » ne va pas régler le principal problème des étudiants, « à savoir le manque de places dans certaines formations, comme le droit, les Staps et la psycho. Ce qui laisse présager qu’encore trop d’étudiants accepteront une proposition par défaut, juste pour éviter une année blanche. »