Tableaux anonymes ou cartes Pokémon, et si vous possédiez un trésor sans le savoir ?
CHANCE Tous les objets poussiéreux ne sont pas bons à jeter. Certains peuvent même valoir une fortune, témoigne un commissaire-priseur toulousain.
- Il n’y a pas que chez Sophie Davant que des objets chinés ou dégottés au fond du grenier familial se transforment en trésor.
- A la veille des Journées nationales de l’expertise (gratuites), organisées dans toute la France par une société de commissaires-priseurs, un professionnel toulousain dévoile quelques-unes de ses précieuses trouvailles.
- Vase poussiéreux, bouteille de rhum oubliée ou même cartes Pokémon, mieux vaut y regarder à deux fois avant de faire le ménage.
« On a bien plus de chances de trouver un trésor chez soi que de gagner aux jeux ! » Voilà le slogan alléchant que la trentaine de commissaires-priseurs du groupe Ivoire a collé aux Journées de l’expertise, gratuites, qu’elle organise dans 16 villes de France jusqu’au 10 février. Elles consistent à apporter un vieil objet – trouvé à la cave, au cellier ou au grenier, voire au fond de l’armoire la plus défraîchie de son appartement – devant des experts, et à croiser les doigts. Un peu comme chez Sophie Davant mais sans les caméras. Jérome de Colonges ouvrira le ban* de cette chasse aux trésors dans son hôtel des ventes de Toulouse ce jeudi et ce vendredi. Et si le professionnel concède qu’il voit passer son lot de bijoux « juste plaqués or » ou de « tableaux d’Utrillo qui ne sont que des reproductions même pas décoratives », il a aussi tout un tas d’anecdotes récentes qui donnent envie d’y réfléchir à deux fois avant de débarrasser le plancher ou de briefer sa grand-mère entre quatre yeux quand elle a envie de grand ménage de printemps.
« Un homme m’a apporté par précaution des planches qu’il tenait de famille et dont il voulait faire des posters pour décorer la chambre de sa fille, raconte-t-il. Il s’agissait en fait de deux tableaux d’un peintre vietnamien que nous avons vendu plus de 200.000 euros ».
« Les objets bougent de manière incompréhensible »
Dans la lignée de ces objets « dont on ne connaît ni la valeur, ni le style, ni l’ancienneté » – mais qu’il vaut mieux faire expertiser, même sur photo au départ – il y a aussi ce minuscule objet de 9 cm qui lui a tapé dans l’œil par une « journée caniculaire de juillet », dans un buffet posé au fond d’une maison de la campagne toulousaine. Il s’agissait d’un sceau personnel de l’empereur chinois Qianlong. Il a fait quelques semaines plus tard le bonheur d’un collectionneur pour la somme astronomique d’1,225 million d’euros. Il a aussi découvert récemment un vase de Chine, parti à 380.000 euros, posé sur le bahut d’une vieille dame, dans l’indifférence d’une maisonnée où jouaient pas moins de 14 chats. Sans compter cette bouteille de rhum poussiéreuse à 5.000 euros qui a failli finir au rebut. « Que voulez-vous, les objets bougent, voyagent, de manière incompréhensible. Il y a toujours un ancêtre à qui on a remis une esquisse ou un objet comme rétribution de menus travaux et nous, nous rétablissons l’origine des choses », explique le spécialiste, qui reconnaît que son activité de dénicheur a été bien boostée ces dernières années par Affaire Conclue, « et les émissions américaines dont elle s’inspire ».
Meubles design en HLM et Dracaufeu
Nul besoin d’hériter d’une maison de maître pour trouver un trésor. C’est dans un HLM de la Ville rose que Jérome de Colonges a trouvé un ensemble de meubles tout droit sortis des années 1970 mais signés des designers Charlotte Perriand et Pierre Paulin.
Enfin, il n’y a pas que les antiquités qui peuvent devenir inestimables. Si vous commencez à vous dégarnir mais que vous avez dans votre jeunesse plongé tête baissée dans la collectionnite des cartes Pokémon, il est peut-être temps d’exhumer vos albums à cases plastifiées. Cette année un set de six cartes a atteint 51.000 euros à la revente et un Dracaufeu de 1999, certes « hologramme » et excessivement bien conservé, 12.000 euros à lui tout seul. Ce n’était pas à Toulouse. Mais il arrive désormais que de vénérables dresseurs de créatures en carton poussent la porte de Jérome de Colonges. Dans ce cas, ce « connaisseur en tout » n’hésite pas à passer la main au spécialiste maison, niveau expert.
* Jeudi de 10 heures à 18 heures et vendredi de 10 heures à 12 heures au 14, rue du Rempart Saint-Etienne à Toulouse.