Grossesse : « Tu as pris combien de kilos ? »… Les phrases qu’il ne faut pas dire à une femme enceinte
psychologie Le fait d’attendre un enfant expose à des réflexions sur son physique, sa vie de couple, le sexe de son bébé, le choix du prénom… Une plaie !
- Dans 9 Mois ferme ! 375 Remarques à ne jamais faire à une femme enceinte !*, qui paraît ce mercredi en librairie, Salomé Saint-Laurent a compilé les questions bêtes, les conseils inutiles et les commentaires intrusifs auxquels ont droit les futures mamans.
- Les théories loufoques sur le sexe du bébé et les récits gore sont aussi de la partie. Comme si la grossesse appelait forcément à des commentaires.
- L’entourage de la femme enceinte n’a généralement pas conscience de ses gaffes. Et du besoin d’écoute et de bienveillance éprouvé lors de cette période.
« Le papa aussi, il le voulait ? » , « T’es sûre que t’as le droit de manger ça ? ». Ce sont des petites phrases glissées dans les conversations, mais qui, à la longue, finissent par irriter les femmes enceintes. Dans 9 Mois ferme ! 375 Remarques à ne jamais faire à une femme enceinte !*, qui paraît ce mercredi en librairie, Salomé Saint-Laurent détaille par le menu le florilège d’inepties ou de lourdeurs que subissent les futures mères.
Dès l’annonce de leur grossesse, elles ont droit à des réactions un peu trop spontanées : « Enceinte ? Mais pourquoi ? Tu as déjà un garçon et une fille », « Tu n’aurais pas préféré prendre un chien ? », « Le deuxième, tu vas voir, c’est horrible », « C’est une grossesse voulue ? » , énumère l’ouvrage. « Il s’agit souvent de clichés ou de réflexions déplacées sans filtre, qui témoignent de l’imaginaire entourant la femme enceinte : l’âge qu’on imagine idéal pour enfanter, le sexe rêvé pour son enfant à naître… Les proches ressentent le besoin de se positionner par rapport à l’événement », estime Salomé Saint-Laurent.
« Prépare-toi une petite bouée après l’épisiotomie »
Les femmes enceintes ont aussi le privilège de répondre à des questions absurdes ou intrusives, telles que : « Tu es sûre que tu n’attends pas des jumeaux ? », « Comment tu fais pour t’épiler, maintenant ?, « Ça doit te manquer d’avoir une vie sexuelle, non ? », « Tu as pris combien de kilos exactement ? », « Tu vas l’allaiter ? », « Je peux toucher ton ventre ». Ce qu’explique aisément Yveline Exbrayat, psychologue et psychothérapeute, spécialisée en périnatalité : « La grossesse est considérée par beaucoup comme un événement social et non privé. Le meilleur exemple est la tendance qu’ont les gens à toucher le ventre de la femme enceinte ».
Attendre un enfant, c’est aussi s’exposer à une myriade de conseils, comme : « Tu ne devrais pas manger du saumon », « Prépare-toi une petite bouée après l’épisiotomie, parce que tu ne risques pas de t’asseoir de sitôt », « Reprends une part, tu dois manger pour deux », « Evite d’accoucher un dimanche, ça en ferait un feignant. » Une manie qu’analyse Yveline Exbrayat : « Les personnes qui sont déjà parents estiment que leur expérience est généralisable. De plus, la grossesse entraîne une posture de protection de l’entourage. Quitte à être paternaliste ou donneur de leçons ». Et quand ces conseils, voire ces injonctions, proviennent de personnes qui n’ont pas d’enfant, ils irritent encore plus, selon Salomé Saint-Laurent : « Pour la femme enceinte, ces personnes n’ont aucune légitimité à leur délivrer des conseils, souvent hors sol. »
« Mon accouchement a été un remake de massacre à la tronçonneuse »
Et certains ne se privent pas d’abreuver leurs copines enceintes de théories loufoques : « Ventre en bas, c’est un petit gars ! », « Tu as des envies de salé, c’est un garçon ! ». Une tendance qu’explique la psychologue : « Ils essayent de maîtriser ce phénomène étrange qu’est la grossesse avec des croyances infondées. »
Sans oublier les récits gore auxquels les mères se laissent volontiers aller : « Mon accouchement a été un remake de massacre à la tronçonneuse », a raconté l’une de ses amies à Salomé Saint-Laurent. « La femme enceinte se prend en pleine face tout le catalogue des horreurs qui peuvent survenir lors d’un accouchement. Alors qu’il n’y a pas deux naissances identiques. Ces récits sont des générateurs de stress », souligne Salomé Saint-Laurent. « Ces femmes viennent partager un trauma non digéré, sans penser à l’interlocuteur qu’elles ont en face », observe Yveline Exbrayat.
Des réflexions qui peuvent blesser
Pendant neuf mois, on est aussi exposé à des remarques parfois franchement désobligeantes, comme : « Tu ne vas pas l’appeler comme ça quand même ! », « fais voir tes vergetures, que je me fasse une idée de ce qui m’attend », « Tu prends déjà ton congé mat ? », « Avoir un bébé à ton âge, moi, je n’aurais pas osé ! ». Des phrases d’autant plus surprenantes qu’elles émanent souvent de proches. « Cela dénote souvent une jalousie de la part de bonnes copines qui n’ont pas encore eu la chance d’être mères. Ou qui anticipent le fait que la future mère va leur échapper, sera moins disponible pour elles », commente Salomé Saint-Laurent.
Ces réflexions déplacées – voire un poil méchantes – peuvent affecter les futures mamans : « Elles sont plus difficiles à avaler, car la grossesse est une période de doutes et de transformation. Le cerveau émotionnel est surdéveloppé pendant ces neuf mois et si certaines réflexions glissent en temps normal, elles touchent lorsque l’on est enceinte, surtout lorsqu’elles proviennent des parents », constate Yveline Exbrayat. Pour s’en défendre, la psychologue suggère de ne pas réagir par l’agressivité : « Il faut essayer de ne pas se mettre en position de récepteur et de répondre : "Je ne partage pas cette idée", "Ça n’engage que toi". » A force d’agacements, certaines femmes enceintes décident même de mettre à distance les personnes trop invasives, voire toxiques, au moins pendant un temps.
Reste que l’entourage des femmes enceintes n’a généralement pas conscience de faire des gaffes et ne comprend pas toujours de quoi les futures mamans ont besoin pendant cette période. « Elles ne veulent pas de jugements ou de conseils. Elles ont besoin qu’on se taise, qu’on les écoute et qu’on leur demande comment elles vont », insiste Yveline Exbrayat.
* 9 mois ferme ! 375 remarques à ne jamais faire à une femme enceinte !, Salomé Saint-Laurent, Opportun éditions, 12,90 euros.