
Grève des médecins : Le quotidien d’Amélie, généraliste dans un désert médical
SANTE Brut, partenaire de « 20 Minutes », recueille le témoignage d’une professionnelle désemparée
Quelques jours après la reconduction de la grève des médecins libéraux, le cas particulier du docteur Amélie Ricois éclaire sur la situation des professionnels de santé. Généraliste en Eure-et-Loir, l’un des départements qualifiés de « déserts médicaux », cette jeune professionnelle totalise 1.900 patients (contre une moyenne nationale de 800 patients).
« J’avais envie d’éteindre l’ordinateur et de rentrer chez moi »
Si elle réserve 15 créneaux quotidiens pour traiter les urgences, ça n’est hélas pas suffisant : « le 12 décembre, il y a eu 46 appels pour des demandes de rendez-vous d’urgence ! J’avais envie d’éteindre l’ordinateur et de rentrer chez moi parce que je savais que je ne pourrais pas gérer tout le monde, témoigne-t-elle. Dans ce genre de cas, c’est la guerre et on prie pour que tous ceux qu’on n’aura pas vus aillent bien ».
« Je suis fière d’être médecin, parce que j’en ai quand même bavé pendant mes études… Mais je ne sais pas si on doit être fier de réussir à travailler dans ces conditions-là parce qu’en fait, on accepte ce qui est inacceptable », déplore le docteur Ricois. « Ça ne fait pas dix ans que je suis installée et en fait, je n’ai qu’une envie, c’est de faire autre chose ».
Amélie Ricois essaie, autant que possible, de tenir malgré cette situation des professionnels de santé : « aujourd’hui, j’ai plein de collègues qui sont à genoux, qui n’en peuvent plus, qui se mettent en arrêt de travail et qui ne retourneront jamais faire le travail qu’ils aimaient ; alors je me dis " houla, il ne faudrait pas que je sois la prochaine ! ". J’essaie de tout faire pour que ça ne soit pas le cas ».
Cet article est réalisé par Brut et hébergé par 20 Minutes.