A l’image de Nantes, les panneaux publicitaires n’ont plus la cote en ville

AFFICHAGE La métropole nantaise a lancé mercredi soir le démantèlement de près d’un millier de panneaux publicitaires. Une opération spectaculaire qui illustre une tendance de fond en France

Frédéric Brenon
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Un panneau de 8 m2 exploité par l'afficheur JC Decaux dans une rue nantaise.
Un panneau de 8 m2 exploité par l'afficheur JC Decaux dans une rue nantaise. — F.Brenon/20Minutes
  • Dans le cadre de son nouveau règlement local de publicité, Nantes métropole a interdit la publicité sur près de 70 % de son territoire.
  • L’adoption du texte a entraîné la renégociation du contrat en cours passé avec JCDecaux.
  • Pour des raisons écologiques, visuelles ou morales, plusieurs grandes villes ont aussi décidé de limiter la présence de la pub sur l’espace public.

« C’est une réduction significative qui ne devrait pas passer inaperçue. Mais c’est le sens de l’histoire. L’époque a changé. Il y a une attente importante des habitants sur ce sujet. » Thomas Quéro (PS), adjoint au maire de Nantes, défend le démantèlement spectaculaire de panneaux publicitaires qui a débuté mercredi soir. Quelque 120 supports de 8 m2 et 2 m2 sont en effet retirés d’ici à jeudi midi par l’afficheur JCDecaux afin de se conformer au nouveau règlement local de publicité (RLPm) adopté par Nantes métropole.

Le texte, approuvé en juin, interdit désormais la publicité sur près de 70 % du territoire métropolitain et prévoit le démontage d’un millier de panneaux d’ici à deux ans. « L’idée est de réduire le nombre de supports afin d’améliorer le paysage, offrir des vues dégagées, notamment dans le centre-ville historique. Il s’agit aussi de penser au climat et diminuer la consommation énergétique », justifie Thomas Quéro.

Des recettes en moins pour la collectivité

Outre la suppression de l’ensemble des panneaux de 12 m2, l’un des volets remarqués du plan nantais est l’interdiction de tout affichage dans les zones naturelles et agricoles, ainsi que dans un périmètre de 50 m autour des écoles (de la maternelle au collège) afin de « protéger les plus jeunes » contre l’incitation à « l’hyper consommation ». Le nouveau règlement, qui inclue également de fortes restrictions visant les écrans numériques et dispositifs lumineux, a entraîné la renégociation du contrat de mobilier urbain conclu en 2017 avec JCDecaux alors que celui-ci courait sur 20 ans.

Avec une conséquence directe : un manque à gagner d’environ 3,5 millions d’euros par an pour la métropole (la redevance versée à la collectivité s’élevait à 6,6 millions d’euros en 2021 et pouvait grimper jusqu’à 11 millions d’euros par an). « Bien sûr, il y a une perte de recettes, reconnaît l’adjoint au maire de Nantes. Mais c’est un choix de société qu’on assume. Il faut aussi relativiser au regard du budget d’une métropole comme la nôtre qui avoisine 1 milliard d’euros. »


Démontage nocturne d'un panneau proche d'une école, boulevard de la Fraternité à Nantes.
Démontage nocturne d'un panneau proche d'une école, boulevard de la Fraternité à Nantes. - F.Brenon/20Minutes

« Nantes est la première ville de cette taille à travailler sur une telle demande avec nous », réagi Valentin Gourdon, directeur régional de JCDecaux en Pays-de-la-Loire et en Bretagne. L’afficheur, qui détient le marché de la plupart des grandes villes françaises, n’ignore pas que la tendance actuelle n’est pas favorable à son activité. Mais il insiste sur la « qualité de service » préservée avec un « nouveau maillage » des panneaux publicitaires restants.

A Grenoble, Lyon, Bordeaux, Rennes…

« Ce qu’on regrette c’est que, quand on retire un panneau, on retire certes une capacité d’affichage commercial mais on réduit aussi la capacité de la métropole et de ses associations à communiquer avec ses habitants. On retire aussi une visibilité pour des annonceurs locaux et des entreprises régionales. On retire également un moyen de financer les services publics grâce aux recettes apportées par la publicité », avance Valentin Gourdon, rappelant que les panneaux sont installés, nettoyés et entretenus par l’entreprise privée. « Ces mobiliers sont absolument indispensables à la société, ajoute le directeur régional. Les abribus que nous mettons à disposition, par exemple, à une époque où on développe les transports en commun, on ne pourrait pas s’en passer. »



JCDecaux a mobilisé 50 personnes pour le démontage en deux jours de ses 120 panneaux situés sur l’espace public nantais. Ces équipements seront déployés dans d’autres villes. Le démantèlement des panneaux de la métropole nantaise posés sur l’espace privé, beaucoup plus nombreux, doit, lui, s’opérer d’ici à mi-2024.

Plusieurs autres métropoles françaises, comme Grenoble, Lyon, Bordeaux, Rennes ou Rouen, ont décidé de diminuer significativement la présence publicitaire sur l’espace public à l’occasion du renouvellement de leur marché. Certaines villes ont également engagé des négociations avec leur afficheur.