Bordeaux : A partir du 2 janvier, 57 % de l’éclairage public sera éteint la nuit
CONSOMMATION En réponse à la crise énergétique, la majorité écologiste de la mairie de Bordeaux a décidé d’éteindre, dès lundi matin, 57 % de l’éclairage public entre 1h et 5h, dans les quartiers résidentiels mais pas en centre-ville
- La ville de Bordeaux « accélère son plan de sobriété » en éteignant dès lundi 57 % de son éclairage public entre 1h et 5h du matin.
- L’opposition macroniste au maire écologiste Pierre Hurmic, regrette cette décision « brutale » et met en avant « les craintes concernant la sécurité et son ressenti. »
- Adjoint au maire en charge de la sobriété, Laurent Guillemin assure de son côté qu’une « concertation de six mois a été menée avec les professionnels de la nuit, de la sécurité et des transports » avant d’arriver à cette décision.
Une décision « courageuse » pour la majorité écologiste de la ville de Bordeaux, un « revirement brutal et non concerté » pour l’opposition municipale. Dès lundi, Bordeaux va éteindre 57 % de son éclairage public entre 1h et 5h du matin, essentiellement en zone résidentielle. « En réponse à la crise énergétique et à la crise climatique, la ville accélère son plan de sobriété et limite sa consommation d’énergie » explique la municipalité. « Une initiative qui répond également à la stratégie nationale de lutte contre la pollution lumineuse. »
Cette mesure doit permettre à la ville d’économiser 880.000 euros par an, sur un budget d’éclairage global estimé à 3,5 millions d’euros, « et plus de 3,4 GWh/an, soit 20 % de la consommation annuelle actuelle. » Quelque 236 tonnes de CO2 seront par ailleurs évitées.
Tollé de la part de l’opposition macroniste
L’annonce de cette mesure a provoqué un tollé de la part de l’opposition macroniste. « Le plan d’extinction de l’éclairage public est un revirement brutal et non concerté de la politique de l’éclairage urbain, qui va à l’encontre de ce qui avait été présenté au conseil municipal de février dernier » dénonce ainsi le groupe Renouveau Bordeaux présidé par Thomas Cazenave.
« Au regard des craintes, concernant la sécurité et son ressenti, systématiquement soulevées lors des réunions de quartier, nous regrettons que la mairie n’ait pas fait le choix de la progressivité ou d’une expérimentation partielle avant de généraliser ce plan, pointe Renouveau Bordeaux. Nous regrettons également l’absence d’une concertation qui aurait permis de faire émerger des alternatives comme une extinction différenciée entre semaine et week-end, ou entre lieux de vie, ou encore d’aménagements pour garantir la sécurité de nos concitoyens, en particulier des travailleurs devant se déplacer la nuit, des jeunes et des femmes, principales victimes de l’insécurité et qui pourraient demain renoncer à sortir la nuit. »
« Des professionnels de la sûreté nous ont demandé de rallumer certaines zones »
« C’est l’évolution du contexte énergétique depuis le début de l’année qui a amené à cette décision » justifie Laurent Guillemin, ajoint au maire en charge de la sobriété énergétique, qui dément toutefois toute absence de concertation. « Elle a été faite pendant six mois avec tous les professionnels du monde de la nuit et les acteurs de la sécurité, de la sûreté et des transports ». L’élu explique même être revenu sur certains choix de départ. « Au début, nous avons présenté une carte d’extinction qui était plus vaste que celle-ci, mais quand des professionnels de la sûreté nous ont demandé de rallumer certaines zones, comme La Benauge, Les Aubiers ou de grands axes pénétrants, nous l’avons fait sans discuter. »
La municipalité explique par ailleurs avoir regardé ce qui se faisait ailleurs, puisque « quatorze communes de la métropole bordelaise ont déjà plusieurs mois ou années d’expérience de l’extinction de l’éclairage public, et six autres villes sont sur le point de la mettre en œuvre ». « Nous avons tout simplement appliqué leur méthodologie, explique Laurent Guillemin. La ville de Bordeaux n’est pas précurseur en la matière, même si nous sommes certainement la plus grande ville, à ce jour, à aller aussi loin. »
« Des ajustements à la marge… »
L’extinction « concerne prioritairement les quartiers résidentiels, ajoute la mairie, l’hypercentre et les quartiers prioritaires de la ville resteront allumés ». Un choix qui s’est fondé sur une donnée : « sur cent piétons entre 1h et 5h du matin, vous en avez 99 dans l’hypercentre » assure Laurent Guillemin. Toutefois, de nombreuses questions autour de la sécurité sont soulevées. « Croyez-vous que la ville aurait mis en place une politique aussi courageuse, en éteignant d’un coup 57 % des 35.000 lampadaires de Bordeaux, si on avait eu des alertes sur d’éventuels risques sur la sécurité ? Après, il y aura certainement des ajustements à faire, à la marge, sur tel ou tel carrefour… »
« La politique du début de mandat sur l’éclairage public n’a pas changé, poursuit l’élu, et nous ne faisons pas que de l’extinction, nous continuons à déployer de la Led, du détecteur de présence, des candélabres solaires… Nous allons investir un million d’euros sur de nouveaux lampadaires. »
La ville a par ailleurs décidé de revoir sa politique sur la mise en lumière des façades. « Nous avons fait le choix d’éteindre 90 monuments sur 120 à Bordeaux, et de ne maintenir de façon symbolique que l’éclairage du pont de pierre, de la place de la Bourse, de la façade du Palais-Rohan, de la porte de Bourgogne, ou encore du Grand-Théâtre… »