Toulouse : Bronchiolite, grippe, Covid-19, congés… L’hôpital en surtension à la veille de Noël

Urgences Le niveau 1 du « plan blanc » a été déclenché aux urgences pédiatriques du CHU de Toulouse ce vendredi

Béatrice Colin
Devant le CHU de Toulouse, à Purpan.
Devant le CHU de Toulouse, à Purpan. — F. Scheiber - Sipa
  • Le CHU de Toulouse est confronté à une saturation de ses urgences adultes et enfants depuis quelques jours, en raison des épidémies hivernales et du Covid-19.
  • Cette tension, accrue à cause de la fermeture de services d’urgences de certaines cliniques privées de l’agglomération, risque de s’accentuer avec les congés de Noël des hospitaliers.
  • Le niveau 1 du « plan blanc » a été déclenché ce vendredi aux urgences pédiatriques. Le CHU appelle les Toulousains à ne pas encombrer les urgences, mais appelle aussi la médecine de ville et les cliniques privées à les soutenir au cours des prochains jours.

« Ce matin, il y avait des patients dans les couloirs de Rangueil et Purpan. Il y a aussi une grosse tension au SAMU, avec une hausse de 20 à 30 % des appels alors que nous ne sommes pas encore rentrés dans l’épidémie de grippe. » Le professeur Sandrine Charpentier, chef du pôle « médecine d’urgences » au CHU de Toulouse, ne cache pas son inquiétude à la veille des vacances scolaires de Noël, alors qu’une partie des cabinets de médecins vont fermer ces prochains jours.

Alors qu’habituellement, 300 à 350 patients sont pris en charge chaque jour aux urgences adultes, aujourd’hui, ils sont près de 400 à franchir l’établissement de soins. Avec un retour des cas de Covid-19, en particulier chez les personnes âgées.



« Nous sommes à plus de 50 patients Covid-19 sur les services de gériatrie, ce qui fait 40 à 50 % des patients hospitalisés gériatriques. Ce n’est pas comme aux premières vagues où c’était le Covid-19 qui faisait qu’on hospitalisait les patients. Là c’est comme la grippe, ils décompensent leur pathologie chronique. C’est ça maintenant, la maladie Covid-19, ce ne sont pas les atteintes respiratoires que l’on a connues », indique la praticienne.

Fermetures des urgences dans des cliniques privées

Cette recrudescence, combinée aux autres pathologies virales, comme la grippe ou la bronchiolite, entraîne une saturation des services et une vraie tension. D’autant que le CHU de Toulouse doit faire face ces derniers temps à une hausse de l’absentéisme de son personnel, touché aussi par les virus et qui a vu la réapparition de clusters.

Sans compter la fermeture de services d’urgences de cliniques privées du secteur, comme celle de L’Union ce vendredi soir, confrontée aussi à ces problèmes. « C’est aussi ce qui s’est passé le week-end dernier avec la fermeture des urgences d’Ambroise Paré, de fait, elles se sont reportées sur le CHU », poursuit la responsable des urgences, qui « lance un appel à tous les partenaires pour rester mobilisés ».

Pour faire face, une cellule de crise a été ouverte il y a quinze jours, afin de libérer les places qui peuvent l’être. « En moyenne, il y a 60 patients par jour qui requièrent une hospitalisation sur le CHU de Toulouse. On s’est organisé pour essayer de libérer de la place, mais nous sommes en tension depuis trois jours consécutifs. On a aussi des fermetures de lits prévues, qui sont les mêmes tous les ans dans le cadre des congés », souligne Béatrice Riu, cheffe de la réanimation au CHU, qui indique que les soignants, très sollicités ces derniers mois, ne seront pas rappelés.

Appel à la responsabilité auprès des patients

Un système déjà grippé auquel s’ajoutent les perturbations aussi enregistrées au niveau des sociétés de transport de malades, qui n’échappent pas aux cas de Covid-19, et qui retardent la sortie des patients et donc la libération des lits.

Un appel aux « bonnes pratiques » est donc lancé à destination des patients, mais aussi des parents. Car si les urgences adultes sont au bord de l’explosion, c’est aussi le cas du côté de la pédiatrie où la bronchiolite, doublée de la grippe, fait des ravages.

Le plan niveau 1 du plan blanc a donc été déclenché en service pédiatrie. « C’est un moyen d’alerter la population et la médecine de ville sur la très forte tension à laquelle nous sommes soumis, de façon à limiter les venues à l’hôpital des enfants qui ne sont pas indispensables », martèle Isabelle Oliver-Petit, médecin à l’hôpital des enfants qui avait anticipé la vague de bronchiolite en ouvrant il y a un mois près de 40 lits supplémentaires. Tous déjà occupés, en particulier par des nourrissons de moins de six mois, sans aucune pathologie sous-jacente, très touchés cette année par le virus. « Alors, en cette période de Noël, le meilleur cadeau que l’on peut faire à ces enfants, c’est d’éviter les contacts multiples, même en famille, et d’appliquer les gestes barrières », insiste cette pédiatre.