Sexisme au travail : Un dispositif gratuit et ouvert à tous pour sensibiliser les entreprises
EGALITE FEMME-HOMME Depuis 2021, le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) développe le projet Egalipro afin de lutter contre les violences sexistes et sexuelles au travail
- Dans le cadre du projet Egalipro, unique en France et développé par le CIDFF Paca, des sensibilisations aux violences sexistes et sexuelles sont réalisées gratuitement dans les entreprises des Alpes-Maritimes.
- Ce dispositif a été mis en place depuis 2021 et concerne une quinzaine de sociétés, de tous les secteurs, indique le CIDFF 06.
- L’entreprise Expressions pie et a décidé de renouveler le partenariat.
Laisser passer sa collègue dans les escaliers pour voir sous sa jupe, ne pas embaucher une femme parce qu’elle est mère de deux enfants, réserver des postes qui nécessitent de la force physique à des hommes. A tous ces exemples, ajoutez : « On ne peut plus draguer tranquille » et une « petite blague sexiste et clichée ».
Pour en finir avec ces stéréotypes et ces agissements, l’équipe du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) des Alpes-Maritimes mène un projet pilote et unique en France construit avec le CIDFF Paca.
« On est tous imprégnés par des énormités intériorisées par la société dans laquelle on vit, reconnaît Olfa Ben Aouissi, chargée de mission insertion et égalité. Notre but c’est de montrer que c’est possible de déconstruire ces idées toutes faites qui sont, en réalité, des violences pour certaines personnes. »
Lier accompagnement professionnel et sensibilisations
Cette mission fait partie du dispositif Egalipro qui existe depuis quelques années via « l’insertion et l’accompagnement professionnel des femmes en recherche d’emploi » et s’est élargi à la sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles au sein des entreprises depuis 2021. « C’est complètement gratuit et ouvert à tous », précise Aude Antoinette, chargée de mission égalité et emploi au CIDFF 06.
Aucun critère n’est requis pour bénéficier d’Egalipro, qui est financé par le Fonds de soutien européen. « Il faut simplement un petit engagement donnant-donnant », reprend la responsable du volet. Elle ajoute : « L’idée est de créer un lien avec le premier aspect du projet et de permettre aux femmes qu’on accompagne de découvrir des métiers à travers les partenariats qu’on fait. Ça s’illustre en coaching ou en stage par exemple. Chacun fait comme il peut et comme il veut ».
En échange, les deux femmes entreprennent la sensibilisation des équipes gratuitement aux violences et harcèlement sexistes et sexuels au travail.
Une ambiance « ludique et bienveillante » pour parler des violences sexistes et sexuelles
Expressions parfumées, une maison de composition de parfum du groupe Givaudan, à Grasse, fait partie de la quinzaine d’entreprises partenaires depuis mars 2022 et va renouveler la collaboration l’année prochaine. « Ce projet s’ancre dans la démarche de l’entreprise pour améliorer sa démarche dans l’égalité femme-homme », explique Alexia Dominey, cheffe du projet développement durable parfum de cette entreprise de 237 employés.
Ces derniers ont tous bénéficié d’une sensibilisation sur le sexisme au travail d’une heure et demie, les managers ont, eux, passé une demi-journée à parler du sujet. Pour parler aux groupes de douze à quinze personnes, les chargées de mission du CIDFF06 ont « une mallette » spécifique.
« On installe une ambiance bienveillante et ludique de manière à ne pas cristalliser les personnes, souligne Olfa Ben Aouissi. On les rend actifs en prenant des exemples concrets, qu’ils ou elles ont déjà vécus, entendus ou vécus. On définit ce que sont les violences sexistes et sexuelles et de poser le cadre légal. Le but est de casser cette banalisation d’agissements. »
« S’investir pour plus de justice sociale »
Le projet Egalipro a permis de « lever des points essentiels » chez les salariés d’Expressions parfumées. Alexia Dominey développe : « On a eu tous types de réception dans les équipes. Des personnes qui se sont senties attaquées, d’autres qui se sont rendu compte qu’elles avaient accepté trop de choses dans leur carrière. Dans tous les cas, il y a eu des prises de conscience et beaucoup de discussions. »
Selon celle qui fait aussi partie de l’équipe de RSE est convaincue que, grâce à ce partenariat, « des comportements vont changer ». « C’est aussi l’occasion de faire connaître les actions du CIDFF d’une manière générale et de mettre en avant le sujet des violences sexistes et sexuelles », appuie-t-elle. Et même au-delà. La cheffe de projet souligne l’intérêt pour l’entreprise d’avoir des équipes qui se sentent bien au travail pour son activité.
« Le besoin est là. Et c’est dans les obligations légales d’un employeur en matière de santé et de sécurité de ses salariés d’y faire attention. Maintenant, il a les moyens de le faire et de s’investir pour plus de justice sociale », conclut Aude Antoinette.