Réforme des retraites : Elisabeth Borne consulte à nouveau les groupes politiques

négos Le patron de la CGT Philippe Martinez a réitéré la menace de forte mobilisation dans la rue en janvier

20 Minutes avec AFP
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Elisabeth Borne entame mercredi 14 décembre 2022 une nouvelle journée de consultation des groupes politiques sur sa réforme controversée des retraites, dont la présentation a été reportée au 10 janvier.
Elisabeth Borne entame mercredi 14 décembre 2022 une nouvelle journée de consultation des groupes politiques sur sa réforme controversée des retraites, dont la présentation a été reportée au 10 janvier. — Aurelien Morissard/POOL/SIPA

Elisabeth Borne consulte à nouveau mercredi les groupes politiques sur sa réforme controversée des retraites, espérant profiter du report de sa présentation décidé par Emmanuel Macron pour amadouer la droite et la CFDT, au risque d’être accusée de tergiverser ou craindre la mobilisation sociale.

La Première ministre s’est montrée « intéressée » par la réforme votée chaque année par le Sénat visant à repousser l’âge de départ à 64 ans et accélérer l’allongement de la durée de cotisation, a rapporté Hervé Marseille, président du groupe Union centriste au Sénat, à l’issue de son entretien à Matignon. Le chef de file des députés Les Républicains, Olivier Marleix, a lui redit qu’il ne voulait pas d’une réforme « brutale » dans un contexte économique « difficile ».

Il s’agit aussi « d’atténuer » la portée du texte face aux « résistances »

Le gouvernement privilégie un report progressif de l’âge de départ de 62 à 65 ans, sans écarter la piste d’un recul à 64 ans avec un allongement de la durée de cotisation, autant de propositions contestées par les syndicats et l’essentiel des oppositions. La gauche a d’ailleurs affiché mercredi un « front commun » contre les projets de l’exécutif.

Initialement prévue jeudi, la présentation de la réforme promise par Emmanuel Macron avant sa réélection a été reportée au 10 janvier. Pour Hervé Marseille, le gouvernement veut utiliser ce délai « pour convaincre, partager, dialoguer ». Il s’agit aussi « d’atténuer » la portée du texte face aux « résistances », selon le patron des députés communistes André Chassaigne.

LR souffle le chaud et le froid

Sans majorité absolue à l’Assemblée, l’exécutif espère obtenir le soutien des Républicains qui détiennent, avec 62 députés et apparentés, assez de voix pour faire passer - ou capoter -- le texte. Mais, pour l’instant, LR souffle le chaud et le froid. Olivier Marleix a assuré qu’une motion de censure n’était « pas le but » et que ses élus étaient tous favorables à une réforme, même s’ils sont divisés sur celle d’Emmanuel Macron.

C’est déjà la deuxième fois que le gouvernement appuie in extremis sur le frein. Lors d’un dîner de la majorité à l’Elysée fin septembre, le patron du MoDem François Bayrou s’était élevé contre un « passage en force » par un amendement budgétaire. L’exécutif avait alors temporisé et engagé des concertations.

A l’issue d’un deuxième dîner le 7 décembre, la piste privilégiée par le chef de l’Etat restait un report de l’âge à 65 ans, selon plusieurs convives. Mais certains piliers de la majorité ont plaidé pour une mesure un peu moins clivante - 64 ans - alliée à une accélération de l’allongement de la durée de cotisation.

Elisabeth Borne voulait « reprendre en main »

Depuis qu’Emmanuel Macron a annoncé ce nouveau report, tout le monde se perd en conjectures sur ses raisons, y compris au sein du camp présidentiel où les versions divergent et les piques fusent. Une dissension entre le président, qui veut afficher son réformisme coûte que coûte, et sa Première ministre, plus prudente ? « Le gouvernement n’était pas sur la même ligne », « il y avait du flottement dans les rangs », croit savoir FO, semblant accréditer cette thèse.

Selon une source gouvernementale, c’est bien Elisabeth Borne qui voulait « reprendre en main » après avoir fait le constat qu’Olivier Dussopt « avait raté » les concertations sur plusieurs sujets. L’exécutif considère aussi qu’il y a une « carte à jouer côté CFDT », glisse un cadre de la majorité.

Emmanuel Macron a demandé au patron de Renaissance, Stéphane Séjourné, et à Sacha Houlié, président de la commission des lois à l’Assemblée, de rencontrer Laurent Berger, secrétaire général du syndicat réformiste. « Je n’ai pas de place dans mon agenda avant début janvier », a répondu l’intéressé.

Ce ne sera « jamais le bon moment » pour une telle réforme, mais il faut « tout faire » pour éviter un blocage du pays, avance une autre source ministérielle. Le patron de la CGT Philippe Martinez a réitéré la menace de forte mobilisation dans la rue en janvier.