Strasbourg se mobilise pour lutter contre le harcèlement sexuel et sexiste dans le monde de la nuit
Prévention La ville de Strasbourg avec le programme européen SHINE réfléchit à un dispositif de prévention du harcèlement sexuel sur les lieux de vie nocturnes et festifs
- Depuis juin, la ville de Strasbourg participe au projet européen SHINE. Financé par le programme Droits, Égalité et Citoyenneté de l’Union européenne, il est consacré à la prévention du harcèlement sexiste et sexuel sur les lieux de vie nocturnes.
- Des campagnes de communication à destination du grand public et des professionnels de la nuit.
Les témoignages de viols et d’agressions sexuelles sous soumission chimique, dans le monde de la nuit, se sont répandus sur les réseaux sociaux ces derniers mois. Pour faire face à ce fléau, la ville de Strasbourg a décidé de participer au projet européen SHINE. Financé par le programme Droits, Égalité et Citoyenneté (REC) de l’Union européenne, il se consacre à la prévention du harcèlement sexiste et sexuel sur les lieux de vie nocturnes. L’objectif est rendre la nuit plus sûre mais aussi de développer un dispositif de prévention commun avec d’autres grandes villes européennes : Marseille, Louvain, Prato, ou encore Budapest.
Différents acteurs de la nuit strasbourgeoise se sont réunis début décembre : polices nationale et municipale, justice, associations d’aide aux victimes ou de prévention des conduites à risques, professionnels de la nuit, CTS, etc. Bref, beaucoup de monde qui n’a « pas forcément l’habitude de réfléchir et de travailler ensemble, n’a pas forcément le même langage », constate l’adjointe à la maire Nadia Zourgui, en charge de la tranquillité publique, de la police municipale, de la prévention de la délinquance et de la médiation.
A Strasbourg, des dispositifs de prévention contre le harcèlement sexiste et sexuel existent déjà. « La cellule d’accompagnement des victimes à l’hôpital de Hautepierre, la sécurisation des personnes dans les transports en commun de la CTS, énumère l’élue. Mais on s’est rendu compte qu’on ne communiquait pas assez, car même les membres d’associations ne les connaissaient pas forcément tous. »
Des espaces dans les établissements pour accueillir et sécuriser les victimes
Après analyses des modes de préventions retenus ou imaginés par les participants, d’autres réunions de travail et de réflexion vont avoir lieu prochainement. D’abord une « campagne massive de communication » sur la soumission chimique tournée vers les victimes et leurs proches et intitulée « Veille sur tes ami.es ». « Car la plupart du temps, les victimes de soumission chimique sont "posées sur le trottoir", sans appeler des proches ou la famille, regrette Nadia Zourgui. L’idée est de dire : vous faites la fête ensemble, alors, comment vous rentrez ensemble ? Et comment vous faites attention les uns aux autres. »
La campagne de prévention « Protégez vos client.es » sera à destination des restaurateurs, bars, établissements de nuit. La plaquette comprendra « tous les numéros de téléphone nécessaires, pour savoir ce qu’il faut faire, les bons réflexes à avoir, au cas où l’on retrouve une victime dans ou à proximité d’un établissement », détaille Nadia Zourgui.
Enfin, une autre préconisation du programme SHINE, consiste à sensibiliser et former les personnels des établissements de nuit et la mise en place d’un label Safe. Mais aussi veiller à ce qu’ils aient un espace où on peut accueillir et sécuriser une victime. Il pourrait être, à Strasbourg, effectif dès la fin janvier. En attendant, les plaquettes pour les professionnels circulent déjà et la campagne d’affichage de prévention ne devrait pas tarder.