« Buddha Blue », 3-MMC… Près de 900 nouvelles drogues de synthèse identifiées

drogue La cellule investigation de Radio France - France Info livre une vaste enquête sur le business grandissant des NPS, nouveaux produits de synthèse

M.P.
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La chimie de synthèse a multiplié les formes d'amphétamine et facilité l'accès à cette drogue
La chimie de synthèse a multiplié les formes d'amphétamine et facilité l'accès à cette drogue — Couperfield / Shutterstock (via The Conversation)

Parmi les 10.000 échantillons de poudres, de végétaux, de cristaux mais aussi de liquides saisis par les douanes et testés chaque année, 10 à 20 % en moyenne appartiennent désormais à la catégorie des nouveaux produits de synthèse, les NPS. Ces chiffres sont tirés de la longue enquête de nos confrères de France Info sur le marché des nouvelles drogues de synthèse.

« Si les NPS restent moins consommées que le cannabis et la cocaïne en France selon les données de l’OFDT, ils sont clairement en train de se faire une place sur le marché de la drogue », avancent les journalistes.

Des ateliers de fabrication en Europe

A la différence des drogues dites classiques (cocaïne, héroïne, etc.) fabriqués à partir de plantes de coca ou de pavot, ces NPS sont issus de produits chimiques, tels que des dérivés du pétrole (benzène, kérozène, etc.) ou des acides et de l’acétone. La provenance de ces nouvelles drogues évolue également. « Il y a des ateliers de fabrication en Chine, mais désormais aussi sur le continent européen (principalement en Pologne et aux Pays-Bas) », explique à France Info Rita Jorge, analyste scientifique à l’OEDT.

Selon le rapport de l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT), une cinquantaine de NPS apparaissent sur le marché européen chaque année, soit près d’une par semaine. Il y en a aujourd’hui près de 900 identifiées. Parmi elles, Buddha Blue, Pète ton crâne et la fameuse 3-MMC, trois fois moins chère que la cocaïne.

« Contourner les législations »

Et ces drogues ont causé 15 morts en 2020, selon les chiffres de l’enquête dénommée Drames, consacrée aux décès liés à des consommations abusives de psychotropes. Elles échappent également aux tests de stupéfiants effectués lors des contrôles routiers ou, autres caractéristiques, permettent de « contourner les législations », explique France Info. « Les nouveaux produits de synthèse ont été spécifiquement créés pour cela », affirme Pierre Chappard à nos confrères.

Selon le président de l’association Psychoactif, toute nouvelle molécule non répertoriée dans la nomenclature des stupéfiants ou des psychotropes par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) « tombe dans un vide juridique qui rend toute poursuite inopérante ».

L’association de prévention Play Safe a créé un faux site de commande de NPS en avril 2021. Il a depuis enregistré au moins 20.000 commandes et aurait pu potentiellement réaliser un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros en un an.