Nice : Son sigle #ILoveNice passe mal, une association de défense de la langue française attaque la ville en justice
POLEMIQUE L’Observatoire des libertés a lancé dix procédures pénales contre dix municipalités, dont Nice, en invoquant la loi Toubon. Elle demande notamment de changer le signe « #ILoveNice » qui s’affiche face à la promenade des Anglais
- Une association vient d’attaquer en justice la ville de Nice, et 9 autres communes, pour ne pas avoir respecté la loi Toubon.
- Cette dernière, qui date de 1994, exige que « toute inscription ou annonce apposée ou faite sur la voie publique, dans un lieu ouvert au public ou dans un moyen de transport en commun et destinée à l’information du public doit être formulée en langue française ».
- La structure « I Love Nice » avait été érigée en hommage aux victimes de l’attentat du 14-Juillet. Le maire Christian Estrosi a alors qualifié « d’ignoble » cette association et sa « provocation » en « plein procès à Paris ».
« I Love Nice ». C’est la réponse de Christian Estrosi à « l’ignoble Observatoire des libertés », cette association de défense de la langue française qui a lancé 10 actions en justice contre autant de municipalités, dont Nice, pour leur utilisation de mots en anglais qui ne respecte pas la loi Toubon. Le hashtag installé sur le quai Rauba Capeu, devenu une marque et une référence avec plus de 682.000 mentions sur les réseaux, est visé mais ce n’est pas le seul.
« On n’attaque pas la structure en tant que telle mais toute la communication de la ville », précise Louis Maisonneuve, président de l’association et engagé « depuis de nombreuses années dans ce combat ». Il estime néanmoins que « cette statue » devrait devenir « J’aime Nice », être « traduite en d’autres langues » ou tout simplement « être enlevée » pour « respecter l’identité française ».
Un symbole fort pour les proches des victimes du 14-Juillet
Mais la colère du maire de Nice, qui qualifie cette procédure de « provocation », s’explique notamment par le moment choisi. « Nous sommes en plein procès de l’attentat à Paris », rappelle-t-il. Cette structure a été érigée en hommage aux victimes, deux mois et demi après l’attaque du 14-Juillet qui a fait 86 morts et des centaines de victimes. « Elle a tout son sens à cet endroit et avec cette langue », affirme Gilles Povigna, qui avait participé à sa fabrication avec France Festivités.
« La ville voulait un message porteur, fort et compréhensible dans le monde entier, développe-t-il. L’emplacement donne sur la promenade des Anglais, la baie des Anges, où le terroriste est passé avec son camion. » Le Niçois, de la 4e génération de carnavaliers, ajoute : « On a simplement répondu à la demande de la mairie à ce moment-là. Et en tant que Niçois, ça nous a touchés, ça avait du sens. J’aurais aimé le faire pour une autre occasion. »
Il souligne qu’à l’origine, ce n’est pas « un objet de publicité pour faire connaître Nice d’une manière internationale » ou « pour les touristes ». Il dit ne pas « vraiment avoir d’opinion sur la polémique » mais précise tout de même : « Avant de vouloir faire la révolution sur un mot, il faut se renseigner parce qu’il y a des symboles forts pour certaines personnes et celui du hashtag résonne pour beaucoup, notamment pour celles et ceux qui ont perdu un proche ce jour-là. »
La Fête des lumières de Lyon et des musées de Saint-Tropez
Mais le président de l’Observatoire des libertés, qui assure ne pas s’attaquer aux victimes de l’attentat de Nice, notamment parce qu’il avait prévenu la ville il y a un an, ira jusqu’au bout pour faire respecter les articles 3 et 4 de la loi Toubon, qui date de 1994.
Parmi les autres municipalités visées, Lyon pour sa communication sur la Fête des lumières, uniquement en « anglais américain » mais aussi deux musées de Saint-Tropez. De son côté, la ville de Roubaix vient d’enlever l’inscription en anglais de son vélodrome. Louis Maisonneuve annonce qu’une « quinzaine de procédures similaires » supplémentaires sera déposée en 2023.