Haute-Marne : Comment un transport à la demande a « redonné vie aux territoires ruraux »

Mobilités Un véhicule qui vous emmène chez le médecin ou au supermarché contre un tarif très avantageux, c’est le service de transport à la demande qu’a mis en place le pays de Langres, en Haute-Marne

Thibaut Gagnepain
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Un élu le reconnaît, ce sont surtout des personnes âgées qui utilisent Linggo.
Un élu le reconnaît, ce sont surtout des personnes âgées qui utilisent Linggo. — Pays de Langres
  • Sylvie Baudot, maire de Cohons, sera seule sur la scène du théâtre de la Madeleine face à 600 personnes, ce mardi. L’édile de cette commune de la Haute-Marne près de Langres a été choisie par la Fédération française des trucs qui marchent pour parler de Linggo.
  • La FFTM met en avant des initiatives locales peu ou pas connues, qui ont fait leur preuve et sont duplicables dans d’autes communes. Le service de transport à la demande mis en place dans le Pays de Langres en fait partie.
  • Efficace depuis plus d’une décennie, il vient même d’être enrichi pour ses 47.000 habitants. Comment fonctionne-t-il ? Est-ce plus avantageux qu’un système de lignes régulières de bus ? 20 Minutes vous explique tout ça.

« Bonjour, c’est pour réserver mercredi. Je voudrais aller au point santé à Saint-Geosmes. J’habite à Montigny-le-Roi, place de Verdun. Pouvez-vous venir me chercher ? » Voilà le type d’appel que peut recevoir Linggo, le service de transport à la demande du pays de Langres.

La troisième ville de Haute-Marne l’a mis en place « il y a treize ou quatorze ans, je ne sais plus », s’amuse Sylvie Baudot, troisième vice-présidente d’un Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) qui compte 47.000 habitants. Le tout réparti dans… 168 communes sur 2.276 m². Bienvenue en territoire rural où des villages peinent parfois à atteindre la vingtaine d’âmes. Et où il faut parfois parcourir des kilomètres pour voir un médecin ou faire ses courses.



Dans ces conditions, l’isolement peut vite être ressenti. A moins, peut-être, d’une mobilité facilitée ? C’est là l’essence même de Linggo. « On n’a pas inventé l’eau chaude, on s’est juste inspiré de ce qu’on avait vu ailleurs, à Baume-les-Dames [Doubs] à l’époque. Alors qu’on avait des lignes régulières de bus qui nous coûtaient fort cher pour rouler souvent à vide », reprend l’élue, également maire de Cohons.

Le principe de ce service de transport à la demande est assez simple et a été repéré par la Fédération française des trucs qui marchent*. Les utilisateurs doivent d’abord réserver la veille avant midi, soit par téléphone ou via Internet. Puis, en fonction des besoins, des véhicules « légers, de 5 à 9 places, qu’on réserve auprès de sociétés privées » sont affrétés. Pas pour aller n’importe où et n’importe quand. Ce ne sont pas des taxis ! Les chauffeurs vont certes chercher les clients chez eux mais les déposent ensuite à des points d’intérêts identifiés à des jours précis : l’hôpital ou la zone commerciale les mercredi et samedi après-midi ainsi que le jeudi et le vendredi matin, le marché de Chalindrey le jeudi matin, la gare de Culmont-Chalindrey tous les jours, etc.

Des tarifs très avantageux

« Depuis le 1er septembre, nous avons même ajouté les bourgs-centres dans les destinations possibles, ajoute Sylvie Baudot. Par exemple, les habitants qui habitent dans des petites communes alentours peuvent se rendre dans leur chef-lieu, comme à Bourbonne-les-Bains, Montigny, Longeot et ailleurs. » A chaque fois pour un tarif très avantageux : 2,50 euros le voyage dans ce cas, 4 euros au maximum. Pour tous, sans critères de revenus.

« Dans notre commune, entre sept et dix personnes utilisent Linggo, témoigne Bernard Frison, l’édile de Champsevraine (770 habitants répartis entre Corgirnon et Bussières-lès-Belmont). Il ne faut pas se mentir, ce sont surtout des personnes âgées, seules, notamment des dames. » A en croire sa consœur de Cohons, le système serait aussi utilisé par « des familles car avoir une deuxième voiture est compliqué financièrement, et des adolescents qui y voient une possibilité de liberté. »

« On envoie un véhicule là où il y a des besoins »

Sylvie Baudot l’assure : les minibus voyagent « très rarement » avec une seule personne à leur bord. De quoi faire de Linggo un outil rentable ? Loin de là, service public oblige, mais pas si déficitaire. « Je ne peux pas donner de chiffre mais les lignes régulières nous mettaient bien plus dans le rouge. Là, la billetterie permet de financer 10 % du budget, les trois communautés de communes en apportent 40 % et le reste provient de la région Grand-Est. »

Un coût, certes, mais avec de vrais avantages pour ses utilisateurs. « Les gens n’attendent plus sous un abribus, on va les chercher chez eux et on envoie un véhicule là où il y a des besoins. Beaucoup nous disent "heureusement que vous êtes là" et des liens se créent parfois à l’intérieur », assure encore la troisième vice-présidente du PETR du Pays de Langres. « Ça redonne vie aux territoires ruraux ce genre de services », conclut Bernard Frison.

* La Fédération française des trucs qui marchent fait sa soirée de lancement ce mardi au théâtre de la Madeleine avec six maires sur scène pour expliquer leur initiative et convaincre d'autres élus de la mettre en place dans leur collectivité.

20 secondes de contexte

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